En Asie, un tsunami de population déferle vers les villes

La Terre passera avant la fin de l'année le seuil des sept milliards d'habitants, le 31 octobre selon l'ONU. L'enfant qui en sera responsable naîtra probablement dans une ville asiatique, sous l'effet du mouvement d'urbanisation sans précédent dans l'histoire que connaît le continent.

Un "tsunami de population" déferle sur les villes d'Asie en quête de travail et dans l'espoir d'une vie meilleure, selon la Banque asiatique de développement (ADB). 43% de la population de l'Asie-Pacifique est citadine et six des dix plus grandes mégapoles de la planète sont en Asie, selon l'ONU.

Et ce n'est qu'un début : en 2022, pour la première fois, il y aura plus d'Asiatiques vivant dans les agglomérations que dans les campagnes, selon l'ADB. En moins de 20 ans, près d'1,1 milliard d'habitants vont migrer vers les villes, soit 137.000 personnes par jour.

Les défis pour les autorités sont immenses pour conjuguer à la fois développement économique, urbanisme et création de services publics, réduction de la pauvreté, prévention des catastrophes et préservation de l'environnement.

Pour faire face à ce raz-de-marée humain, l'Inde à elle seule va devoir construire l'équivalent d'une ville comme Chicago chaque année pour offrir suffisamment de logements et de commerces aux migrants, selon une étude de l'institut de recherche McKinsey Global (MGI).

En Chine, pas moins d'une centaine de nouvelles villes vont entrer dans la liste des 600 plus grands centres urbains qui génèrent 60% du Produit intérieur brut (PIB) mondial au cours des 15 prochaines années, toujours selon MGI.

Si ces mouvements de masse inéluctables engendrent des problèmes colossaux de logement, d'embouteillage, de pollution ou de criminalité, le progrès social et économique est toujours venu des villes, rappellent les experts. "Les villes représentent le centre de l'administration politique, le lieu où l'information et le savoir sont rassemblés, et d'où se répandent les idées", explique le démographe australien Bernard Salt.

Autrefois considéré comme négatif parce qu'il déracinait les individus, les coupait de la solidarité familiale, et fabriquait des bidonvilles, l'exode rural a été aussi un levier de développement car les villes offrent plus d'opportunités.

Dans les pays pauvres, la ville "offre le chemin le plus évident de la pauvreté vers la prospérité", souligne l'économiste américain Edward Glaeser, professeur à Harvard, dans son dernier ouvrage sur "le triomphe des villes". Mais "la transition d'un monde rural à un monde urbain ne conduit pas automatiquement à la prospérité d'une classe moyenne, beaucoup sont laissés au bord de la route", tempère M. Salt.

L'Asie n'échappe pas à ce schéma, avec des villes "où la pauvreté et les disparités sont plus concentrées et visibles", relève la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie-Pacifique. "Plus de 40% des habitants des villes d'Asie-Pacifique vivent dans des bidonvilles, sans accès aux services de base, au logement ou à des revenus".

Impossible de ne pas être choqué devant les immenses bidonvilles de Manille, New Delhi ou Dacca, où les détritus s'amoncellent et où les plus pauvres n'ont d'autre choix que de mendier.

Si les villes concentrent les problèmes, elles concentrent aussi les solutions : écoles, hôpitaux, services publics. "Les succès des villes contre les maladies et la criminalité leur ont permis de devenir des lieux à la fois de divertissement et de productivité. L'échelle urbaine permet de faire face aux coûts fixes des théâtres, musées et restaurants", souligne encore l'économiste.
"En Asie en général, en Chine, à Hong Kong et Singapour, la croissance et l'urbanisation se sont accompagnées d'une amélioration de la qualité de vie",
relève Ricky Burdett, spécialiste des villes à la London School of Économics (LSE), qui se dit "incroyablement optimiste pour les villes".
Les citadins auront plus de chances d'accéder à l'instruction que les habitants des campagnes, et "l'éducation détermine tout, c'est le préalable du bien-être économique et social et de la santé", ajoute le chercheur de la LSE.

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