Et le plus étonnant, disent ses nombreux admirateurs, c'est que ça marche. Bien que Tokyo écrase les autres mégapoles, comme Bombay, Mexico, Sao Paulo et New York, elle a moins de pollution, de nuisances sonores, d'embouteillages, de détritus ou de criminalité, et offre de nombreux espaces verts et un réseau de transport public extrêmement dense, aux trains ponctuels.
L'écrivain américain Donald Richie, installé à Tokyo depuis 1947 et auteur de l'ouvrage Tokyo Megacity , qualifie la riche capitale japonaise de "mégapole vivable" .
Beaucoup de visiteurs s'émerveillent de la politesse et de la civilité des Tokyoïtes.
Dans le métro, la grande majorité des voyageurs respectent les règles de la courtoisie, arrêtent la sonnerie de leur téléphone portable, ne l'utilisent pas pour appeler et rapportent leurs ordures chez eux pour les recycler.
Dans les escaliers et couloirs du métro, les millions de voyageurs suivent des lignes tracées au sol et se croisent sans se bousculer même à l'heure de pointe, puis attendent en file sur les quais pour monter dans les rames.
Dans les rues, si par hasard une épaule ou un coude heurte un passant, ce ne sont pas des injures qui sont échangées mais des excuses de part et d'autre.
La circulation automobile est fluide la plupart du temps, car seuls les propriétaires d'un garage ou d'une place de parking peuvent posséder une voiture.
La topographie particulière de l'archipel, constitué de volcans et de montagnes, a contraint la population à se concentrer sur les plaines côtières. Tout est fait pour améliorer la vie quotidienne des gens et leur permettre de vivre ensemble.
Tokyo a connu son heure de gloire lorsque le Japon était au sommet de sa puissance économique, dans les années 80 et jusqu'à l'éclatement de la "bulle" au début des années 90, mais son image n'a pas vraiment changé, ni d'ailleurs les prix astronomiques qui font fuir certains touristes.
Une étude réalisée par le cabinet d'expert-conseil Mercer classe Tokyo au deuxième rang en Asie derrière Singapour sur le plan de la qualité de vie, mais seulement au 40e rang mondial, devancée par des villes européennes ou nord-américaines, comme Vienne et Vancouver.
Le magazine branché londonien, Monocle, est moins sévère. La semaine dernière, il a classé la capitale japonaise au 9e rang mondial.
"Si vous regardez simplement Tokyo, vous vous dites que ça ne devrait pas marcher avec tellement de gens vivant ensemble, et pourtant, ça marche" , écrit leur correspondante en Asie, Fiona Wilson. "Ce serait un problème n'importe où ailleurs" .
"Ce ne sont pas simplement les superbes trains. Ca dépasse le côté fonctionnel. Ce sont le service, la nourriture, les restaurants, les magasins. Tout est fantastique" .
Le guide Michelin a couronné Tokyo comme la capitale gastronomique mondiale, lui accordant plus de trois étoiles qu'à Paris.
Colin Liddell, qui écrit pour le magazine Tokyo Metropolis, estime que la réussite de la ville est due à "la texture de la culture japonaise" , notamment une tendance à rechercher l'harmonie plutôt que le conflit.
"Une femme vêtue d'un manteau de vison n'aurait pas de problèmes à fréquenter des végétariens radicaux et des défenseurs des animaux" , dit-il.
"C'est juste un écosystème intellectuel différent et un concept de l'autre qui par magie désamorce les conflits que nous jugeons inévitables en Occident" .
Que vous l'aimiez ou la détestiez, la dimension de Tokyo impressionne. Si c'était un pays, elle se classerait au 35e rang mondial en termes de population.
Au centre de cette conurbation qui regroupe des villes satellites comme Yokohama, règne le gouvernement de la ville proprement dite de Tokyo, peuplée de 13 millions d'habitants, avec un budget équivalent, selon le journal Japan Times, à celui de l'Arabie Saoudite.
L'an dernier, Tokyo a lancé le premier marché du carbone d'Asie et la municipalité s'est engagée à réduire de 25% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020 par rapport aux niveaux de l'an 2000.
AFP/VNA/CVN