Tourisme culinaire vietnamien : au cœur d'un océan de saveurs

Le tourisme gastronomique est devenu une tendance du XXIe siècle. Le Vietnam dispose d'une certaine réputation mondiale en ce qui concerne sa cuisine à la fois fine et originale. Son secteur touristique est ainsi appelé à exploiter ce patrimoine afin d'attirer les visiteurs internationaux.

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Touristes apprenant à préparer des "bánh chung", gâteaux carrés de riz gluant, farcis de viande et de haricots, servis principalement lors du Têt traditionnel des Vietnamiens.
Photo : VNA/CVN

De plus en plus de touristes considèrent la découverte de la gastronomie comme une de leur priorité lors qu’ils visitent un pays étranger. En effet, le fait d’associer cuisine et excursion leur permet de mieux comprendre l’histoire, le savoir-faire et la culture d’un pays ou d’une région. Un type de tourisme de plus en plus en vogue ces derniers temps.

Selon un récent rapport mondial sur les voyages culinaires de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les voyageurs dépensent en moyenne un tiers de leur budget pour la gastronomie. Plus de 80% des agences de voyage interrogées affirment que le tourisme culinaire est stratégique pour l’essor de cette industrie. L’enquête de l’Association mondiale du tourisme alimentaire (World Food Travel Association - WFTA) montre qu’on consacre environ 25% de son budget de voyage à la nourriture et aux boissons. La plupart des touristes désirent explorer la cuisine locale.

Concernant les Vietnamiens, une étude de la société Outbox Consulting en juillet 2019 a indiqué que 84% des Vietnamiens voyageant à l’étranger interrogés souhaitaient vivre des expériences culinaires lors de leur voyage et étaient prêts à consacrer 20% de leur budget à cette activité, soit souvent plus que les frais d’hébergement et d’achats.

Des plats qui racontent des histoires

Pour un pays ayant une gastronomie aussi variée et attractive que le Vietnam, ignorer l’atout culinaire, c’est faire l’impasse sur une véritable "mine d’or". Le patrimoine culinaire du pays, formé au cours de milliers d’années, séduit tous les visiteurs étrangers. Ses nombreux plats célèbres tels que pho (soupe de nouilles à la viande de bœuf ou de poulet), bún cha (vermicelles de riz au porc grillé), bánh mì (sandwich), nem (rouleaux de printemps)... ont été honorés par bon nombre de magazines prestigieux et chaînes télévisées internationales.

Le 3 novembre dernier, les World Travel Awards ont annoncé les résultats des "Asian Regional Awards" et le Vietnam a été élu première destination patrimoniale, première destination culturelle et première destination culinaire d’Asie. C’est la deuxième année consécutive qu’il a été primé dans ces trois catégories de prix.

Le "xôi ngu sac", riz gluant aux cinq couleurs, une spécialité culinaire du Vietnam.
Photo : Bùi Phuong/CVN

Non seulement diversifiée, harmonieuse, délicate et facile à déguster, la cuisine vietnamienne contient également des caractéristiques artistiques élevées, démontrant l’ingéniosité, la sophistication et l’humanité dans leur préparation. Autant d’éléments démontrant que le Vietnam possède toutes les conditions favorables afin de valoriser son tourisme gastronomique.

À travers leur découverte culinaire, les voyageurs espèrent ainsi vivre des expériences vivantes les aidant à découvrir les histoires cachées derrière chaque spécialité locale. Ces dernières années, bon nombre d’agences de voyages vietnamiennes ont ainsi commencé à lancer des activités interactives aux touristes telles que des circuits de cuisine (food tours) dans lesquels ils font les achats et cuisinent eux-mêmes les plats locaux avec l’aide d’un guide. Ces circuits comprennent également des visites à des marchés locaux et villages artisanaux.

Cependant, selon Nguyên Thuong Quân, président de l’Association des chefs de cuisine du Vietnam, les circuits culinaires ne commencent à se développer que dans certaines villes touristiques comme Hanoï, Hô Chi Minh-Ville, Dà Nang et Hôi An (province de Quang Nam, Centre). D’autres localités, malgré leur riche potentiel, ne se sont pas encore mises à la page.

D’après plusieurs entreprises de services culinaires, pour qu’un plat soit à la fois apprécié, délicieux et attrayant pour les visiteurs étrangers, il est nécessaire qu’un certain nombre de critères soit rempli. Il faut notamment des ingrédients sûrs et de qualité, mais également une introduction intéressante sur l’origine du plat, son identité, son effet nutritif et, notamment, son histoire liée aux us et coutumes locaux. En effet, trop souvent "lors des visites, la présentation de la recette ainsi que du contexte historique et culturel du plat est négligé", affirme un représentant d’un voyagiste de Hô Chi Minh-Ville.

Lê Minh Ty, propriétaire de la halte touristique de Rach Gôc-Tu Ty, dans le hameau de Tam Hiêp, province de Cà Mau (Sud), partage le succès de ses circuits alimentaires : "Les touristes sont invités à séjourner dans un habitat au milieu des mangroves. Sur place, ils peuvent déguster des spécialités de Cà Mau, tel que le +thòi lòi+ grillés au sel pimenté, notamment. Le +thòi lòi+ (periophthalmodon schlosseri) est une espèce de poisson d’eau salée typique de Cà Mau. En écoutant la présentation de ses caractéristiques, les touristes sont généralement agréablement surpris et expriment souvent le désir de se rendre dans une forêt de mangrove pour aller les voir eux-mêmes. En effet, ce poisson sait notamment se cacher dans les terriers profonds des rivières, se déplacer rapidement dans la boue. Il est également capable de trouver sa proie dans les marais asséchés, et même de grimper aux arbres... !".

Le "bánh mì" vietnamien figure
Photo : Hà Ngô/CVN

La promotion à l’étranger doit être poursuivie

Le secteur touristique est appelé à proposer des plans concrets pour exploiter au mieux la gastronomie au service de son développement dans les années à venir. D’après le Docteur Vu Nam, directeur adjoint du Département du marché touristique de l’Administration nationale du tourisme, il faut que le secteur se coordonne avec des artisans culinaires et l’Association des professionnels en vue de sélectionner un ou plusieurs plats et boissons typiques aux recettes simples et adaptées au goût des étrangers pour en faire des emblèmes culinaires vietnamiens, à l’image du sushi japonais, du kimchi coréen ou de la pizza italienne. Toujours d’après lui, les spécialités culinaires au service des touristes doivent avoir une histoire liée étroitement à un terroir en vue de leur offrir des expériences riches et inoubliables.

"Les circuits gastronomiques dans lesquels sont intégrés des cours de cuisine et où les touristes sont invités à préparer un plat dont les ingrédients ont été achetés par leurs soins à un marché local seront très attractifs", affirme-t-il.

Vu Nam a souligné également la nécessité de créer une base de données sur le tourisme culinaire. De plus, "dans l’avenir, l’État pourra construire un musée culinaire vietnamien où seront exposés les plats typiques des 54 ethnies, ainsi que leurs recettes et leur art de dégustation. Il s’agira d’une destination alors incontournable pour les étrangers se rendant au Vietnam". En outre, selon M. Nam, les activités de promotion du tourisme culinaire à l’étranger devront être renforcées via des clips vidéos sur les chaînes de télévision nationales et internationales, lors de festivals et journées culturelles organisés à l’étranger et autres foires et festivals culinaires régionaux. Il s’agit de canaux de communication efficaces.

Chaque pays possède ses propres spécialités culinaires, imprégnées de ses valeurs culturelles et traditionnelles. La gastronomie d’un pays ou d’une région est spéciale, mais qu’elle soit savoureuse ou non, cela dépend naturellement du goût de chacun. Toutefois, ce que le secteur du tourisme vietnamien peut faire, et bien faire, c’est de savoir bien raconter aux touristes l’histoire qui se cache derrière chaque plat afin qu’ils puissent pleinement saisir la quintessence de la cuisine vietnamienne.

Linh Thao/CVN

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