L'Union européenne a pris en 2008 trois engagements pour 2020 au titre de la lutte pour le climat : réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990, utiliser 20% d'énergies renouvelables et réaliser 20% d'économies grâce à l'efficacité énergétique.
Trois ans plus tard, la Commission dresse un constat d'échec pour l'efficacité énergétique. L'Union européenne n'a réalisé que 3% de son objectif en 2010, car aucune contrainte n'a été imposée aux États, et si rien n'est fait pour renverser cette tendance, elle ne réalisera que 9% de son objectif en 2020.
Le commissaire en charge de l'Énergie, Günther Oettinger, a exposé le 22 juin une stratégie en "deux temps" pour inciter les États à respecter leurs engagements. "Dans un premier temps, pendant les années 2012 et 2013, nous laissons les États agir avec des mesures volontaires. Mais si nous ne constatons aucun progrès significatif à la fin de l'exercice, alors nous mettrons en place en 2014 des mesures contraignantes" , a-t-il expliqué.
Tout le monde doit être impliqué dans l'effort, les particuliers, les pouvoirs public et les industriels, a-t-il souligné.
Le bâtiment, qui consomme 40% de l'énergie dans l'UE, est le terrain d'action privilégié grâce aux techniques d'isolation. "12% des bâtiments dans l'UE appartiennent au secteur public, mais seulement 1,5% sont aménagés chaque année pour répondre aux objectifs d'efficacité énergétique" , a-t-il souligné.
Le commissaire préconise de doubler l'effort et d'aménager 3% des bâtiments publics chaque année, ce qui permettrait aux pouvoirs publics de montrer l'exemple aux particuliers.
M. Oettinger reconnaît que la stratégie à un coût. "Chaque investissement nécessite une prise de responsabilité et chacun doit apporter sa part" , a-t-il affirmé. "Quand nous investissons pour plus d'efficacité énergétique dans des bâtiments, nous le faisons pour les générations futures, car les bénéfices se feront sentir dans 20 ou 30 ans" , a-t-il souligné.
Cette stratégie doit permettre de créer deux millions d'emplois d'ici à 2020 et réduire de 1.000 euros par an les factures énergétiques de chaque citoyen.
Elle peut en outre permettre à l'UE de porter à 25% la réduction des émissions de CO2 de l'UE en 2020, a souligné la commissaire chargée du Climat, Connie Hedegaard. Mais elle comporte toutefois un revers. Si les entreprises investissent pour réduire leur consommation d'énergie, elle auront moins besoin de permis de polluer qu'elles devront acheter à partir de 2013. Cela aura deux conséquences liées : une chute du prix de la tonne d'équivalent CO2 négociée actuellement à 16 euros, et donc une perte de recettes pour les budgets nationaux.
La Commission européenne suggère en conséquence de "mettre de côté" un certain nombre de permis pour les raréfier et maintenir un prix élevé pour la tonne de CO2. Mais aucun chiffre n'a encore été arrêté, a-t-on précisé.
AFP/VNA/CVN