L’appel à l’aide des H’Mông à Thai Nguyên

Dans la province de Thai Nguyên (Nord), les H’Mông répartis dans 18 communes sont encore sous l’emprise de l’extrême pauvreté, le développement n’ayant pas encore frappé à leur porte. Les autorités tentent d’y remédier, sans grand bouleversement pour le moment.

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Les conditions de vie difficiles n’empêchent pas les familles des H’Mông à Thai Nguyên de faire cinq à six enfants, même dix parfois.

Thuong Nùng est l’une des communes montagneuses les plus hautes et les plus pauvres du district de Vo Nhai, province de Thai Nguyên. Elle compte sept hameaux, dont trois peuplés par 910 habitants, tous de l’ethnie H’Mông.

«Le hameau de Lung Hoài, commune de Thuong Nung, abrite 33 familles H’Mông. Trois seulement vivent au niveau du seuil de pauvreté, les 30 restantes vivent en dessous», déplore Ly Van Sinh, chef du hameau de Lung Hoài. Selon lui, les habitants H’Mông, qui sont originaires du district de Quang Hà, province de Cao Bang (Nord), se sont installés ici en 1993.

Un manque de tout

«À notre arrivée, nous n’avions pas de terres cultivables. Nous avons été obligés de défricher ou d’acheter des terres appartenant à des habitants locaux. En 2012, grâce aux investissements du programme 135 (développement socioéconomique des communes particulièrement en difficulté, ndlr), ce chemin a été bétonné et agrandi. Pourtant, en raison du manque de terres cultivables et du nombre élevé d’enfants par foyer, les conditions de vie restent difficiles», raconte Ly Van Sinh. Et d’ajouter: «Je suis le chef de ce hameau depuis dix ans. Grâce aux efforts de mon foyer dans l’élevage et la culture, ma famille n’avait jamais figuré dans la liste des foyers pauvres du hameau. Malheureusement, l’année dernière, un incendie a brûlé nos deux tonnes de maïs. Sans aucune ressource, nous en faisons désormais partie...».

Les conditions de vie difficiles, comme souvent, n’empêchent pas les familles du hameau de Lung Hoài de faire en moyenne cinq à six enfants, même dix parfois. Les habitants vivent essentiellement de la culture du maïs et maraîchère. Ici, quatre familles ne disposent d’aucune ressource durant la période de transition entre deux moissons, à l’instar de celle de Ly Van Sinh B. Avec huit bouches à nourrir, la période de vache maigre dure trois à quatre mois. Même si cette communauté est soudée, cela reste de loin insuffisant : «Cela fait plusieurs années que nous n’avons pas reçu de vêtements neufs pour nos enfants. Leurs chaussures sont également abîmées», se plaint-il.

Bonnet d’âne à l’éducation

Idem pour la famille de Hoàng Van Kiêu, né en 1974. Alors qu’elle est la mieux lotie en terres cultivables du hameau, la pauvreté ne l’a jamais quittée depuis sa sédentarisation. La raison : 10 enfants, et 1,5 tonne de maïs chaque année à se partager...

En raison des conditions climatiques et pédologiques difficiles, le développement socioéconomique de la région est en proie à de nombreuses de difficultés.
Photo : Dang Hiên/CVN

«En dehors de la culture du maïs et du riz, les autorités locales ont encouragé les habitants à exploiter les ressources disponibles pour planter à titre expérimental des plantes médicinales afin d’améliorer leurs conditions de vie. Pourtant, en raison des conditions climatiques et pédologiques difficiles et du faible niveau de connaissances des habitants, le développement socioéconomique de la région est en proie à de nombreuses difficultés», fait savoir Ma Khanh Tuyên, président du Comité populaire de la commune de Thuong Nùng.

La commune de Thuong Nung compte sept hameaux, dont trois habités par des H’Mông. Ces derniers disposent tous de salles de classe allant de l’enseignement maternel à celui du primaire. Pourtant, seule une petite poignée d’élèves sont allés au bout du cursus.

Selon Ly Van Sinh, malgré les encouragements des autorités locales, le nombre d’élèves fréquentant les bancs de l’école reste limité. L’année dernière, le hameau comptait 15 élèves inscrits au collège et trois au lycée. Pire, plusieurs élèves en 5e classe (équivalent CM2 dans le système français) ne savent ni lire ni écrire. Une situation qui s’explique tant par la pauvreté que par le faible niveau des enseignants qui ne parlent pas H’Mông, ce qui n’aide pas dans l’exercice d’un métier qui consiste à transmettre le savoir...

Autre handicap, les trois hameaux en question n’ont toujours pas accès à l’électricité : «Notre plus grand rêve est que nous soyons raccordés au réseau électrique, ce qui permettrait aux enfants de mieux apprendre le vietnamien», dit M. Sinh.

Situation similaire dans le hameau de Lung Luông, lequel abrite 117 foyers, soit 561 âmes. Seules dix familles ont envoyé leurs enfants suivre des études au collège de la commune, et trois au lycée. Les autres enfants abandonnent l’école après avoir terminé le programme d’enseignement du primaire pour aider leurs parents dans les travaux champêtres.

La province de Thai Nguyên compte 26 hameaux démunis peuplés de H’Mông. Ils regroupent 2.189 foyers (10.067 habitants) dont 55% vivent sous le seuil de pauvreté. Ces hameaux sont, sans exception, isolés des villes, et 15 seulement sont électrifiés. Sans parler des ouvrages d’utilité publique, largement insuffisants. Il est grand temps de s’intéresser au sort de ces personnes pour qu’elles puissent enfin avoir une vraie possibilité de sortir du cercle vicieux de la pauvreté.

Huong Linh/CVN

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