Le livre de Trân Dinh Son fait 272 pages. Publié par les Éditions Hông Duc, en collaboration avec la compagnie Cuu Duc, il se divise en quatre parties. La première est consacrée aux descriptions des costumes du roi, de la reine, des mandarins et des soldats sous la dynastie des Nguyên. La 2e contient 54 aquarelles réalisées en 1902 par un peintre vietnamien. La 3e regroupe des annexes en français avec des photos des costumes des mandarins militaires et civils. La 4e partie est un recueil de photos sur les rois, les reines et les mandarins que l’auteur a collecté pendant des années.
Le chercheur Trân Dinh Son et son livre. |
L’œuvre de Trân Dinh Son attire particulièrement l’attention pour sa 2e partie qui comprend de superbes aquarelles de Nguyên Van Nhân datées de 1902. Ces peintures font partie de la collection Grande tenue de la cour d’Annam mise en vente par une librairie aux États-Unis en 2011.
En 2009, un ami vivant à Paris, lors de son retour au Vietnam, lui a offert un CD de photographies de cette collection et l’a conseillé de racheter ces peintures anciennes. En 2011, la librairie Eric Chaim Kline Booksellers, en Californie, a annoncé leur vente aux enchères au prix de 35.000 dollars. Mais, en raison de la question financière, il n’a pas pu acquérir cette collection. «Il s’agit de la collection la plus vivante et la plus précise sur les costumes royaux de la cour des Nguyên», considère l’auteur du livre.
Les tenues sur les peintures anciennes
Trân Dinh Son estime que ces 54 aquarelles pourraient avoir été réalisées à l’occasion du centenaire de la cour royale des Nguyên (1802-1902). Selon lui, Nguyên Van Nhân, peut-être un Hanoïen, est un des rares peintres vietnamiens de la fin du XIXe-début de XXe siècles à avoir été initié à l’art du portrait occidental. En 1902, les écoles des beaux-arts sont encore inexistantes au Vietnam. «Le peintre décrit dans ses œuvres les personnages (roi, reine, mandarins, soldats), les costumes, les accessoires ou les armes qu’ils portent. Chaque peinture est accompagnée d’une légende en français et en han (idéogramme chinois) sur le porteur, son titre et la circonstance où il porte le costume», précise Trân Dinh Son.
Les tenues du roi, des mandarins et des soldats en préparation pour la cérémonie rituelle de Nam Giao. |
Concernant les photos, l’auteur affirme que cette collection est considérée comme la plus complète. «Elle contribue à compléter les documents sur les costumes royaux de l’époque. Sans elle, il est difficile de déterminer exactement les ornements et les couleurs utilisés», souligne-t-il.
Un ouvrage de référence
Les spécialistes considèrent le livre de Trân Dinh Son comme un document important, de référence pourrait-on dire, qui permet d’avoir une vision claire sur les tenues utilisées pour chaque événement, notamment lors de la cérémonie rituelle du Nam Giao (cérémonie de sacrifices au Ciel et à la Terre), un des rites les plus importantes de la cour royale de l’époque, ou lors de la fête Thanh Minh (La Pure clarté).
Pour les professionnels du théâtre et du cinéma, il s’agit aussi d’une base importante, pour la conception des costumes bien sûr.
Le Centre de préservation des vestiges de l’ancienne cité de Huê et le comité d’organisation du Festival de Huê sont parmi les premiers bénéficiaires de ce livre. Selon le Docteur Trân Duc Anh Son, depuis 2004, la cérémonie rituelle du Nam Giao a été reconstituée lors des différentes éditions du Festival de Huê mais toujours avec des incertitudes concernant les costumes de l’époque. Si les 128 costumes rituels des danseurs semblaient très proches des versions originales, ceux du roi, de la reine, des mandarins et des soldats ainsi que les accessoires sur les éléphants et chevaux ont laissé une grande part à l’imagination. «Ce livre aidera à s’approcher encore plus de l’authenticité de cette cérémonie», se réjouit Trân Duc Anh Son.
Lors d’une récente rencontre avec l’auteur du livre à Hô Chi Minh-Ville, le metteur en scène Lê Quy Duong, responsable depuis 2004 des scènes artistiques au Festival de Huê, a jugé ce livre d’«extrêmement important» pour lui. Car durant les cinq éditions du festival, il a toujours rencontré de grandes difficultés à reconstituer les costumes d’époque pour faire revivre certains rites de la cour royale. Il espère même que le chercheur Trân Dinh Son l’aidera dans les préparatifs de l’édition 2016.
Linh Thao/CVN