Neuf jours après sa déclaration de candidature à un second mandat, le président s'est dit décidé à atteindre ces objectifs d'économie "tout en protégeant la classe moyenne, nos engagements vis-à-vis des personnes âgées et nos investissements dans l'avenir", et a souhaité utiliser "un scalpel plutôt qu'une machette" pour tailler dans les dépenses.
Mais il a aussi prévenu que la lutte contre les déficits ne devrait négliger aucun secteur, même les programmes d'assurance-maladie publics ou les dépenses militaires, et s'est dit déterminé à faire payer davantage d'impôts aux plus aisés.
Le 5 avril, les républicains majoritaires à la Chambre des représentants ont présenté une pro- position de budget pour l'exercice 2012 qui prévoit des coupes drastiques, des réductions d'impôts pour les entreprises et les Américains les plus riches et la privatisation de programmes d'assurance-maladie.
Ce plan "dépeint une vision de notre avenir qui est profondément pessimiste", a dénoncé M. Obama.
Le président, qui avait accepté en décembre une prolongation temporaire des cadeaux fiscaux hérités de son prédécesseur républicain George W. Bush, a affirmé que "nous ne pouvons pas nous permettre des réductions d'impôt de 1.000 milliards de dollars pour chaque millionnaire et milliardaire dans notre pays. Et je refuse de les prolonger à nouveau".
Le discours de M. Obama est intervenu alors qu'un accord budgétaire avec les républicains au titre du solde de l'exercice 2011, adopté le 8 avril juste avant la concrétisation d'une fermeture de l'administration, n'a pas encore été formellement entériné au Congrès.
Le déficit budgétaire devrait atteindre environ 1.600 milliards de dollars cette année. La dette, nourrie en partie par le plan de relance de l'économie en 2009 mais aussi les guerres en Afghanistan et en Irak, s'établit déjà à plus de 14.000 milliards et va dépasser les 100% du PIB pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.
Selon des responsables américains, le plan du président ferait redescendre le déficit budgétaire à 2,5% du PIB en 2015 et environ 2% d'ici à la fin de la décennie.
M. Obama s'en est pris sans le nommer à M. Bush, président de 2001 à 2009, en notant que dans les années 2000, "nous avons augmenté les dépenses de façon spectaculaire pour (financer) deux guerres et un programme de remboursement de médicaments, mais nous n'avons pas payé ces nouvelles dépenses. Au lieu de cela, nous avons fait empirer le problème avec des réductions d'impôts".
Sans surprise, les républicains ont réagi avec hostilité au discours. Leur chef à la Chambre, John Boehner, a rejeté "tout plan qui commence par des hausses d'impôt destructrices d'emploi".
Pour le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, les hausses d'impôts sont inévitables. "Il n'y a aucun moyen crédible" de revenir à des finances publiques saines sans hausse de l'imposition, a-t-il dit sur la télévision PBS.
De son côté, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a prévenu que des coupes majeures dans le budget de la défense nécessiteraient de revoir à la baisse les interventions militaires américaines. "Le ministre a été clair, de nouvelles coupes budgétaires ne peuvent être menées sans réduire les capacités des forces militaires", a déclaré le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.
Démocrates et républicains doivent se mettre d'accord sur le relèvement du plafond de la dette d'ici au 16 mai, faute de quoi les États-Unis ne seront pas en mesure de payer leurs intérêts. Mais les républicains réclament de nouvelles coupes budgétaires en échange de ce vote.
AFP/VNA/CVN