Vers un retour à la normale dans le ciel espagnol

Les contrôleurs du ciel espagnols ont repris le travail le 4 décembre après 24 heures d'une grève sauvage qui a paralysé le trafic aérien et conduit le gouvernement à déclarer l'état d'alerte, une mesure sans précédent en 35 ans de démocratie.

L'espace aérien fermé depuis la veille a rouvert le 4 décembre, sous le contrôle de l'armée, et de premiers avions ont décollé ou atterri des aéroports espagnols, dont Madrid et Barcelone.

Le trafic cependant ne reprenait que progressivement, les grandes compagnies, dont Iberia, ayant annulé leurs vols en principe jusqu'au 5 décembre.

Le retour à la normale devrait prendre "48 heures", a déclaré dans la soirée le ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba, en précisant que "pendant 15 jours, les contrôleurs seraient soumis au code pénal militaire".

Cette grève surprise a bloqué à partir du 3 décembre 300.000 passagers dans les aéroports, au pire moment pour les Espagnols qui se préparaient à partir pour un pont de cinq jours, le plus long de l'année.

Face à ce coup de force, le gouvernement, pris de vitesse, a opté pour la fermeté, en dénonçant un "chantage" et décidant de confier à l'armée la gestion du contrôle aérien, comme le permet la loi.

Il a décrété le 4 décembre l'état d'alerte, une mesure inédite depuis la mort du général Franco en 1975 et le retour à la démocratie, qui permet de mobiliser les contrôleurs et rend les grévistes passibles de poursuites pour sédition.

Peu près cette annonce, les contrôleurs ont commencé à retourner travailler et le 4 décembre, 90% d'entre eux avaient regagné leur poste, a indiqué M. Rubalcaba.

Le gouvernement socialiste, déjà malmené dans l'opinion pour sa politique d'austérité, s'est trouvé avec cette grève brutalement confronté à un conflit social majeur au moment où, sous la pression des marchés, il vient d'annoncer une nouvelle série de mesures de lutte contre la crise.

M. Rubalcaba a dénoncé le 4 décembre l'attitude des contrôleurs aériens qui défendent, a-t-il dit, "des privilèges intolérables".

Il a promis que le gouvernement appliquerait la loi "avec fermeté" et qu'il n'y aurait "pas d'autres problèmes dans les aéroports, ni à Noël, ni après", alors qu'une grève des pilotes de ligne est annoncée pour cette période.

Il a aussi assuré que des procédures judiciaires seraient ouvertes "contre tous les contrôleurs qui ont abandonné leur poste sans justification".

Les contrôleurs ont quitté leurs postes de travail vendredi soir pour protester contre une mesure qui plafonne à 1.670 heures par an, soit 32 heures par semaine, leur temps de travail, hors heures supplémentaires.

Cette mesure faisait partie du dispositif de privatisation partielle d'Aena, à hauteur de 49%, adopté quelques heures plus tôt par le Conseil des ministres. Mais le gouvernement tente en fait depuis des mois de réduire les avantages dont bénéficient les contrôleurs aériens, par le biais notamment d'un système d'heures supplémentaires très avantageux, et avait ramené en février leur salaire de 350.000 euros par an en moyenne à 200.000 euros.

Selon le ministère des Transports, 135 des 2.300 contrôleurs espagnols gagnent plus de 600.000 euros par an et 713 entre 360.000 et 540.000 euros, sensiblement plus que leurs collègues européens.

AFP/VNA/CVN

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