Pham Khac Huy et ses «leçons de choses»

Pham Khac Huy n’est pas un homme ordinaire. Admis au concours d’entrée à l’Université de la médecine et de la pharmacie de Hô Chi Minh-Ville en 2005, il décide de stopper ses études pour se consacrer à un projet éducatif un peu fou : donner des cours de culture générale aux jeunes. Portrait.

L’auditoire va de surprises en surprises quand Pham Khac Huy préside un débat thématique sur le cocotier. Le jeune homme aime faire les choses correctement et a ainsi cerné les grandes problématiques inhérentes à cet arbre omniprésent dans le Sud pour mener une discussion constructive et passionnante sur un sujet qui, au premier abord, semble quelque peu aride : Depuis quand le cocotier est présent dans cette région ? Pourquoi Bên Tre - lieu où les cocotiers sont les plus nombreux au Vietnam - ne s’appelle-t-elle pas Bên Dua (cocotier en vietnamien) ? Quelles sont les recettes à partir de lait ou de jus de coco dans la gastronomie vietnamienne ? Manger du riz avec de la coco, boire du lait de coco, est-ce bon pour la santé ?

Le cocotier à lui seul permet, en digressant quelque peu, d’aborder et de traiter une foule de thèmes : médecine, culture, gastronomie, géopolitique avec un récapitulatif des phases d’émigration, la formation de nouvelles régions... Les enseignements constructifs et ludiques de notre homme captivent autant qu’ils surprennent l’auditoire, comme en attestent les yeux éberlués de certains à chaque affirmation. En bref, le cocotier n’est qu’un alibi qui en réalité masque une vraie «leçon de choses», cœur du projet initié par Huy sous le nom de "cours de réjouissances".

Comment en est-il arrivé là ?

Né au sein d’une famille de littéraires dans le chef-lieu de My Tho, province de Tiên Giang, Phan Khac Huy a toujours été bon élève. Étudiant en médecine à partir de 2005 à Hô Chi Minh-Ville, il fait la fierté de sa famille. Cependant, le jeune homme au caractère bien trempé décide, après un certain laps de temps, de quitter les bancs de l’université, estimant que sa voie est ailleurs : «Déployer le projet éducatif pour fournir des connaissances culturelles, historiques aux jeunes. Voilà ce qui me motive !», explique Huy.

Quoi de mieux que de parler des cours d’eau pour en apprendre plus sur la culture du Nam Bô ?

«Mais démarrer ce projet ne s’est pas fait du jour au lendemain. J’ai dû m’y prendre longtemps à l’avance, reconnaît-il. Je lis beaucoup sur l’histoire, sur la culture depuis mon enfance. Ce sont ces connaissances acquises au fil du temps qui m’ont permis de me conforter dans ma décision de suivre ce qui passionne réellement. Bien sûr, ma famille n’était pas contente au début mais elle a respecté ma décision. Je suis en train de justifier mon choix auprès de mes parents en leur montrant que mon projet est bien plus qu’une simple lubie, avec des cours vivants où l’on apprend plein de choses autour d’un thème précis», raconte Huy.

Bienvenue dans le monde de Huy

En effet, ces «cours de réjouissances» parlent de tout ou presque. Les connaissances culturelles, historiques dispensées ici s’adressent aux jeunes qui fréquentent les cours de manière volontaire et enthousiaste. La leçon du jour est d’abord envoyée sur le Net, sous forme d’eBook de 40 pages. Ce magazine est chaleureusement accueilli par les internautes. Par exemple, celui sur la gastronomie ambulante à Saigon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville) a attiré 2.000 visites et le nombre de participants aux cours, bouche-à-oreille aidant, ne cesse de croître.

Pham Khac Huy lève le voile sur la face cachée des rizières.

Pour organiser ces cours, Huy et ses assistants ne font que passer une annonce sur le forum en ligne et seuls ceux qui sont intéressés s’y rendent. Au début, ils viennent par curiosité, puis ils y reviennent, fascinés. «Chacun ne paie que 20.000 dôngs, boisson comprise. Les cours ne sont pas dispensés à des fins lucratives», souligne Huy. Ils sont donnés chaque jeudi et vendredi soir. Soutenu par la communauté, Huy a construit une bibliothèque libre et gratuite pour les étudiants. Mieux encore, avec ses collègues, il a conclu un partenariat avec le village de bambou Phu An (province de Binh Duong, Sud), mais aussi avec le village de métier "Un moment vietnamien" (à Cu Chi) pour organiser des excursions associées à des débats thématiques historiques et culturels.

Douées d’une approche simple, ludique et créative, les problématiques culturelles, historiques - arides à première vue - soulevées et traitées dans ces cours captivent l’assistance. Les nombreuses questions posées par les jeunes obligent Huy à approfondir continuellement ses connaissances pour y répondre et trouver les nouveaux thèmes qui seront abordés lors de prochaines sessions. Les débats sur «Saigon - Perle en Extrême-Orient», «Les riches d’antan», «L’avenue Nguyên Huê dans l’histoire», «La gastronomie saïgonnaise» ont fait salle comble. Ici, c’est l’interactivité qui compte : «Ce qui incite les gens à approfondir davantage leurs connaissances et à vouloir en savoir toujours plus», conclut le jeune homme.

Diêu An/CVN

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