"C'est un événement marquant, et nous sommes tellement fiers. Cela signifie que sur ce toit, en plein centre de Sheffield, nous avons quelque chose qu'aucun autre bâtiment ne possède", se réjouit Lynne Ley, directrice de l'école primaire, construite en 2007.
La toiture favorisant la biodiversité offre 2.000 m2 de prairie sauvage où pullulent papillons, insectes, oiseaux venus profiter d'un espace recréant les caractéristiques de la colline au flanc de laquelle l'école est agrippée. Des troncs d'arbres morts et un bassin sont également propices à la colonisation.
"Je pense que c'est fantastique d'avoir ce toit. On voit la nature, les plantes, les insectes, les oiseaux", a confié Samarica, 9 ans.
"J'aime tout parce que ça nous aide dans notre éducation, et il y a de belles choses dessus. C'est tout simplement merveilleux (...), c'est un bel endroit où venir", a souligné Zach, très fier que son école soit une réserve naturelle sans trop en saisir la signification.
Arrivée en renfort de la directrice. "Les autorités locales ont désormais une responsabilité, celle de protéger la toiture et de s'assurer que, s'il arrive quelque chose au bâtiment, elle sera remplacée".
Grâce à une plate-forme d'observation, enfants et enseignants passent des heures à observer la vie du toit mais également la ville grâce à la vue dégagée qu'offre l'établissement.
"Nous l'utilisons énormément dans notre enseignement", a indiqué Mme Ley, citant l'apprentissage de la faune et la flore --en particulier les saisons--, la géographie, le dessin. "Parfois, les élèves montent avec des ordinateurs portables rechercher sur internet sur ce qu'ils sont en train d'observer", a-t-elle précisé.
À l'origine, l'objectif était d'augmenter l'espace vert de cette école urbaine et de la rendre la plus écologique possible (chauffage par le sol, matériaux de construction écologiques, pompe à chaleur).
Et, surtout, l'eau de pluie est collectée dans une citerne géante sous la cour de récréation puis utilisée pour les WC. La première année, l'école n'a eu besoin du réseau que 2 mois.
Une toiture végétale sans collecte d'eau de pluie limite l'écoulement immédiat de l'ordre de 60% à 70%, ce qui réduit fortement le risque d'inondation, explique le Green Roof Centre, créé en 2007 par l'Université de Sheffield. Elle fournit également une isolation thermique permettant d'éviter l'utilisation d'air conditionné en été et de chauffage en hiver.
"C'est un peu plus cher qu'une toiture classique mais sur le long terme, on fait d'importantes économies", a expliqué Aloysius Lalloo, responsable à la ferme urbaine Helley, recouverte d'une toiture végétale en sedum, une plante grasse.
C'est l'une des quelque 120 toitures végétales --dont certaines sont des lieux publics-- qui parsèment Sheffield, ville qui en compte le plus en dehors de Londres (environ 900). Le Royaume-Uni en possède 2.500 à 3.000.
"Nous avons été la première ville britannique à inscrire le développement des toitures végétales dans notre stratégie contre le réchauffement climatique", a expliqué Andy Nolan, directeur du développement durable de Sheffield, soulignant qu'un moindre écoulement des eaux de pluie était un critère important pour une ville souffrant de fréquentes inondations.
Mais pas uniquement : la verdure permet de réduire la température urbaine, a-t-il ajouté.
Reste que le royaume est en retard par rapport à des pays comme l'Allemagne où l'installation de toiture végétale est légalement obligatoire pour les nouveaux bâtiments à toit plat. "Ca devrait être le cas ici d'ici 10 ans", précise-t-on au Green Roof Center.
AFP/VNA/CVN