Le |
La chancelière allemande, Angela Merkel, a plaidé pour une plus grande coopération entre Européens, notamment en matière de défense, un sujet qui n'avait pas été au menu d'un sommet européen depuis cinq ans.
"L'Europe pourrait travailler de manière beaucoup plus étroitement coordonnée", a-t-elle déclaré, en évoquant une "mise en commun" dans les équipements.
Le président français, François Hollande, a souhaité des "résultats", en plaidant pour un accord de coopération dans "le drone de nouvelle génération qui pourrait être justement l'une des réalisations de l'Europe".
Mais le Premier ministre britannique, David Cameron, a sèchement confirmé que Londres bloquerait toute initiative allant dans le sens d'une véritable défense européenne. "Il est sensé pour les nations de coopérer dans le domaine de la défense afin d'assurer notre sécurité. Mais il n'est pas bon pour l'UE de se doter de capacités communes, d'armées, de moyens aériens et du reste", a-t-il affirmé.
Les dirigeants de l'UE ont aussi prévu de lancer quelques programmes, notamment dans les drones, le ravitaillement en vol, les satellites ou la cybersécurité.
Sur le problème du financement posé par la France, qui est engagée dans deux interventions armées au Mali et en Centrafrique, les chefs d'État et de gouvernement ont prévu d'examiner "rapidement" la question en vue "d'améliorer" le système existant.
Tout en se félicitant d'avoir reçu l'appui de "la quasi-totalité" des gouvernements européens pour ces opérations, M. Hollande avait demandé à son arrivée que "les financements suivent ces soutiens politiques".
Il a dit espérer que l'opération lancée par la France en Centrafrique devienne une mission européenne grâce notamment à l'envoi de soldats par la Pologne. "Si cette décision se confirme", l'opération pourrait être "considérée comme une opération européenne et il y aura des financements", a-t-il ajouté.
Mais la chancelière allemande a souligné qu'un État devait recevoir un mandat des 28 pour qu'une opération devienne une mission de l'UE.
"Un mandat du conseil de sécurité de l'ONU ne suffit pas, il faut aussi un mandat de l'Union européenne pour soutenir ce genre de mission politique. (...) Nous ne pouvons pas financer de mission militaire si nous ne sommes pas impliqués dans le processus de décision", a-t-elle assuré.
Complexité
"Il y a une différence entre mission européenne et mission de l'UE", a fait remarquer un diplomate européen. Seule une mission de l'UE peut bénéficier de fonds européens, mais elle doit être approuvée par les 28 et c'est un processus qui prend du temps, "de quelques semaines à quelques mois", a-t-il ajouté.
Les chefs d'État et de gouvernement doivent de nouveau discuter de la Centrafrique vendredi 20 décembre.
Ils évoqueront aussi la situation en Ukraine, en pleine crise depuis que son président a reporté la signature d'un accord d'association avec l'UE. Cette dernière devrait se contenter d'adresser un message de soutien au peuple ukrainien, et répéter qu'elle est toujours prête à signer l'accord.
Sur le plan économique, les Européens progressent aussi à pas comptés sur le chantier de l'approfondissement de l'union économique et monétaire. Les Allemands insistent pour renforcer l'emprise des institutions européennes sur les politiques économiques des États membres, au travers de "contrats", alors que les Français plaident pour plus de "solidarité" financière.
Mais les positions se rapprochent et, un an et demi après l'ouverture de ce chantier, les chefs d'État ou de gouvernement devraient se fixer l'objectif d'atteindre un "accord global" en octobre 2014. Il faudra toutefois des années, et peut-être une révision des traités européens comme le souhaite l'Allemagne, pour aboutir.
Le sommet s'était ouvert sur une note positive dans la foulée d'un accord sur l'union bancaire, le projet censé éviter à l'avenir que les problèmes des banques ne se répercutent sur l'ensemble de l'économie.
Après des mois de blocage, les ministres des Finances sont parvenus dans la nuit du 18 au 19 décembre à s'entendre sur le mécanisme destiné à régler le sort des banques en faillite de la zone euro. Un accord jugé "décisif", voire "historique".
Mais les critiques n'ont pas tardé, notamment sur la complexité du dispositif. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a jugé le compromis "inquiétant" et a prédit de "très longues négociations".
AFP/VNA/CVN