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Des femmes récoltent des plantes aromatiques et médicinales dans les montagnes du village de Tbainia, près de la ville d'Aïn Draham, dans le Nord-Ouest de la Tunisie, le 6 novembre 2024. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous gagnons actuellement la moitié, parfois un tiers de ce que nous avions avant", explique Mabrouka Athimni, qui dirige la coopérative "Al Baraka" dans le village de Tbainia, situé dans le Nord-Ouest défavorisé de la Tunisie.
Autour du village, les forêts fournissent du romarin, du lentisque ou du thym, transformés en huiles essentielles exportées vers des marchés comme la France ou les États-Unis. Cependant, le réchauffement climatique a perturbé cette activité vitale. "Les sources des montagnes s’assèchent, et sans neige ni pluie, les herbes produisent moins d’huile", ajoute Mabrouka.
En Tunisie, la sécheresse sévit depuis six ans, avec des barrages remplis à seulement 20%, un niveau historiquement bas. Dans ce contexte, les femmes de Tbainia, représentant 70% de la main-d'œuvre agricole tunisienne, ressentent particulièrement les effets des températures extrêmes, atteignant parfois 50 degrés.
Un travail menacé
Dans les champs, Mongia Soudani, 58 ans, mère de trois enfants, voit son unique source de revenus menacée. "Nous récoltions habituellement trois ou quatre sacs d’herbes. Maintenant, remplir un seul sac est une chance", déplore-t-elle.
Les incendies alimentés par la chaleur et la sécheresse ont ravagé les forêts ces dernières années, réduisant encore les ressources disponibles. L'été dernier, 1.120 hectares de forêt près de Tbainia ont été détruits par les flammes.
Pour faire face à ces défis, les cueilleuses ont reçu une formation de la FAO pour préserver les ressources forestières. Pourtant, Mabrouka Athimni peine à maintenir l’activité de la coopérative. "Je ne peux plus répondre à certaines commandes à cause de la récolte insuffisante", regrette-t-elle.
Selon une étude du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), le changement climatique aggrave la précarité dans les zones forestières, rendant le travail des femmes "plus difficile". La Tunisie a signé des accords internationaux comme l’Accord de Paris, mais leur mise en œuvre reste limitée.
L’absence d’une approche prenant en compte le genre aggrave la situation, explique Ines Labiadh, experte en justice environnementale. "Les femmes, en première ligne, sont les premières touchées".
Pour survivre, certaines cueilleuses, comme Bochra Ben Salah, diversifient leurs activités. Pourtant, les alternatives restent limitées dans une région où les ressources naturelles sont cruciales. "Nous ne pouvons rien faire d'autre que compter sur la clémence de Dieu", soupire Bochra, le panier vide.
AFP/VNA/CVN