Toute une vie dédiée aux estampes de Dông Hô

Nguyên Huu Sam est l’un des derniers maîtres de la fabrication des estampes populaires de Dông Hô. L’octogénaire souhaite transmettre son savoir-faire et préserver à tout prix cet artisanat en passe de disparaître.

L’artisan Nguyên Huu Sam crée de nouveaux modèles.

Les estampes populaires de Dông Hô, apparues au Vietnam il y a des siècles, sont fabriquées dans le village homonyme de la province de Bac Ninh, à 30 km de Hanoi. Elles sont célèbres pour leurs couleurs vives et leur beauté unique.

Mais actuellement, ce métier artisanal connaît une crise profonde. Plus personne n’affiche d’estampes dans sa maison, alors que c’était la règle autrefois, notamment lors du Têt. L’artisan Nguyên Huu Sam est l’un des derniers vieux maîtres à vivre entièrement de cet artisanat. «Toute ma vie est attaché à ce métier. Je m’efforce de le préserver», confie-t-il.

Soixante-quinze ans de métier

M. Sam a 82 ans et 75 ans de métier. «À l’âge de sept ans, je pouvais déjà graver des motifs complexes sur les planches de bois».

Les années 1940 ont été la «période d’or» du village. À l’approche du Têt, les ateliers du village mettaient les bouchées doubles mais cela ne suffisaient pas pour répondre à la demande. «Autrefois, pendant le Têt traditionnel, les gens du Centre et du Nord, pauvres ou riches, avaient l’habitude de décorer leur intérieur d’estampes de Dông Hô. Et l’on venait de loin pour en acheter», poursuit-il, nostalgique.

S’amuser avec les poissons, une des peintures de Dông Hô la plus réputée, fabriquée par l’artisan Nguyên Huu Sam.

La tradition de décorer la maison avec des peintures de Dông Hô s’est perdue peu à peu, nul ne sait vraiment pourquoi. Le cœur serré, M. Sam a vu ses co-villagois abandonner les uns après les autres.

Fidèle au métier

Alors que ses voisins se tournaient vers la fabrication de papiers votifs, M. Sam et ses deux fils ont décidé de continuer. Ils ont investi dans des ateliers pour professionnaliser la fabrication tout en s’occupant bien des commandes, notamment de celles des touristes qui composent une grande partie de la clientèle. Après des années difficiles, sa famille vit maintenant relativement bien de ce métier. L’atelier de M. Sam est devenu une destination très fréquentée par les touristes nationaux et étrangers.

M. Sam a une collection de plus de 600 vieux modèles de planches de bois. Il a créé de nouveaux modèles et beaucoup d’entre eux sont très appréciés des touristes étrangers.

«Beaucoup de touristes, lors de leur visite de mon atelier, m’ont demandé de leur vendre ces vielles planches de bois mais j’ai toujours refusé», affirme-t-il.

M. Sam organise aussi des cours pour transmettre son savoir-faire aux jeunes et à ses petits-enfants.

Transmission de son savoir-faire à sa petite-fille

Récemment, il s’est vu attribuer le titre d’«Artisan du peuple». Mais pour cet octogénaire, le plus important maintenant est de préserver à tout prix ce métier. «Il nourrit ma famille depuis nombreuses générations. Le préserver est la mission que je me suis assignée», déclare-t-il.

L’idéal serait que ces estampes reconquièrent le cœur des Vietnamiens. Même problématique pour certains arts populaires comme le chèo (théâtre classique) ou le tuông (théâtre rénové) qui souffrent aussi d’une réelle désaffection du public. Les goûts évoluent avec le temps, ainsi va la vie...


Comment fabriquer les estampes


Pour fabriquer les estampes populaires de Dông Hô, les artisans utilisent de nombreuses planches de bois gravées, dont chacune sera recouverte d’une couleur différente. Ces planches ont été gravées au ciseau dans des essences différentes selon le résultat recherché.
Les couleurs sont d'origine naturelle : sève de sumac, obier ou hibiscus pour le rouge, vert de gris, aiguilles de pin et coquilles d'huîtres écrasées pour le vert, cendres de paille de riz et de feuilles de bambous brûlées pour le noir, pousses de sophora pour le jaune, nacre moulue pour le blanc. Le matériel est tout aussi simple : pinceaux de jeunes aiguilles de pin, rondelles de noix de coco dont on frotte les planches, feuilles de luffa pour essuyer le dos du papier, minces copeaux de bambous qui n'absorbent pas l'humidité et dont on entoure la planche quand la peinture est fraîche. Ces estampes représentent des scènes de la vie à la campagne, des jeux traditionnels... Elles dénoncent parfois aussi les travers de la société féodale d’autrefois. Parmi les plus célèbres figurent La cueillette des noix de coco, Le mariage des souris, La procession du tambour, Le jeune pâtre et ses buffles, Le troupeau de porcs...

Linh Thao/CVN

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