Un état de fait inquiétant : des jeux non conformes aux us et coutumes attirent beaucoup d'enfants, à tel point qu'ils ne vont parfois plus à l'école pendant 2 ou 3 jours. Ces derniers temps, la presse a vigoureusement condamné et critiqué les actes amoraux influencés partiellement par les jeux en ligne, même si, d'un autre côté, des voix se sont élevées pour défendre leur côté positif.
Selon le prof.-Docteur Nguyên Minh Thuyêt, vice-président de la Commission de la culture, de l'éducation des jeunes, des adolescents et des pionniers de l'Assemblée nationale, les jeux en ligne aident les internautes à rehausser leurs connais- sances en culture et histoire, leur capacité de réflexe et de pensée, à se distraire et à réduire le temps passé à jouer à des jeux estimés malsains. Pourtant, d'après M. Thuyêt, les méfaits qu'ils peuvent provoquer soulèvent aujourd'hui l'inquiétude de tous les pans de la société. Certains jeux peuvent conduire au délire, à des actes violents, à la débauche, aux jeux d'argent…, et constituent, qui plus est, une perte de temps. "L'appétence tyrannique pour les jeux en ligne comme la toxicomanie constituent actuellement des problèmes sociaux à ne pas prendre à la légère", a-t-il analysé.
Le Vietnam compte actuellement 17 entreprises fournisseuses de services de jeux en ligne. "Ces dernières ont contribué pour 16,5 millions de dollars d'impôts au budget de l'État en 2008 et près de 20 millions en 2009", a fait savoir Chu Hoà, chef adjoint du Service de gestion de la radio, de la télévision et des informations électroniques. Le projet de réglementation de la gestion des jeux en ligne stipule que les entreprises ne seraient autorisées à fournir des services de jeux en ligne que de 08h00 à 22h00 chaque jour, sauf pour les jeux dits "simples", qui pourraient rester disponibles 24 heures sur 24. Les jeux prioritaires seraient limités à 5 heures chaque jour, et à 3 heures pour les autres jeux.
L'interdiction de la fourniture de services après 22h00 est qualifiée d'"irrationnelle" par Lâm Thanh, directeur des stratégies de la société VTC Intecom, car de nombreux fonctionnaires n'ont pas la possibilité de jouer avant 22h00. Alors, "il vaut mieux appliquer cet interdiction uniquement pour les agents d'internet", a-t-il proposé.
Partageant ce point de vue, Lê Hông Minh, directeur de VNG, a indiqué que cette limite ne visait essentiellement que les personnes mineures. Mais en réalité, la plupart sont déjà rentrées chez elles après 22h00, tandis que de nombreux adultes ont encore besoin de s'aérer l'esprit après une journée de travail. Les entreprises constatent que ces clients sont ceux qui leur rapportent le plus, en raison de leurs capacités financières. "Selon une enquête effectuée par VNG, les jeux étrangers occupent le 3e rang parmi ceux les plus pratiqués au Vietnam. Si nous appliquons une interdiction après 22h00, la plupart des joueurs se tourneront vers les jeux étrangers, ce qui entraînera de lourdes pertes pour les entreprises nationales", a argumenté son directeur.
Pour sa part, le joueur Bùi Xuân Long a considéré comme "injuste" la limite fixée à 5 heures par jour et l'interdiction de jouer la nuit. "Je travaille 8 heures au bureau, retourne chez moi à 17h00 et participe ensuite aux tâches ménagères. Ce n'est qu'après 22h00 que je peux pratiquer des jeux en ligne… Si les opérateurs ont l'interdiction d'accueillir des clients à ce moment-là, il est certain que la communauté des joueurs s'orientera vers les jeux étrangers", a-t-il dénoncé.
Appliquer une gestion plus stricte
S'agissant de l'orientation de gestion et de développement des jeux en ligne, Nguyên Minh Thuyêt a souligné l'importance de leur actualisation par les services compétents pour compléter à temps les règlements en la matière. Selon lui, il faut à la fois se pencher sur le problème des jeux d'argent, violents, à caractère sexuel et stimuler les jeux sains. "La participation de toute la société, de la famille à l'école, en passant par diverses organisations de la jeunesse, contribuera à limiter considérablement les méfaits des jeux en ligne", a-t-il affirmé.
À ce propos, le ministre de la Culture, du Sport et du Tourisme, Hoàng Tuân Anh, en répondant aux questions des députés lors des séances d'interpellations de l'actuelle 7e session de l'Assemblée nationale (12e législature), a reconnu les impacts négatifs des jeux en ligne. "L'école, la famille et la société jouent un rôle important dans la formation de la personnalité et de la vertu sociale des enfants", a-t-il indiqué.
De son côté, le prof.-Docteur Phùng Huu Phú, chef adjoint permanent de la Commission de la propagande et de l'éducation du Parti communiste vietnamien, a souligné la nécessité de matérialiser les politiques favorisant les opérateurs nationaux pour que leurs produits puissent concurrencer les services d'internet et de jeux en ligne des entreprises étrangères. "En plus des efforts déployés par les services de gestion de l'État et les fournisseurs de services, il faut une coopération étroite et active entre la famille, l'école et les agents d'internet dans la gestion et le développement des jeux en ligne, pour que ceux-ci soient réellement un moyen de distraction sain et scientifique", a-t-il insisté.
En effet, les "game online" au Vietnam ne sont plus seulement un simple passe-temps, mais un phénomène social avec ses problèmes intrinsèques. Les jeux en ligne ont pris une telle place qu'ils sont devenus un outil de connexion effectif de la jeunesse. Concrètement, cela se traduit par des réunions au sein de la communauté des amateurs regroupant des centaines de jeunes joueurs et des milliers de jeunes spectateurs. Les cybercafés servent de lieu d'activités communautaires, où les joueurs peuvent apprendre des leçons sur le travail d'équipe.
Huy Hoàng/CVN