Cette demande a été formulée dans une note en date du 30 novembre 2009 du ministère des Communications et des Transports relative au projet, controversé, d'un ancien pilote militaire, Mai Trong Tuân, d'établir un vol Hô Chi Minh-Ville - Hanoi le long du méridien 106° Est, qui empièterait donc sur le Laos et le Cambodge. Le projet a été étudié par des dirigeants de l'aviation civile vietnamienne. Tous s'accordent à dire que cet axe présenterait de nombreux avantages (distance raccourcie de plus de 60 km, temps de vol réduit de 4 minutes, gain de 0,2 tonne de kérosène…).
Hanoi-Hô Chi Minh-Ville, longue de 1.250 km, est une ligne intérieure. La Loi de l'aviation civile vietnamienne stipule en effet qu'une ligne internationale doit passer au-dessus du territoire d'un autre pays. Étant la plus importante du pays, elle doit se trouver entièrement au-dessus du territoire vietnamien, selon le Département de l'aviation civile qui réclame le droit aux services compétents de contrôler les vols domestiques, quelles que soient les conditions, et la satisfaction des exigences de développement économique et de défense nationale.
Une ligne plein Sud, le long du méridien 106° Est, serait donc internationale. Les compagnies exploitantes devraient payer des frais et taxes comme tout vol international, d'où une hausse de leurs coûts d'exploitation, a souligné le Département, de l'ordre de 364 dollars/vol. Sans compter des facteurs techniques et technologiques qui, pour le moment, ne permettent pas de mettre sur pied une telle ligne.
Le Vietnam, en tant que membre de l'Organisation internationale de l'aviation civile (ICAO), devra appliquer des procédures de contrôle aérien par satellite. Ce programme s'échelonnera en 2 étapes : la première (à partir de 2012) consistera à combiner installations au sol et satellitaires ; et la seconde (à partir de 2020), à passer entièrement en mode satellitaire. Voler de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville sans recourir aux installations de contrôle au sol affecterait la sécurité des vols.
Viennent s'y ajouter d'autres facteurs relatifs à la défense nationale (survol de régions sensibles…), au contrôle des vols (survol des territoires de 3 pays) et aux équipements d'ap- point indispensables (investissements dans les installations de communication, de navigation aérienne, de contrôle…).
Dans sa note en date du 30 octobre 2009 au gouvernement, le ministère des Communications et des Transports a estimé, par la voix de son Département de l'aviation civile, que "les facteurs techniques ne suffisent pas juridiquement pour ouvrir une nouvelle ligne le long du méridien 106° Est". Pour le Département de l'aviation civile, ce vol "au plus court" s'éloignerait des aéroports internationaux du Laos et du Cambodge qui, par ricochet, ne s'y intéresseraient guère, sauf pour taxer le survol de leurs territoires.
Le département réaffirme qu'une telle route aérienne augmenterait les risques pour les avions qui devraient opérer de nombreuses entrées et de sorties de territoires (5), passer au-dessus de plusieurs bases de services aériens (11) et régions de contrôle aérien (4), et croiser d'autres routes (15). Sans compter que les transporteurs devraient demander des autorisations d'entrée et de sortie de territoire à la fois aux services compétents vietnamiens, lao et cambodgiens. Les compagnies se heurteraient à des difficultés en cas de vols imprévus ou de modification des plans de vol.
Le ministère de la Défense n'approuve pas pour sa part ce projet qui ne satisfait "pas aux exigences de sécurité et de défense nationales". Car en suivant le méridien 106° Est, l'avion survolerait des régions militaires considérées comme sensibles.
Le 13 octobre 2009, le Département de l'aviation civile a affirmé que les compagnies aériennes étaient toujours à la recherche de lignes "au plus court" pour des raisons de coûts. Confronté à un rétrécissement de leurs marchés et à l'augmentation de leurs frais, les transporteurs accordent une attention particulière à rendre leurs vols aussi rectilignes que possible. Le Vietnam travaille aussi dans ce sens et a déjà rectifié certaines de ses lignes intérieures (pour des gains de 3 minutes par vol en moyenne). "Une minute de moins, cela paraît peu mais, en fait, c'est beaucoup d'argent gagné", selon le département.
Dans sa note au cabinet du PC vietnamien en date du 25 août 2009, le Département de l'aviation civile a affirmé avoir étudié de sa propre initiative des lignes "au plus court" depuis longtemps et pas seulement après les propositions de l'ancien pilote Mai Trong Tuân.
Le Département de l'aviation civile et le ministère des Communications et des Transports, s'ils jugent nécessaire le raccourcissement de la distance, attachent d'abord la priorité aux questions de sécurité, de défense nationale, d'efficience économique…
La ligne Hanoi-Hô Chi Minh-Ville actuelle, modifiée le 2 juillet 2009, est optimale et devra être maintenue même en cas de nouvelle ligne le long du méridien 106° Est, selon le Département de l'aviation civile. Non seulement elle relie les 2 plus grandes villes du pays, mais en dessert aussi d'autres (Dà Nang, Thua Thiên-Huê, Quang Nam, Nghê An, Quang Binh). L'important est de conserver cette ligne intérieure, la plus importante à l'heure actuelle, qui est sous contrôle entièrement vietnamien, a estimé le département.
Le Premier ministre Nguyên Tân Dung vient de trancher : pas de route aérienne le long du méridien 106° Est. Le chef du gouvernement a donné au ministère des Communications et des Transports et à celui de la Défense la mission de "perfectionner la liaison actuelle en conformité avec les réglementations en vigueur" et de "répondre à la fois aux nécessités de développement socio-économique et de consolidation de la sécurité et de la défense". Il n'y aura donc pas de deuxième rencontre proposée par l'Association vietnamienne des sciences économiques, que le Département de l'aviation civile avait accueilli favorablement et à laquelle Mai Trong Tuân avait accepté de participer.
Hà Minh/CVN
(01/03/2010)