La maison de Nguyên Van Ung, située au 178, rue Trân Vu à Hanoi, est un véritable petit musée avec de nombreux objets en cuivre. C’est aussi un lieu de rencontre, où passent ses enfants, ses amis, mais aussi celles et ceux intéressés par l’art de la fonderie. Ses clients sont tantôt des habitués, tantôt des étrangers.
Né dans la famille de fondeurs la plus expérimentée du village, Nguyên Van Ung, dès petit, a appris de son père ce métier traditionnel. Dans l’atelier familial, ce dernier lui a transmis de manière soigneuse et minutieuse toutes les étapes de la production. De la sélection des terres pour le moulage, à la classification des matières premières de cuivre, en passant par les techniques de gravure des motifs ornementaux sur le produit fini. L’artisan ne saurait dire à quand remonte sa passion.
L’artisan Nguyên Van Ung dans sa maison, considérée comme un petit musée. |
Un métier difficile à préserver
Mais la société a évolué et comme chacun sait, bon nombre de métiers traditionnels risquent de disparaître face au développement de productions plus lucratives. Le village de Ngu Xa a subit le même sort. Beaucoup de foyers, y compris la famille de M. Ung, ont dû recourir à la fonte d’ustensiles ménagers en aluminium pour se nourrir, laissant de côté le cuivre.
Mais M. Ung a décidé ces dernières années de s’investir pleinement pour la survie de son métier. Il a étudié des modèles inédits et de nouvelles techniques pour satisfaire à la demande du marché, et il a réalisé de nombreux objets très créatifs et très prisés par les clients. L’artisan a par ailleurs élargi son atelier et recruté des travailleurs locaux. Son travail a été payant. M. Ung a déjà reçu des commandes de plusieurs milliards de dôngs.
Selon lui, ce métier est difficile. Il exige technicité et expérience. Les diverses étapes de production doivent être observées rigoureusement. Outre son intelligence, son esprit d’initiative et son habileté, Nguyên Van Ung garde comme un trésor ses secrets de fabrication et les savoir-faire transmis par ses ancêtres. Des atouts précieux, notamment pour la fonderie des statues d’hommes et de cloches, deux points forts de son village : «Pour les statues de l’homme, le plus difficile pour l’artisan est de leur donner des caractères personnelles», commente-t-il.
Pour la cloche, le travail le plus difficile est le moule. «Pour couler une cloche, il faut seulement une demi-journée. Mais créer le moule prend cinq mois», précise-t-il. Cette complexité n’est pas un obstacle pour le septuagénaire qui parle avec enthousiasme et passion de son métier, des étoiles plein les yeux. Et pour réussir ses oeuvres, M. Ung a d’autres tours dans son sac. Par exemple, il étudie souvent les livres et documents d’archives pour mieux comprendre les personnages historiques qu’il va représenter.
L’artisan Nguyên Van Ung présentant un de ses produits. |
Transmission d’un savoir-faire
Nguyên Van Ung est l’un des rares artisans expérimentés encore vivant de son village. Fier de la fonderie, un métier traditionnel nécessaire, le vieil homme souhaite transmettre son savoir-faire aux jeunes générations. À l’heure actuelle, son atelier compte de nombreux apprentis, parmi lesquels une vingtaine de ses petits-enfants qui comptent bien contribuer à la conservation et au développement de ce patrimoine local. Ses deux fils suivent aussi le métier avec brio. Ils peuvent tout à fait assumer la fonderie de statues géantes, qui exigent une grande habileté, selon M. Ung.
Ces dernières années, la maison du 178, rue Trân Vu, accueille chaque jour beaucoup de touristes, notamment des étrangers. Ils peuvent le rencontrer, découvrir avec lui l’art de la fonderie du cuivre, et se rendre à la boutique de souvenirs. Le Parti et l’État vietnamien ont félicité M. Ung pour son travail acharné. En 2003, il s’est vu attribuer l’attestation des techniques raffinées par le Japon.
L'atelier de production de M. Ung |
Texte et photos : Linh Thao/CVN