Le guitariste Van Vuong a reçu en août dernier le «Grand Prix pour l’amour de Hanoi», un prix annuel du journal Thê thao & Van hoa (Sports et Culture) réservé aux collectifs et individuels ayant contribué au développement des arts et de la culture à Hanoi. Au moment de monter sur le podium, il n’a pas pu cacher son émotion. «Je suis très attaché à Hanoi que je considère comme mon deuxième pays natal, a indiqué l’artiste. J’y vis, j’essaie de faire tout ce que je peux pour cette ville à laquelle je resterai attaché jusqu’à la fin de mes jours. Les gens autour de moi peuvent voir, pas moi, mais ensemble, nous faisons tout notre possible pour l’embellir».
Van Vuong est né à Hai Duong, à 60 km de Hanoi. À l’âge de 4 ans, le petit Van Vuong contracte la variole qui lui fait perdre l’usage de ses yeux. Doté d’aptitudes musicales, le gamin acquiert au fil des années une maîtrise de la guitare. En 1968, à l’âge de 26 ans, il part s’installer à Hanoi où il rejoint quelques groupes de musique.
Cinq ans plus tard, le nom de Van Vuong devient connu grâce à la radio La Voix du Vietnam qui l’invite à jouer Truong Ca Sông Lô (Long poème sur le fleuve Lô). Grand succès. Van Vuong commence alors à jouer sur scène avec des groupes professionnels. Sa carrière est lancée.
Le guitariste Van Vuong (premier à gauche) s’est vu attribuer en août dernier le «Grand Prix pour l’amour de Hanoi». |
Un grand amour nommé Hanoi
Le musicien a adapté à la guitare 500 œuvres. Sa préférée est Người Hà Nội (Le Hanoien), de l’auteur-compositeur Nguyên Dinh Thi, car elle exprime bien ses sentiments pour la capitale. «Si je ne me trompe pas, c’était le 11 janvier 1968. Je marchais sur la rue Dinh Tiên Hoàng qui longe le lac Hoàn Kiêm lorsque j’ai entendu cette chanson à la radio publique. Et là je me suis dit : celle-ci, je vais l’adapter à la guitare», explique-t-il.
Fin 1968, il l’a jouée pour la première fois en public, à la cérémonie de la Journée de la libération de la capitale (10 octobre). En 1977, elle a été enregistrée et est désormais très connue du public. Perfectionniste, Van Vuong n’a cessé de la travailler pour parvenir à une interprétation parfaite.
Van Vuong entouré des siens à Hanoi. |
Parlant du succès de cette œuvre, il raconte : «Le président de l’Association des écrivains du Vietnam, le poète Nguyên Dinh Thi, m’a un jour invité à venir jouer devant les membres de l’association. J’ai interprété neuf oeuvres dont Le Hanoien, composée par Nguyên Dinh Thi comme vous le savez. Après, ce dernier s’est approché, m’a embrassé, a pris mes mains et les a posées sur ses yeux pour me montrer qu’il pleurait. J’étais à la fois ému et fier d’avoir conquis l’auteur lui-même».
Au total, Van Vuong a plus de 8.000 spectacles au compteur et a sorti une dizaine d’albums. En septembre 2009, il a organisé lui-même un concert intitulé «L’automne à Hanoi».
Un des CD du guitariste Van Vuong. |
Ces 10 dernières années, l’artiste a pu organiser lui-même ses spectacles dans l’ensemble du pays. Parallèlement, Van Vuong donne des cours de guitare à domicile. Ses élèves sont pour l’essentiel des jeunes. Récemment, le guitariste a enregistré quatre nouveaux CD dans lesquelles sont interprétées des œuvres inspirées de l’amour et de la nature. L’artiste est aussi en train d’achever un DVD sur l’apprentissage de la guitare en solo et une autobiographie intitulée simplement Hồi kí Van Vuong (Mémoires de Van Vuong).
Peu de gens savent que Van Vuong aime se promener la nuit dans les rues de Hanoi, pour sentir l’atmosphère et chercher l’inspiration. «Le silence de la nuit est pour moi source d’émotions et d’inspiration», affirme-t-il. Interrogé sur ses rêves, Van Vuong a répondu qu’il désirait un jour pouvoir contempler de ses yeux son fils, ses proches. Et le ciel de Hanoi.
Linh Thao/CVN