Tokyo fait naître la "forêt de la mer"

Une île-décharge au coeur de la baie de Tokyo, gagnée sur la mer par drainage et enfouissement d'ordures, est transformée en forêt et accueillera des épreuves olympiques de VTT et d'équitation si la capitale obtient les Jeux en 2016.

Le projet de "forêt de la mer", emblématique de la candidature de la capitale japonaise, vise à créer un bois ex nihilo. Un massif de 88 hectares aura vu le jour en 2016, à une demi-douzaine de kilomètres du nouveau stade olympique et à une dizaine du palais impérial.

"En survolant Tokyo il y a 3 ans pour préparer la candidature aux JO, j'ai remarqué un énorme tas d'ordures. J'ai voulu transformer cette décharge en forêt", raconte le célèbre architecte japonais Tadao Ando, concepteur du projet, lors d'un entretien à l'AFP.

Autrefois située sous le niveau de la mer, la zone en question a été sortie des flots par des travaux de drainage dans les années 70 et 80, jusqu'à former une petite île. Des détritus produits et retraités par la plus grande ville du monde y ont été entreposés, via la méthode "du sandwich" : une couche de déchet, une couche de terre, etc., jusqu'à la pose du sol final.

"Le Japon était jadis couvert de forêts, mais nous en avons tellement brûlées qu'elles ont diminué", rappelle M. Ando. "La Terre est par ailleurs confrontée au problème des déchets. Voilà pourquoi j'ai voulu montrer que l'on pouvait transformer des détritus en forêt !".

Une souscription est lancée : en versant 1.000 yens (7,5 euros), un citoyen finance une pousse. Quelque 400.000 des 500.000 donations attendues ont déjà été versées, pour autant d'arbres plantés ou sur le point de l'être, 2 ans après le début du boisement.

"Nous voulons qu'un demi-million de personnes aient le sentiment que cette forêt leur appartient", souligne l'architecte. Les espèces choisies, comme le hêtre ou le laurier, grandissent vite et certains arbustes atteignent déjà 6 mètres. D'autres, tout juste repiquées, mesurent à peine 30 cm et font l'objet de soins attentifs des jardiniers.

"On les arrose 2 fois par semaine", précise Takanori Oomura, en dirigeant son jet d'eau sur les végétaux impeccablement alignés. De l'écorce d'arbres est déposée sur le sol pour devenir compost et enrichir le sol par recyclage naturel : "la terre noire est excellente pour la croissance des arbres", souligne M. Oomura. Les cailloux du chemin forestier viennent des restes de vieux immeubles détruits.

Au-delà, les concepteurs assurent que les vents du large, refroidis par leur passage dans la forêt, abaisseront la température de Tokyo. Comme tous les grands ensembles, la cité voit le réchauffement climatique aggravé par le phénomène d'"îlot de chaleur urbain".

Son gouverneur Shintaro Ishihara a promis de rafraîchir la ville en posant 1.000 hectares d'espaces verts d'ici 2016 dans le cadre d'un vaste plan sur 10 ans destiné à revigorer la capitale.

Les Jeux de Tokyo seraient même les plus écologiques de l'histoire, assurent ses défenseurs, bien que le Japon ne soit pas exemplaire en la matière.

La quantité de CO2 émise dans l'archipel en 2007 a ainsi augmenté de 8,7% par rapport à 1990, alors qu'il devrait réduire de 6% ses émissions de gaz à effet de serre entre cette année de référence et la période 2008-2012, selon le protocole de Kyoto.

AFP/VNA/CVN

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