Dans de nombreux évènements, programmes philanthropiques en faveur des handicapés, il est fréquent de voir une femme avec un sourire charmeur se déplaçant en fauteuil roulant. Bien qu’elle-même handicapée - atteinte de la maladie «des os de verre», une maladie génétique qui rend les os extrêmement fragiles - elle n’est pas là en tant que bénéficiaire mais organisatrice. C’est grâce à elle que nombre d’handicapés ont pu s’intégrer dans la communauté. Elle s’appelle Nguyên Thi Lan Anh, et est fondatrice et directrice du Centre d’action pour le développement communautaire (ACDC). Elle s'est vu attribuer le prix «Female Vision 2013» du Club des femmes internationales de Hanoi (HIWC). Ce club est une organisation à but non lucratif de femmes étrangères vivant au Vietnam, dont la mission est d'accélérer le développement des activités philanthropiques et des échanges culturels entre étrangers et Vietnamiens.
Nguyên Thi Lan Anh (1er plan, centre) lors de la cérémonie d’ouverture du Centre d’action pour le développement communautaire (ACDC). |
Nguyên Thi Lan Anh est née en 1978 dans le chef-lieu de Sông Công, à 15 km au sud de la ville de Thái Nguyên (province du même nom au Nord). Enfant, on l’appelait la «fille de cristal», puis ensuite la «femme de cristal». «Les souvenirs de mon enfance sont marqués par de nombreuses fractures des mains, des pieds. Le résultat est que ceux-ci ne sont pas droits», confie Lan Anh.
Une enfance immobile et studieuse
L’école primaire près de chez elle n’acceptant pas les enfants handicapés, ses parents ont dû insister auprès de la direction pour qu’elle ouvre ses portes à Lan Anh. Elle n’a commencé à étudier qu’à l’âge de neuf ans. Des «assistants» l’aidait à se déplacer, en l’occurrence sa grand-mère maternelle, son institutrice de CM 1 (3e classe), son amie Dinh Thi Hiên (actuellement chef du Département pédiatre à la Polyclinique de la province de Son La). «Mon grand cadeau a été un fauteuil roulant offert en 1996 par l’Association du patronage de la province de Thái Nguyên. Mais, je ne l’utilise que pour me déplacer sur une faible distance, au sein de ma maison par exemple», dit Lan Anh.
Lan Anh a eu le Bac, puis en 1999, elle a réussi le concours d’entrée à l’Université de langues étrangères de Hanoi (actuellement l’Université de Hanoi), Département d’anglais. Une fois diplômée, elle a suivi une formation d’agrégation à l’École normale supérieure de Hanoi. Pendant son parcours scolaire, elle a participé activement aux activités de volontariat en faveur des handicapés.
Lan Anh (centre) à une formation sur les droits des femmes handicapées, dans la province de Lang Son (Nord). |
La création de l’ACDC fin 2011 a couronné une dizaine d’années de participation au Forum pour les handicapés du Vietnam. «Les premiers temps, nous avions six personnes, dont trois handicapés. Tous diplômés avec mention très bien. Maintenant, ce chiffre s’élève à 11 dont six handicapés. Projects Abroad, une organisation britannique de volontariat, nous aide souvent à déployer des activités et à améliorer le niveau de langue étrangère via l’envoi de volontaires, avec au moins deux d’entre eux en permanence dans notre centre», explique-t-elle.
Fondatrice d’un centre pour les handicaps
À peine créé, l’ACDC a déployé trois projets significatifs en faveur des handicapés. De 2012 à 2014, le projet «Consultations juridiques gratuites pour les handicapés vietnamiens» a pour objectif de donner aux handicapés vietnamiens de meilleures opportunités d’intégration, un meilleur accès aux politiques sociales et la possibilité de bénéficier de consultations juridiques. Ce projet est doté d’un budget de 700 millions de dôngs provenant du Fonds de soutien aux initiatives judiciaires (JIFF/JPP) relevant de la 3e phase du Programme de partenariat judiciaire du gouvernement vietnamien, lequel est financé par l’Union européenne, le Danemark et la Norvège. L’ACDC a déployé de 2012 à 2013 le projet «Xuong rông vân no hoa» (Cactus qui fleurit), financé par le Club des femmes internationales de Hanoi. Ce centre a lancé cette année le projet «Renforcement des droits pour les handicapés». Financé par le Programme des Nations unies pour le développement, il s’achèvera en 2015.
La force de la famille
Nguyên Thi Lan Anh a confié qu’elle a eu la chance de se marier avec un homme parfait, originaire de Dà Nang (Centre). «Le mariage a été une décision difficile. Mes proches, mes parents craignaient que ma maladie n’empire alors que les proches de mon mari doutaient de ma capacité à devenir mère», confie Lan Anh. Et puis, leur fils a vu le jour. Heureusement, il n’est pas atteint de la maladie «des os de verre». Lan Anh n’a pas caché pas sa joie en confiant que son mari est doué dans la préparation des aliments pour son fils. Notamment, «il ne se plaint pas de mes déplacements incessants pour mon travail, et de mon petit salaire».
Lê Quê Ánh/CVN