>>Le Vietnam, une terre de sensations
Fin février 2016, trois touristes britanniques décèdent lors de l’ascension de la cascade Datanla, située à proximité de la ville de Dà Lat, province de Lâm Dông, dans les hauts plateaux du Centre. Leur chute a été causée par une glissade accidentelle. Seulement deux jours après, un voyageur biélorusse a été retrouvé mort par 7 m de profondeur dans un lac, près de la cascade de Pongour, toujours à Lâm Dông, un site touristique des plus prisés. La série noire a continué en juin, où un touriste britannique a trouvé la mort alors qu’il effectuait seul l’ascension du mont Fansipan dans le Parc national de Hoàng Liên, province de Lào Cai (Nord).
Le plaisir du frisson pousse parfois les touristes à une certaine imprudence. |
Photo : CTV/CVN |
Comment expliquer autant de tragédies ? Pour une bonne partie, il s’agit d’un mélange d’inconscience et de non-respect des règles de sécurité par les touristes. Certains entrent seuls dans un site quelconque, sans demander l’autorisation préalable et remplir les formalités requises auprès des services concernés. Dans d’autres cas, c’est le manque de professionnalisme des voyagistes et des guides qu’il faut mettre en cause.
Immédiatement après le drame de la cascade de Datanla, les activités de la compagnie organisatrice du tour - la Sarl Dalat Passion - ont été suspendues. Elle n’avait pas souscrit de contrat d’assurance pour les voyageurs, et les avait laissé traverser la cascade alors qu’ils n’étaient enregistrés que pour une simple randonnée pédestre.
Une bonne préparation est indispensable pour ces activités à risque. |
Photo : Nguyên Dung/VNA/CVN |
En réaction à cette suite d’accidents, l’Administration nationale du tourisme a exigé de la province de Lâm Dông de faire le nécessaire pour réorganiser les circuits d’aventure afin d’assurer la sécurité des touristes. Les accidents survenus récemment tirent la sonnette d’alarme et incitent à une véritable prise de conscience générale.
Ces types de voyages actifs, souvent sportifs, séduisent avant tout un public étranger. Ils ont besoin d’encadrement et de réaliser leurs activités dans un environnement contrôlé et surveillé. Malgré tout, des voyagistes estiment certaines de ces occupations comme «simples» à organiser, et qu’ils peuvent s’en charger eux-mêmes, à l’instar de l’escalade. Il suffirait de deux cordes dynamiques, d’un équipement de sécurité spécifique et de quelques guides pour organiser l’activité. Mais ils ne se rendront compte du rôle important de professionnels que lorsque l’incident est survenu, trop tard malheureusement.
Ce style de vacances attire de plus en plus de touristes portés par la découverte et le retour à la nature. |
Photo : CTV/CVN |
Former pour mieux sécuriser
Selon les experts du domaine et les touristes assoiffés d’adrénaline, il manque cruellement de guides formés dans ce type d’activités au Vietnam. Ngoc Thanh, un jeune homme qui pratique régulièrement des sports à sensations, témoigne que «chaque tour peut compter 20 touristes, mais accompagnés seulement par deux guides. L’accident est donc inévitable». Mais selon lui, la faute vient aussi du manque de scrupules que peuvent avoir certains guides. «Certains d’entre eux, peu professionnels, conduisent les voyageurs par des voies +illégales+ à leur destination. Ils leur font courir de nombreux risques pour éviter de payer les billets d’entrée», déplore-t-il.
Rares sont aujourd’hui les agences vietnamiennes qui peuvent prétendre organiser des tours entièrement sécurisés. Exemple en la matière, l’opérateur du Parc national de Phong Nha - Ke Bàng, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et situé dans la province de Quang Binh (Centre), qui gère les visites dans la grotte de Son Doong, «la plus grande caverne au monde». Pour assurer la sécurité au plus haut niveau, 27 employés sont mobilisés pour encadrer 10 touristes.
Alors que la pratique du tourisme d’aventure ne cesse de croître, il est logique que l’exposition aux risques augmente parallèlement. Pour limiter les dangers, il est devenu nécessaire de prendre des mesures pour anticiper les situations d’urgence et planifier les interventions adaptées.
D’après Dô Trong Nguyên, directeur de la Sarl Du lich khám phá Viêt (Tourisme à la découverte du Vietnam), «les autorités dans la gestion du tourisme devraient s’intéresser vraiment au voyage d’aventure et ce de manière concrète». Il suggère notamment d’établir des liens entre voyagistes vietnamiens et organisateurs étrangers expérimentés en la matière. Les professionnels vietnamiens devraient suivre à l’étranger des formations, et ce de manière régulière et continue.
De plus, «il est obligatoire que les agences d’exploitation du tourisme protègent et préservent l’environnement afin que nos descendants puissent hériter des valeurs de la nature», estime Trân Tiên Dung, le vice-président du Comité populaire de la province de Quang Binh.