Trois ans d'adhésion à l'OMC : nécessité de restructurer l'économie vietnamienne

Trois ans déjà depuis l'adhésion du Vietnam à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Durant ce laps de temps, alors que l'environnement commercial est devenu plus transparent et le secteur tertiaire plus ouvert, d'autres secteurs ont dû relever de nombreux défis. Question cruciale abordée par de grands spécialistes nationaux lors d'un colloque, organisé récemment à Hanoi par le Bureau gouvernemental, visant à évaluer les impacts socio-économiques de ces 3 premières années au sein de cette organisation.

Malgré la crise économique mondiale survenue juste après son adhésion à l'OMC, le Vietnam a bien fait face à ces évolutions, a estimé l'ancien vice-Premier ministre Vu Khoan.

S'adressant au séminaire "Évaluation des impacts après 3 années de l'entrée du Vietnam à l'OMC", organisé récemment à Hanoi, Vu Khoan a jugé qu'avec cette crise et le processus d'intégration au monde, les entreprises nationales étaient davantage conscientes des "caprices" du marché mondial et qu'elles avaient pris des mesures appropriées.

Selon les estimations, les entreprises vietnamiennes sont plus dynamiques dans le secteur de la vente au détail. Elles ont su exploiter leurs avantages en termes de connaissance du marché domestique pour fournir de meilleurs services aux consommateurs nationaux comme aux investisseurs étrangers.

Le chiffre d'affaires à l'exportation du Vietnam a considérablement augmenté ces 2 premières années à l'OMC, avec une croissance de 21,3% en 2007 et de 29,5% en 2008. La croissance annuelle moyenne de la valeur des exportations en 3 ans (2007-2009) a été de 12,8%. Dans cette même période, les investissements directs étrangers (IDE) ont également connu une hausse continuelle pour atteindre le chiffre record de 63 milliards de dollars.

En dehors des avantages apportés par son adhésion à l'OMC, le Vietnam a également dû subir les effets de l'évolution de l'économie mondiale, la récession de cette dernière ayant fait fortement baisser tant les exportations que les IDE en 2009.

Cependant, selon Vu Khoan, sans son adhésion à l'OMC, la chute des exportations vietnamiennes aurait été supérieure aux 9% de 2009. Partageant ce point de vue, Lê Xuân Bá, directeur de l'Institut central d'études sur la gestion économique (CIEM) - ministère du Plan et de l'Investissement -, a estimé que sans intégration, la croissance économique du Vietnam n'aurait pas atteint 6,2% en 2008 et 5,3% en 2009. En outre, le pays aurait dû faire face à de plus grandes difficultés en raison des barrières commerciales et des droits de douane. "L'intégration à l'économie mondiale, particulièrement l'adhésion à l'OMC, a beaucoup contribué à la croissance économique nationale", a analysé M. Bá.

En 2009, à cause de la crise économique mondiale, la croissance du PIB national n'a atteint que 5,3%, ce qui est, malgré tout, supérieur à celui de nombre d'autres pays dans le monde. "Il ne faut pas considérer les résultats de 2009 comme un +désastre+, car les nouveaux capitaux enregistrés manifestent seulement un engagement des investisseurs et une tendance du développement de l'IDE dans un pays, et non pas de la réalité de ce dernier", a souligné Nguyên Mai, président de l'Association des entreprises à participation étrangère. En effet, le processus d'intégration a aidé le Vietnam à élargir ses marchés, à intensifier ses exportations, à attirer davantage d'IDE, à perfectionner son économie de marché, à créer des emplois, à faire reculer la pauvreté. Il aide aussi les entreprises à accéder plus facilement aux matières premières.

Nécessité d'un nouveau modèle de croissance économique

Dans le contexte de crise économique et financière mondiale, les exportations des produits phares du Vietnam ont connu une croissance encourageante. Le pays a réussi à étendre ses relations économiques avec des partenaires importants comme ASEAN, Chine, Japon, États-Unis, Union européenne (UE) et Russie. Ces marchés représentent à eux seuls plus de 70% de la valeur des exportations nationales.

Mais, selon les experts, la compétitivité économique laisse encore à désirer, de même que la qualité de la croissance, jugée trop dépendante de l'investissement. Le Vietnam devra encore faire d'énormes progrès dans le développement de ses infrastructures et de ses ressources humaines, ont-ils recommandé.

Ces derniers temps, l'économie vietnamienne s'est trop basée sur les ressources naturelles du pays. C'est ce modèle de croissance qui a conduit à des politiques d'attraction des IDE négligeant la qualité ou des exportations basées essentiellement sur les ressources naturelles, a estimé Trân Ðình Thiên, directeur de l'Institut de l'économie du Vietnam. À son avis, 3 ans d'adhésion à l'OMC ont permis de relever la compétitivité de l'économie nationale et, en particulier, l'année dernière d'affirmer la réactivité de l'économie et la bonne direction du gouvernement en période de crise. "C'est pourquoi, élaborer un nouveau modèle de croissance approprié au processus d'intégration est crucial pour que le Vietnam puisse s'intégrer avec succès à l'économie mondiale", a-t-il estimé.

L'ancien chef adjoint du gouvernement, Vu Khoan, a lui constaté que le Vietnam semblait hésiter à faire face au processus d'intégration dans un contexte de crise et ne pas mettre à profit ses opportunités. Il a estimé que la restructuration économique était un processus à la fois crucial, pressant et de longue haleine, dont le traitement conditionnerait une intégration internationale réussie.

Trois ans, c'est trop court pour parvenir à une nette amélioration de la compétitivité mais, ce qui est important, c'est que le Vietnam a connu un fort changement de conscience en la matière, a conclu le vice-ministre de l'Industrie et du Commerce, Nguyên Câm Tú.

Ces 3 années au sein de l'OMC ont permis au pays de mieux percevoir ses lacunes, surtout en matière d'infrastructures, d'institutions et de ressources humaines, qu'il devra combler pour s'intégrer davantage à l'économie mondiale, ont estimé plusieurs experts participant au colloque. Ce dernier a permis de cerner les défis pour la croissance économique nationale, a souligné le ministre et chef du cabinet gouvernemental, Nguyên Xuân Phúc.

Minh Quang/CVN

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