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Distribution de seringues jetables et de préservatifs à des personnes à haut risque dans la province de Yên Bai (Nord). |
Ces dernières années, le Vietnam a enregistré des progrès dans le combat mené contre le virus du sida. Cependant, les risques de voir une explosion de l’épidémie sont réels, puisqu’en raison de la diminution drastique des aides internationales, les malades devront prochainement eux-mêmes financer leur (coûteux) traitement. Aujourd’hui, il est à rappeler que ces derniers ont accès gratuitement aux médicaments antirétroviraux (ARV), fournis par des organisations internationales.
À l’Hôpital central des maladies tropicales de Hanoi, N.D.C, 38 ans, domicilié à Yên Phu (Hanoi), fait savoir qu’il a été contaminé par le virus il y a deux ans. Chaque mois, il se voit fournir à titre gracieux des médicaments antirétroviraux d’une valeur de 2 millions de dôngs ainsi que d’autres comprimés et gélules pour la prévention des malades opportunistes. Son système immunitaire étant déjà largement déficient, il est régulièrement hospitalisé.
N. M. T, 42 ans, est elle séropositive depuis plusieurs années. Elle est suivie par l’hôpital Dông Da, à Hanoi. «Grâce aux traitements antirétroviraux gratuits, je suis en bonne santé. Mais je m’inquiète à l’idée que soient coupées les aides internationales qui permettent d’appliquer le programme de traitements gratuits pour les porteurs du virus comme moi», confie-t-elle.
Un souci que plus de 200.000 porteurs du VIH devant être traités à vie ont en commun. Selon les chiffres du secteur de santé, 12.000 nouveaux cas sont dépistés au Vietnam chaque année et 2.000 personnes en succombent sur ce laps de temps.
Un trou de 17.000 milliards de dôngs
Une étude du Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida, relevant du ministère de la Santé, montre que les frais de traitement moyens d’un séropositif varient entre 4 à 5 millions de dôngs par an, et peuvent même atteindre 30 millions (1.500 dollars).
Conseils donnés à un porteur du VIH/sida à Hanoi. |
Le Professeur Nguyên Van Kinh, directeur de l’Hôpital central des maladies tropicales, affirme que cet établissement fournit des ARV à 1.800 malades par an et s’occupe du suivi médical de 700 autres. Les médicaments ARV du programme de prévention et de lutte contre le sida de l’hôpital sont pris en charge par les organisations étrangères. Les frais pour les examens sont payés par les malades et l’Assurance santé.
Dang Thuân Phong, directeur adjoint de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, informe que le crédit financé par les organisations étrangères réservé aux activités de prévention et de lutte contre le VIH/sida diminue continuellement, le Vietnam faisant désormais partie du groupe des pays à revenu moyen. De plus, le programme de prévention et de lutte contre le sida et la prostitution ne fera bientôt plus partie du programme dit de l’objectif national. En d’autres termes, d’importantes coupes budgétaires sont à prévoir.
Pour la période 2008-2012, le budget consacré à cette maladie a été de 7.170 milliards de dôngs (358 millions de dollars) dont 3.484 milliards de dôngs financés par des aides internationales, 853 milliards par le budget étatique, 1.081 par les localités, etc. Mais aujourd’hui, plusieurs programmes d’assistance mis en place par des organisations internationales sont arrivés à terme, comme le programme de prévention et de lutte financé par la Banque mondiale ou celui financé par les gouvernements australien et néerlandais.
Pour la période 2013-2020, il faudra 26.882 milliards de dôngs pour mener à bien ce combat, qui n’autorise aucun relâchement. Problème, seuls 9.952 milliards de dôngs - aides internationales, crédits du programme de l’objectif national de prévention et de lutte contre le VIH/sida, budget local, assurance santé et maladie - sont mobilisables, soit 37% du budget requis...
Prasada Rao, envoyé spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies sur la prévention et la lutte contre le VIH/sida en Asie-Pacifique, souligne que le Vietnam est le troisième des dix pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) les plus touchés par cette maladie. Plus inquiétant encore, le nombre de nouveaux cas dépistés augmente chaque année (12.000 en 2013) tandis que 80% de la manne financière constituée par les aides internationales seront coupés dans les années à venir. Un défi énorme.
Quelles solutions ?
Face à ce constat, le vice-ministre de la Santé, Nguyên Thanh Long, affirme que son ministère a demandé au gouvernement de prélever des fonds sur le budget étatique et l’assurance santé pour la lutte contre le VIH/sida pour combler le déficit lié à la suspension de la majeure partie des financements internationaux.
Parallèlement à cela, le secteur de la santé envisage de consolider, perfectionner le réseau de prévention et de lutte contre ce fléau, d’élargir les activités préventives comme l’octroi gratuit de seringues jetables, de préservatifs au groupe de personnes à haut risque. Il faut renforcer les investissements ciblés dans les régions les plus touchées.
Il apparaît également primordial de mobiliser les organisations, individus, entreprises dans et hors du pays, dans cette guerre sournoise. Les localités doivent élaborer leur plan financier.
Outre les parrains disponibles, il faut également démarcher les organisations de l’ASEAN et du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) pour obtenir nos nouvelles sources de financement. En effet, desserrer - ne serait-ce qu’un peu - l’étreinte sur ce virus et il en serait fini des espoirs de mettre définitivement au tapis en 2030 l’épidémie qui sévit dans notre pays.
Huong Linh/CVN