La Britannique a par ailleurs semblé plus encline à un débat sur la création à Bruxelles d'un quartier général permanent pour les futures opérations militaires européennes, sujet à propos duquel elle avait d'abord paru réticente. "L'Europe est en train de mettre en place quelque chose de nouveau, où les personnes doivent ajuster leur conception mentale et où les institutions doivent trouver leur nouvelle place", a déclaré Mme Ashton, devant le Parlement européen à Strasbourg. "C'est compliqué", a-t-elle reconnu. "Mais c'est également excitant, car il est impossible d'exagérer l'importance de ce moment", qui donne l'occasion de "construire ce que beaucoup en Europe (...) ont longtemps voulu : une politique étrangère européenne plus forte et plus crédible".
Le nouveau service diplomatique de l'UE "sera clé pour permettre cela", a-t-elle encore dit. "Nous devons construire un système robuste", a-t-elle dit, tout en reconnaissant que "cela mettra du temps pour le construire".
Plusieurs députés européens ont fait part à Mme Ashton de leurs interrogations ou de leurs inquiétudes concernant la mise en place de ce service, alors que des tensions se sont multipliées ces derniers jours.
Ce nouveau service diplomatique de plusieurs milliers de personnes, mis en place par le traité de Lisbonne et censé porter la voix de l'UE dans le monde, est en effet l'objet d'une âpre bataille entre les pays et la Commission européenne pour la répartition des postes et la définition des compétences du service.
Une répartition géographique équitable des postes au sein de ce service "prendra du temps", et "nous devons simplement le construire étape par étape", a souligné Mme Ashton. "Je nommerai au mérite et rien d'autre. Il n'y aura pas de favoris, je veux les meilleurs et les plus brillants", a-t-elle encore promis, alors que les pays européens se battent pour les meilleures fonctions.
Dans le domaine militaire, dont elle est aussi chargée, Mme Ashton a assoupli son discours. Elle ne s'est pas prononcée sur la question controversée d'un quartier général permanent de l'UE opposant depuis des années Paris, qui en demande la création, à Londres qui refuse par crainte d'un double emploi avec l'OTAN. Mais elle s'est dite ouverte à la discussion. "C'est une question sérieuse, qui mérite un débat sérieux", a-t-elle déclaré. "Personne ne conteste le besoin d'un QG, en mesure de planifier et conduire des opérations militaires. Le problème est de savoir si le système actuel, qui repose sur le SHAPE (l'état-major de l'OTAN à Mons, Sud de la Belgique) ou sur des QG nationaux (dans 5 pays de l'UE), est l'option la plus efficace ou si nous avons besoin d'autre chose", a-t-elle souligné.
Pour elle, il faut "d'abord analyser les fonctions" qu'un tel QG doit remplir, qui sont au nombre de 3 : "planifier et conduire des opérations militaires (...) pour pouvoir réagir rapidement quand nécessaire", "développer la coordination civilo-militaire" et "se coordonner avec les autres acteurs" internationaux (ONU, OTAN et ONG).
AFP/VNA/CVN