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Le Vietnam est un des grands pays producteurs de riz avec une vaste région de riziculture dans le delta du Mékong. |
Dans le Plan de développement du label du riz vietnamien pour 2020 et vision pour 2030, le Vietnam entend posséder d'ici là une marque propre pour un riz à la qualité et à la sécurité alimentaire reconnues. Le plan prévoit donc, entre autres, le développement de plusieurs variétés pour le delta du Mékong destinées à être couvertes par ce label national, ainsi que la protection juridique et commerciale de ce dernier.
Le plan prévoit également de déployer ce label à tous les niveaux : local, national et régional, produits, producteurs, distributeurs et exportateurs. Il le sera d’abord mis en application dans le delta du Mékong qui est le grenier à riz du pays puisqu'il est à l'origine de 90% des exportations vietnamiennes. En 2020, le pays a pour objectif que 20% de ses exportations soient effectuées sous ce label, et vers 2030, 50%. Un objectif des plus ambitieux.
Une nécessité pour être mieux reconnu
Le ministère vietnamien de l’Agriculture et du Développement rural accorde une priorité à l’élaboration d’un label national sur la base de variétés très connues du delta du Mékong, tout en menant une promotion de ce label sur 20 marchés étrangers. Le Vietnam est l’un des trois premiers exportateurs mondiaux de riz avec la Thaïlande et l’Inde. Mais la concurrence fait rage sur le marché, avec la présence croissante de nouveaux acteurs comme le Pakistan, le Cambodge et le Myanmar. De plus, selon le ministère vietnamien de l’Agriculture et du Développement rural, faute de commercialisation sous un label propre, le riz vietnamien demeure peu connu dans le monde.
Selon le Professeur Vo Tong Xuân, directeur de l'Université Nam Cân Tho, la quasi-totalité du riz vietnamien est vendue sans marque ni origine claire, ce qui tire son prix vers le bas. Partageant le même point de vue, Trân Anh Tuân, un expert en marketing, a souligné que le Vietnam n’a pas encore de stratégie dans l’exportation ni dans la communication pour aider son riz à accéder aux marchés, contrairement à l'Inde ou à la Thaïlande. Le riz vietnamien est, de fait, moins présent sur les marchés européens et américains qu'en Asie, le pays ayant jusqu'ici privilégié le volume des exportations plutôt que la qualité, a-t-il rappelé. Trân Anh Tuân a suggéré que l’État oriente les associations et les entreprises du secteur de la riziculture vers des exportations sous une marque après étude des goûts des consommateurs et de la demande sur les marchés.
En 2020, 20% des exportations de riz seront réalisées sous un label du Vietnam. |
Photo : Dinh Huê/VNA/CVN |
Réorganiser la production
Pour créer un label national de portée mondiale, une stratégie nationale s’impose si l'on veut s'assurer d'un développement pérenne et stable de la riziculture vietnamienne. Alors qu’une restructuration agricole est déjà en cours, des améliorations majeures restent à engager. Il conviendra notamment de changer les cultures, d’intégrer les progrès scientifiques dans la création de nouvelles variétés de riz de rendement supérieur et de meilleure qualité, ainsi que d’agrandir la superficie de la riziculture.
Selon le Professeur Vo Tong Xuân, pour créer son propre label, le pays doit inévitablement s’assurer de zones de production stable aux normes VietGap. Le pays possède déjà de nombreux points forts en termes de variétés, de terres aptes à la riziculture, et de riziculteurs expérimentés. Reste, mais c’est une grande question, à réorganiser la production. L’expérience a montré que le choix d’un modèle de production sur de plus grandes rizières est crucial pour le développement de l’agriculture nationale, notamment pour réduire les coûts de production, améliorer le rendement et la qualité.
La qualité du riz vietnamien n'est pas encore appréciée à sa juste valeur sur le marché mondial, le manque de label créant une instablité des prix à l’export. À cela s’ajoute le fait que la riziculture dans certaines zones du pays n’applique pas encore des technologies agricoles avancées. D’où des grains de mauvaise qualité et un dédain naturel des commerçants, sauf s’ils sont vendus à bas prix qui souvent s’avèrent inférieurs au coût de production. En outre, de nombreux commerçants ne veulent pas investir dans l’exportation de tel ou tel riz sur le long terme, situation qui rejoint plus généralement la problématique du manque de stratégie commerciale pour ce produit. La création d’un label en devient donc des plus urgents.
Linh Thao/CVN