Nguyên Dang Biên répare une table de son école. |
Nguyên Dang Biên est né en 1968 dans la province de Hai Duong (Nord) et a fait ses études à une école secondaire d’agronomie dans la province voisine de Hung Yên. En 1999, il s’installe dans la province de Lâm Dông, sur les hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên), avec sa famille, et commence en 2005 à travailler pour le Comité de gestion de la forêt de protection de Sêrêpôk.
Grand projet solidaire
La localité est très isolée, et n’abrite aucune école. Il est difficile d’envoyer ses enfants étudier à plusieurs dizaines de kilomètres. Pourtant, fin 2009, le chef de village, Sùng Minh Truong, rend une visite inattendue à Nguyên Dang Biên sur son lieu de travail : «Je reviens de chez vous et j’ai rencontré votre famille. À ma grande surprise, j’ai découvert que vos enfants savent lire et écrire. Pourriez-vous trouver du temps pour les jeunes du village ?». Évidemment, M.Biên ne peut que consentir aux interrogations de M.Truong, mais un tel projet coûte de l’argent et le garde forestier gagne juste de quoi vivre. Il assure toutefois au patriarche qu’il réfléchira à sa demande.
De retour à son domicile, Nguyên Dang Biên en discute avec sa femme Vu Thi Nhu. Elle est emballée par le projet d’une école et l’incite à investir. À l’époque, sa famille cultive un champ de riz d’un «sào» (360 m²) et utilise des techniques efficaces pour un rendement annuel d’une tonne de riz. Après mûre réflexion, les époux décident toutefois de changer leur mode de fonctionnement, d’abandonner leur champ de riz pour y bâtir une école, de produire du café et du maïs destinés à la vente, et de souscrire un emprunt en complément.
L’école de M. Biên a été officiellement reconnue par le Service local de l’éducation. |
En septembre 2010, avec la vente de café et de maïs, et le crédit bancaire, ils disposent de suffisamment de cash pour construire un bâtiment de 150 millions de dôngs avec plusieurs salles de classe. En quelques mois seulement, l’école Huong Duong voit le jour. Et 83 enfants de 8 à 15 ans font leur rentrée début 2011, un cahier et un crayon à la main, offerts par le couple. À l’intérieur, chaque salle de classe affiche la devise «Day thât tôt, hoc thât tôt !» - Un enseignement de qualité, un apprentissage de qualité.
Deux enseignants travaillent au quotidien dans «l’école de M. Biên», comme la surnomment affectueusement les habitants locaux. La femme du garde forestier, diplômée de l’École normale supérieure de la province de Hai Duong, qui agit bénévolement ; et un jeune trentenaire de l’ethnie Thái, Câm Bá Dung, diplômé de l’Université de l’éducation physique et des sports de la province de Bac Ninh (Nord).
Comme une traînée de poudre…
Le plus grand défi pour Nguyên Dang Biên est l’organisation des enseignements, car les élèves viennent de minorités ethniques différentes, lesquelles ont chacune leur langue et leur culture propre. Il décide donc d’embaucher deux jeunes assistants d’éducation. Le premier est originaire de l’ethnie H’mông, le second M’nông. Leur salaire est fixé à 4 millions de dôngs/mois, payé par M. Biên de son propre salaire provenant du Comité de gestion de la forêt de protection de Sêrêpôk où il travaille.
En septembre 2011, le Service de l’éducation local reconnaît officiellement Huong Duong comme établissement scolaire. Ce dernier appartient désormais à l’École primaire Dar Sal, du district de Dam Rông, province de Lâm Dông.
Un coin du district de Dam Rông dans la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre). |
La nouvelle s’est répandue à 40 km à la ronde. L’école Huong Duong fait envie aux parents des villages alentours qui n’ont pas non plus accès aux structures déjà existantes. Les 50 enfants de 8-12 ans sont concernés. C’est ainsi qu’un autre chef de village, Ma Seo Tráng, est venu solliciter l’aide de M.Biên, qui a gentiment répondu : «Je n’ai plus ni terrain, ni argent pour continuer». Et à Tráng de répliquer : «Je compte sur vous pour l’ouverture et l’organisation des classes. Je me charge de trouver un lieu où vous installer».
Après cette rencontre, une autre école de tôles et de bois a vu le jour au bord de la rivière Dak Mang. M.Biên et sa femme élaborent actuellement un dossier officiel pour que l’État reconnaisse cet établissement et y envoie des enseignants. «Nous apprenons aux enfants la lecture et l’écriture, mais notre programme de formation n’est pas formel», dit-il. Et d’ajouter : «Je dispose encore de 1.000 plants de café et les sommes rapportées sont suffisantes pour le moment». Peut-être l’avenir de la famille de Nguyên Dang Biên sera-t-il incertain, mais il est sûr que celui de ces enfants villageois sera meilleur.
Quê Anh/CVN