>>La zone autour du lac Hoàn Kiêm devenue piétonne
L’ambiance était à la fête pour cette «première» piétonne aux abords du lac Hoàn Kiêm les soirées du 1er au 4e septembre. |
Pour le vice-président de l’Association générale de la construction du Vietnam, Pham Sy Liêm, l’extension des rues piétonnes est devenue une nécessité pour «différencier» la capitale des autres villes. Mais il redoute en revanche la préparation insuffisante des produits et services pour retenir les touristes.
D’après lui, la ville doit clarifier la question suivante : que vont donc bien pouvoir y faire les touristes ? Outre la visite, ces derniers vont vouloir faire du shopping, l’un des atouts majeurs de Hanoï. En attendant la mise en place de ces points de ventes dans ce projet expérimental, il faut recenser le nombre de magasins autour du lac Hoàn Kiêm pouvant répondre aux besoins des visiteurs. «S’il n’y a pas suffisamment de services touristiques, on peut se demander s’il est vraiment nécessaire d’interdire l’accès à de telles rues durant tout le week-end, parce que cela aura une incidence certaine sur les activités quotidiennes des personnes vivant dans cette zone», analyse Pham Sy Liêm.
Les visiteurs ne marchant pas tout du long, ils auront besoin de bancs pour se reposer, et de toilettes également. La zone autour du lac et dans ses environs est-elle suffisamment dotée pour satisfaire cette demande ? Le vice-président de l’Association générale de la construction du Vietnam, qui a visité un certain nombre de villes étrangères, a été impressionné notamment par la ville de Bordeaux en France dans sa manière de gérer la problématique. «J’ai constaté que l’administration locale attachait de l’importance au développement des services annexes pour retenir les visiteurs. Il est donc nécessaire pour Hanoï de se pencher sur cette question dans l’espace piéton autour du lac de l’Épée restituée pour répondre aux besoins d’achats des touristes», commente-t-il.
Bùi Thi An, directrice de l’Institut des ressources naturelles, de l’environnement et du développement communautaire, recommande à la ville de bien superviser ces rues pendant tout le week-end, notamment sur le plan de l’ordre public et de la sécurité à la fois des habitants et des visiteurs. «Il importe d’examiner attentivement la piétonnisation de ces nombreuses rues, qui plus est réalisée au même moment. Elle affecte la vie et la circulation des habitants, et les activités des établissements dans le quartier, souligne-t-elle. Pour mener à bien ce projet expérimental tout en restant au service des habitants et des visiteurs, la ville a besoin d’aménager des zones de stationnement de manière efficiente». Par ailleurs, elle précise que la capitale doit construire une ligne de bus périphérique pour amener les gens à la zone piétonne vers leurs véhicules parqués plus loin.
Retenir les visiteurs, l’enjeu majeur
Lê Công Nang, chef du Bureau de la communication de l’agence de voyages Vietrantour, travaille depuis longtemps dans le domaine du tourisme. Selon lui, pour que l’opération autour du lac de Hoàn Kiêm soit un succès, Hanoï doit penser pleinement à ces services annexes. «On parle du développement du commerce, comme des zones gastronomiques nocturnes, des clubs, des bars, mais également d’un système de toilettes publiques, ou encore de supérettes au service des touristes comme les 7-Eleven en Thaïlande, suggère-t-il. De surcroît, la ville peut envisager la mise en place d’une police touristique et une hotline pour aider les visiteurs en temps opportun».
La création de rues piétonnes autour du lac Hoàn Kiêm et dans ses environs est un événement important de la série d’activités organisées en réponse au «Programme d’Année touristique nationale» 2016. |
Photo : CTV/CVN |
Pham Tuân Long, vice-président du Comité populaire de l’arrondissement de Hoàn Kiêm, partage également le même point de vue, et prend en exemple les rues piétonnes du Vieux quartier instaurées depuis quelques années. Mais selon lui, comme le lac Hoàn Kiêm est considéré comme un site «unique» dans tout le pays, l’introduction de services commerciaux doit être étudiée avec soin, et prudence. «Le lac de l’Épée restituée est le symbole de la capitale, et il est reconnu au niveau national. Il faut alors examiner et tester attentivement avant de choisir les services à la hauteur de cet espace culturel, appuie M. Long. On ne peut pas y implanter les mêmes services touristiques déployés dans le Vieux quartier, ni proposer les mêmes spectacles d’arts traditionnels dans un grand espace culturel qu’est le lac Hoàn Kiêm».
Selon lui, des services annexes sont prévus dans le projet, mais dans l’immédiat, les boutiques et magasins existant dans cette zone sont maintenus. À chaque étape, la ville complétera avec des offres supplémentaires pour répondre aux besoins en fonction des résultats de la recherche et de l’évaluation de la situation réelle. «Si on y met de nombreux services dès la phase expérimentale, ce sera très difficile de les gérer. Et c’est sans compter qu’ils vont influer sur le paysage et l’environnement», exprime M. Long.
D’après Pham Tuân Long, avant la piétonnisation des rues dans le Vieux quartier, les commerçants pensaient que cet aménagement porterait préjudice à leurs activités. Or, c’est l’effet inverse qui s’est produit, et a même réussi à créer un véritable engouement. «Le nombre de magasins est passé de 70 à 450, et le loyer d’une boutique dans la rue Ta Hiên, après son embellissement, de 500 dollars à 1.500-2.000 dollars par mois. De plus, les rues piétonnes contribuent à créer plus d’emplois pour les habitants du Vieux quartier, 98% d’entre eux ayant abandonné leurs métiers pour mener des activités dans le tourisme», recense-t-il.