Washington et Pékin ont affiché leur bonne entente économique

Les deux plus grandes puissances économiques de la planète, les États-Unis et la Chine, ont affiché le 10 mai à Washington leur bonne entente économique, évitant les confrontations sur le sujet qui fâche, leur taux de change.

Le troisième Dialogue stratégique et économique a abouti, sur le second volet, à un "Cadre global États-Unis/Chine de promotion d'une croissance et d'une coopération économiques solides, durables et équilibrées". Celui-ci réaffirme des engagements déjà pris au sein du groupe des pays riches et émergents du G20 : les États-Unis veulent vivre selon leurs moyens, afin d'emprunter moins à des pays comme la Chine, et celle-ci veut faire reposer davantage son économie sur sa demande intérieure, afin d'exporter moins vers des marchés comme l'Amérique. Mais la donne n'a pas changé sur le grand contentieux entre Washington et Pékin : la valeur du yuan.

La Chine avait décidé en juin de laisser sa monnaie s'apprécier face au dollar, après deux ans de surplace. Depuis, il a pris 5,2%, un rythme jugé largement satisfaisant par Pékin mais insuffisant par Washington.

Les 9 et 10 mai, la délégation chinoise et ses hôtes américains ont campé sur ces positions. D'où ce compromis dans leur déclaration commune : "Nos deux pays s'engagent à collaborer avec d'autres pays pour maintenir la stabilité de l'environnement monétaire international. Les États-Unis s'engagent à rester vigilants face à une volatilité excessive des taux de changes, et la Chine à continuer à accroître la souplesse du taux de change du renminbi" (le nom officiel du yuan). "Nous espérons que la Chine décidera de laisser le taux de change s'apprécier plus rapidement et plus largement vis-à-vis des monnaies de ses partenaires commerciaux", a affirmé le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, lors d'une conférence de presse le 10 mai. "Nous sommes convenus que dans l'environnement économique extrêmement complexe dans lequel nous sommes aujourd'hui, nos deux pays devaient renforcer encore la coordination et la communication en matière de politique macro-économique", a déclaré le vice-premier ministre Wang Qishan .

Les États-Unis ont obtenu que la Chine renouvelle sa promesse de mettre fin à la préférence nationale dans les marchés publics. Les Chinois repartent avec l'assurance du gouvernement américain qu'il continuera à soutenir les deux géants du refinancement du prêt immobilier Fannie Mae et Freddie Mac, dont la Chine est un créancier important. Mais la libéralisation de l'économie chinoise, forte de ses 1,34 milliard d'habitants et 9% à 10% de croissance annuelle, continuera manifestement au rythme décidé par Pékin. Et les remèdes que propose chaque pays au gigantesque déficit commercial des États-Unis avec la Chine (273 milliards de dollars en 2010) divergent.

Les Chinois demandent que les entreprises américaines puissent exporter plus librement leur technologie, ce que Washington n'est pas prêt à permettre, par peur de la contrefaçon. Les États-Unis souhaitent un marché chinois plus ouvert aux concurrents étrangers, que ce soit dans l'industrie ou la finance.

Régulièrement opposés devant les instances d'arbitrage de l'Organisation mondiale du Commerce, les deux pays se sont engagés à "résoudre les litiges commerciaux et relatifs aux investissements d'une manière constructive, coopérative et mutuellement bénéfique".

AFP/VNA/CVN

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