Un projet d'université privée à l'Américaine fait débat en Grande-Bretagne

Un projet de faculté privée sur le modèle des universités américaines, qui emploie des célébrités dans leur discipline et entend concurrencer l'université publique, suscite un vif débat au Royaume-Uni.

Le professeur de philosophie Anthony Grayling, une pointure dans son domaine, a créé une véritable onde de choc dans l'éducation en annonçant début juin l'ouverture en 2012 d'une faculté privée enseignant les "humanités" : droit, économie, histoire, littérature et philosophie.

La nouvelle faculté a pour ambition d'offrir un enseignement individualisé que les meilleures universités, comme Oxford et Cambridge, peinent à proposer à leurs étudiants.

Son site Internet assure que chaque élève bénéficiera d'un tutorat en tête-à-tête, ce qui est "devenu une rareté même à Oxford et Cambridge".

Toutefois, le "New College of the Humanities in London", s'il préparera les étudiants aux diplômes nationaux, ne sera pas en mesure de les dispenser lui-même, n'ayant pas un statut officiel d'université, a précisé un porte-parole du département en charge de l'enseignement supérieur. Ses frais d'inscription culmineront à 18.000 livres par an (20.400 euros), soit le double du nouveau plafond autorisé aux universités britanniques, qui viennent déjà de doubler, voire de tripler leurs droits. Mais ses concepteurs s'engagent aussi à aider financièrement un nombre significatif d'étudiants.

Le "New College of the Humanities in London" a déjà annoncé la participation au corps enseignant de 14 professeurs reconnus. Mais d'autres personnalités du monde éducatif ont vigoureusement protesté contre le projet, à l'instar de Terry Eagleton, professeur de littérature anglaise et critique littéraire. "Si un modèle d'université d'inspiration libérale à l'américaine de ce type s'installe en Grande-Bretagne, il risque de reléguer le modèle des Universités publiques au second plan", a-t-il écrit dans le quotidien The Guardian.

Une trentaine de collègues d'Anthony Grayling à la faculté de Birkbeck (Londres), qu'il abandonne pour réaliser son nouveau projet, ont dénoncé dans le quotidien de gauche un "projet opportuniste" qui va "accélérer le déclin de la réputation d'excellence des universités britanniques".

"C'est une arnaque", a déclaré Martin Frost, professeur de géographie à Birkbeck College : "tôt ou tard, les gens vont se rendre compte que ce n'est pas un bon produit", assure-t-il, rappelant que la faculté ne délivrera pas de diplômes nationaux reconnus.

Le tarif élevé affiché a particulièrement choqué, alors que les universités publiques viennent d'être autorisées à porter leurs frais d'inscription jusqu'à 9.000 livres par an pour compenser le désengagement de l'État. Le projet privé, dans la foulée de la baisse du financement par l'État des universités publiques, nourrit les craintes de privatisation de l'enseignement supérieur.

Certaines personnalités ont pourtant pris fait et cause pour le projet, qui se prévaut de l'apport de plusieurs millions de livres par des investisseurs privés.

Le biologiste et théoricien de l'évolution Richard Dawkins, un ardent défenseur de la pensée rationaliste et de l'athéisme comme Grayling, et l'historien de l'économie Niall Ferguson ont rejoint le projet. Et le maire de Londres, Boris Johnson, s'est félicité de l'apport "de plus d'argent dans l'enseignement des humanités et de la formation de nouvelles élites".

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top