Hô Chi Minh-Ville et sa nouvelle stratégie orientée vers la mer

La mégapole du Sud cherche à mieux exploiter sa façade littorale à travers l’espace économique maritime du district de Cân Gio. Un tournant qui pourrait lui permettre de diversifier ses sources de croissance à l’avenir.

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Le district côtier de Cân Gio jouera un rôle important dans le développement économique maritime de Hô Chi Minh-Ville.

Après des décennies de développement, Hô Chi Minh-Ville, le plus grand centre économique du pays, reconnaît qu’elle risque de voir son essor se ralentir, non seulement par rapport aux provinces voisines dynamiques, mais aussi à certaines autres grandes villes du pays. Mais la mégapole du Sud a de nombreux atouts dans sa manche, comme le potentiel de l’économie maritime. C’est ce qu’ont souligné des experts lors d’un colloque au sujet de sa vision économique maritime, organisé fin mars à Hô Chi Minh-Ville.

La locomotive du Sud en perte de vitesse

D’après le Pr. associé-Dr. Luu Thê Anh, directeur de l’Institut des ressources naturelles et de l’environnement (Université nationale de Hanoï), la position de leader national de Hô Chi Minh-Ville est de plus en plus remise en question. Car d’autres villes et provinces comme Hanoï, Dà Nang (Centre), Binh Duong et Dông Nai (Sud), pour n’en citer que quelques-unes, se développent encore plus rapidement. "Hanoï a enregistré ces 20 dernières années une croissance économique moyenne de 9,5% par an, soit un point de pourcentage supérieur à celle de Hô Chi Minh-Ville. En conséquence, le PIB de la capitale représente maintenant 13,6% de l’économie nationale, contre seulement 8,2% il y a 20 ans, lui permettant de combler remarquablement l’écart entre elle et la mégapole du Sud", cite-t-il en exemple.

Selon M. Thê Anh, bien que Dông Nai, Binh Duong (Sud), Hai Phong, Quang Ninh, Vinh Phuc et Thai Nguyên (Nord) ne soient pas de véritables rivales pour Hô Chi Minh-Ville, elles sont aujourd’hui capables de la concurrencer dans certains indices économiques. C’est le cas pour l’Indice de compétitivité au niveau provincial (PCI) de la période 2017-2019 où Hô Chi Minh-Ville a été éjectée du Top 10 et s’est retrouvée positionnée seulement à la 14e place.

Dans une perspective plus large, en Asie de l’Est, lorsque l’on prend en compte deux critères importants que sont la compétitivité et la qualité de vie, la mégapole du Sud du Vietnam se classe toujours en bas de la liste des 13 villes régionales qui ont une population et une superficie équivalentes. Compte tenu des problèmes chroniques de plus en plus graves qui entravent la croissance globale, le déclin de Hô Chi Minh-Ville dans la hiérarchie risque de s’aggraver.

Pour protéger son prestige de locomotive économique du pays, la mégapole du Sud doit valoriser son rôle de chef d’orchestre dans la connexion économique régionale avec ses six provinces voisines que sont Dông Nai, Binh Duong, Bà Ria-Vung Tàu,  Tây Ninh, Long An et Tiên Giang, ainsi que Binh Phuoc (Sud) et Binh Thuân (Centre).

En outre, les experts constatent qu’au cours de son développement économique, Hô Chi Minh-Ville a ignoré au fil des ans son potentiel en termes d’économie maritime. Forte en réseaux de voies navigables et de ports existant depuis des centaines d’années, la ville ne se repose pourtant aujourd’hui que sur les fleuves Saigon, Dông Nai et Soài Rap pour exploiter l’économie maritime. En particulier, son district côtier de Cân Gio est en grande partie laissé de côté.

Exploiter les atouts maritimes de Cân Gio

Hô Chi Minh-Ville a une position offrant de nombreux avantages économiques en Asie du Sud-Est. En tant que point central et porte d’entrée de la Région économique clé du Sud, elle pourrait devenir le centre financier de la région Asie du Sud-Est dans une ou deux décennies. Si cette orientation est soutenue par le gouvernement, son développement en la matière ne doit pas éclipser ses autres potentialités. C’est le cas notamment des opportunités qu’offre son positionnement par rapport aux voies maritimes.

Mise en chantier du pont Binh Khanh reliant deux districts de Nhà Bè et Cân Gio.
Photo : VNA/CVN
Photo : VNA/CVN

"Le XXIe siècle est celui de la mer et de l’océan. Dans ce contexte, la ville a un fort potentiel de développement lié à ses systèmes portuaires parmi les plus grands du pays, tels que Cat Lai, Cai Mép-Thi Vai, Hiêp Phuoc-Long Thành et notamment le district côtier de Cân Gio", affirme Luu Thê Anh.

D’après le Pr. Dang Hùng Vo, ancien vice-ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, la mégapole du Sud doit identifier les enjeux clés de son économie maritime sur la base de sa position géographique. Selon lui, la valorisation du district côtier de Cân Gio est un moyen indispensable pour orienter vers la mer. "Développer l’économie maritime à travers Cân Gio permettra à Hô Chi Minh-Ville de reprendre son essor", estime-t-il. En effet, l’exploitation des avantages de la position de Cân Gio pourrait agir comme un tournant dans le modèle de développement adopté par Hô Chi Minh-Ville.

Ainsi, celle-ci pourrait passer d’une économie basée sur la terre à une économie basée sur l’océan, comme l’explique Vo Van Hoan, vice-président du Comité populaire municipal : "Dans la Région économique clé du Sud, Cai Mép-Thi Vai (province de Bà Ria-Vung Tàu) a été choisi comme le port international en eau profonde. Si l’on considère Hô Chi Minh-Ville comme une ville maritime moderne, Cân Gio est la seule zone adjacente à ce port et aussi à la mer. C’est un point de connexion des petits ports fluviaux et maritimes. Cân Gio, en plus de sa fonction d’être une zone de mangroves, est également un espace favorable à la construction de stations urbaines marines associées au tourisme maritime".

Situé à environ 50 km du centre-ville, Cân Gio est le seul district de la mégapole du Sud en bordure de la mer, avec 23 km de côtes allant du sud-ouest au nord-est. Sa baie du même nom est la rencontre de principaux estuaires des fleuves Long Tàu, Cai Mép, Thi Vai et Soài Rap se jetant dans l’océan. C’est aussi la porte d’entrée des grands ports comme Cai Mép-Thi Vai et Hiêp Phuoc. Doté d’une superficie naturelle de plus de 71.300 ha, dont plus de 70% de mangroves, de fleuves et d’arroyos, Cân Gio dispose de riches ressources naturelles. Dans l’avenir, la mégapole du Sud pourrait ainsi en faire une ville tournée vers l’écotourisme maritime.

Linh Thao/CVN

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