Tu est réparateur auto dans la rue Hai Bà Trung, à Hanoi. Sa passion, depuis l’enfance, ce sont les oiseaux d’agrément. Il en possède une vingtaine, avec parmi eux un zoostérops de grande valeur. Pourquoi est-il cher ? Tout simplement parce qu’il est rare. Sa rareté, il la tient à son plumage atypique : yeux et pattes rouges sang, couleur jaune serein. Il présente une mutation génétique, en l’occurrence un albinisme partiel.
Tu et son zoostérops de grande valeur ayant un plumage atypique : yeux et pattes rouges sang, couleur jaune serein. |
Dans le monde des oiseleurs, plus un oiseau présente un plumage bizarre, plus il vaut cher. En plus, cet oiseau n’a pas été capturé dans la nature, mais est né en captivité, d’où un caractère, lui aussi, en or. «Regardez, avec tout ce monde autour, il continue de chanter. Il n’a tout simplement pas peur de l’homme!», explique Tu.
Le zoostérops de Tu est connu de tous les passionnés d’oiseaux d’agrément de Hanoi. Selon les membres du Club des zoostérops de la capitale, s’il se décide à le vendre, il pourra en retirer un bon pactole. Certains avancent même la somme astronomique de 15.000 dollars! Mais notre réparateur de voitures n’est pas décidé à vendre. Ou peut-être attend-il que les prix grimpent encore...
Surveillance vidéo
La collection de Tu compte 20 oiseaux, dont plusieurs présentent des anomalies de plumage. «Peut-être que tout mon patrimoine, toute ma richesse, ce sont ces oiseaux-là !», plaisante-t-il. Comme son travail lui prend pas mal de temps, une personne est chargée de s’occuper de ses petits protégés, qu’il rétribue trois millions par mois. En plus de les sortir pour qu’ils prennent le soleil, il faut les surveiller 24 heures sur 24. À cette fin, Tu a installé une caméra de surveillance. La nuit, le précieux zoostérops est placé dans une cage en fer fermée à double tour. On n’est jamais trop prudent, les voleurs rôdent.
Dans sa collection, Tu est fier aussi de son bulbul orphée dont la tête blanche et l’oeil cerné de rouge le rendent unique. |
Toujours célibataire, Tu considère qu’élever ces oiseaux est aussi prenant que de s’occuper d’un enfant en bas âge. «Il faut leur donner à manger, les coucher, les laver, leur donner des médicaments quant ils sont malades. Il faut examiner leurs fientes quand ils sont malades. Chaque année, l’oiseau mue. À cette époque sa santé est plus fragile. Nous sommes alors en mode +petits soins renforcés+».
La nourriture est choisie avec une grande précaution : haricot mungo, graines de tournesol, crevettes, viande, œufs...
Dans sa collection, Tu est fier aussi de son bulbul orphée dont la tête blanche et l’oeil cerné de rouge le rendent unique. Certains passionnés lui ont proposé plus de 5.000 dollars. «Pour capturer un bulbul comme celui-là, il faut vraiment de la chance. Les sujets complètement albinos sont moins rares que les albinos partiels, c’est pour cela que leur valeur est plus élevée».
Un moyen d’affirmer son statut social ?
Selon un membre du club des zoostérops de Hanoi, ce loisir est pour beaucoup un moyen d’affirmer son statut social. Comme la voiture ou la moto haut de gamme. Un oiseau très cher et c’est la fierté assurée pour son propriétaire qui pourra pavaner comme un paon. Actuellement, à Hanoi, on dénombre une dizaine de zoostérops présentant un albinisme partiel, et tous chantent admirablement bien. Leur prix va de 50 à 250 millions de dôngs. Les plus connus - c’est-à-dire les plus chers - sont celui de Tu, notre réparateur auto, dont la cote est de l’ordre de 10.000 dollars, et de Thinh, qui en possède deux, d’une valeur de 5.000 dollars pièce.
Phong Delon/CVN