>>Un patrimoine est légitime quand il est utile à l’homme
Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a chargé l’Institut de musique (relevant de l’Académie nationale de musique) et le Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Binh Dinh (Centre) d’élaborer ce dossier, qui devra être achevé en décembre prochain.
Selon le compositeur Dang Hoành Loan, responsable du suivi de l’élaboration du dossier, le «+bài choi+ respire la vitalité de la vie et illustre la diversité culturelle et la créativité de la communauté».
Le +bài choi+ est une sorte de jeu de bingo vietnamien accompagné de musique traditionnelle. |
Le bài choi est une sorte de jeu de bingo vietnamien accompagné de chant et de musique traditionnelle, qui se pratique dans 11 villes et provinces du Centre que sont Quang Binh, Quang Tri, Thua Thiên-Huê, Dà Nang, Quang Nam, Quang Ngai, Binh Dinh, Phu Yên, Khanh Hoà, Ninh Thuân et Binh Thuân.
Ce jeu traditionnel a été reconnu par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, avec 18 autres arts traditionnels, us et coutumes, comme patrimoines culturels immatériels nationaux. «Parmi les arts populaires des pays d’Asie de l’Est et d’Asie du Sud-Est, le +bài choi+ se distingue par sa combinaison harmonieuse de poésie, de musique, d’interprétation et d’improvisation», constate le Docteur Nguyên Binh Dinh, directeur de l’Institut de la musique.
Un art qui pourrait remonter au XVe siècle
Il pourrait avoir été créé au XVe, XVIe ou XVIIe siècle. «Jusqu’à présent, aucun document précisant clairement la naissance du +bài choi+ n’a été trouvé », selon le Professeur Hoàng Chuong, directeur du Centre de préservation et de valorisation de la culture nationale. «Néanmoins, d’après ce que racontent les anciens, l’origine du +bài choi+ remonterait à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe».
Le compositeur La Nhiên pense que le bài choi est né plus tôt, au XVe siècle. Il s’appuie pour cela sur un ouvrage de G.L Bouvier, musicologue français venu au Vietnam au début du XXe siècle pour étudier la musique vietnamienne. Dans son Larousse musical publié en 1928, au chapitre «Chansons populaires de l’Annam», G.L Bouvier parle de l’origine du bài choi qui selon lui, est né dans les années 1470.
Les cartes utilisées durant ce «jeu chanté». |
D’après les pratiquants, le bài choi, à son origine, se composait d’airs que s’échangeaient les jeunes chargés de la garde des cultures la nuit, installés dans des cabanes sur pilotis. Ils les accompagnaient de plaquettes de bambous portant différentes images.
Au fil du temps, ce «jeu chanté» a quitté le cercle restreint de ces gardiens des cultures pour rentrer dans la vie quotidienne. Il est toujours joué en plein air, principalement lors des fêtes printanières ou fêtes traditionnelles. L’espace de jeu comprend en général huit cabanons installés sur deux lignes parallèles et une cabane centrale.
«Un jeu chanté» distingué
Au début du spectacle, le meneur de jeu - un fin connaisseur en littérature et poésie - distribue aux joueurs trois plaquettes de bambou sur lesquelles figurent des images d’hommes, d’objet ou d’animaux. Chacune correspond à un chant particulier. Le meneur de jeu entonne un chant, inspiré de poèmes ou de chansons populaires.
Il suffit alors au joueur de tendre l’oreille et de donner un coup de cloche de bois si le chant qu’il entend correspond à l’image de sa plaquette. Si l’air est le bon, le meneur lui donne un drapeau jaune. Le chant reprend et le gagnant est celui qui obtient le plus de drapeaux. Ce jeu, très drôle, simple et dynamique, passionne tout l’auditoire.
Les airs interprétés prônent le patriotisme, les liens filiaux, les valeurs, et critiquent les fléaux sociaux, les mœurs et coutumes arriérés. Souvent, l’improvisation est de mise.
Actuellement, il n’existe des troupes d’artistes professionnels de bài choi que dans quelques provinces du Centre comme Quang Nam, Binh Dinh et Khanh Hoà.
LINH THAO/CVN