Trân Van Khoa. |
Trân Van Khoa est né d’un petit village de pêche à Hôi An, ville touristique de la province de Quang Nam (Centre). Frais émoulu de l’Université des langues étrangères de Dà Nang en 2003, il décide de revenir dans sa ville natale pour travailler comme guide touristique. Un jour, alors qu’il conduit un groupe de touristes à Hôi An, l’un d’eux lui demande de l’emmener voir un village de pêcheurs et de participer à leurs travaux. Khoa s’aperçoit alors que les touristes désirent parfois autres choses que les sempiternelles visites de pagodes, temples ou boutiques de souvenir. Ce qui les intéresse avant tout, c’est de l’authentique, la rencontre avec les gens, la découverte de l’autre. Doté d’un sens inné du commerce, il sent qu’il y a là un intéressant filon à exploiter.
En 2005, Khoa met œuvre son projet. Il emprunte de l’argent à des amis et crée la sarl Khoa Trân Hôi An. Après quelques années difficiles, ses circuits, baptisés Hôi An Éco-tour, commencent à attirer des clients, en majorité étrangers.
Sa sarl basée à Hôi An prend en charge chaque année 200-300 touristes. Rien que le circuit «Dans la peau des pêcheurs sur un thuyền thúng» (petite embarcation ronde en bambou tressé) a enregistré des milliers d’inscription. Sa compagnie dégage chaque année grosso modo un milliard de dôngs de chiffre d’affaires et permet à une soixantaine de familles - celles accueillant les touristes - d’augmenter leurs revenus.
À la fois boss, guide et employé à tout faire
Une journée de Trân Van Khoa commence à 06h00 du matin et prend fin à 18-19h00. À peine debout, le jeune chef d’entreprise vérifie ses emails puis examine la météo du jour, avant de programmer l’agenda de la journée. Ensuite, il contacte les hôtels puis va chercher lui-même les touristes inscrits à ses circuits.
Khoa (Centre) et la présidente finlandaise Tarja Halonen (droite) qui apprend à conduire le thuyền thúng des pêcheurs, à Hôi An en 2008. |
La journée, ce robuste jeune homme de 34 ans n’est pas dans son bureau comme un patron «normal» mais les pieds nus dans les rizières ou les potagers. Un jour dans un champ pour apprendre aux touristes, avec les paysans locaux bien sûr, à récolter le riz mûr ou piquer le riz jeune... Le lendemain en mer dans un thuyền thúng, enseignant à ses clients hilares à diriger la frêle embarcation et à pêcher au filet.
«En créant ma compagnie, j’ai choisi dès le début le tourisme qui privilégie le contact avec les habitants locaux. Les clients sont de plus en plus nombreux et, heureusement, mon choix est en accord avec les politiques des autorités locales qui veulent développer le tourisme vert», confie-t-il.
Bien que parlant couramment anglais, Khoa réserve chaque jour un peu de son temps pour apprendre le français et l’espagnol afin de pouvoir communiquer avec les ressortissants de ces deux pays, peu à l’aise dans la langue de Shakespeare. «S’ils ne parlent pas anglais et si je ne sais pas communiquer dans leur langue, alors tout dialogue est impossible !», explique-t-il.
Une hôte de marque
En 2008, la présidente finlandaise Tarja Halonen, en visite au Vietnam, est venue à Hôi An où elle a participé à un circuit Hôi An Éco-tour. Elle a été ravie : «Cette virée a été pour moi est une excellente expérience, une façon originale de connaître le Vietnam de l’intérieur».
En janvier dernier, Brett Daniel Allen (45 ans, Australien), a confié avoir passé une journée formidable : «C'était génial d’accompagner les agriculteurs vietnamiens, bien sympas et très travailleurs», a-t-il dit.
Les touristes étrangers dans la peau des paysans à Hôi An. |
Emballés aussi, Liz et Robert Taylor, un couple australien : «Vraiment super ! Khoa nous a emmené au village de Trà Quê. Là bas, nous avons bêché, fumé la terre, cultivé et arrosé les plantes comme de vrais maraîchers ! Puis nous sommes allés en mer avec des pêcheurs». Et sans oublier quelques compliments pour Khoa : «Nous avons été guidés par Khoa. Que ce soit la pêche ou les travaux champêtres, il nous a donné des renseignements très détaillés et a été un merveilleux compagnon. Longue vie à sa compagnie !».
Linh Thao/CVN