La crise de l'emploi pourrait durer de 6 à 8 ans

Le directeur général de l'OIT, Juan Somavia, a exhorté le 3 juin les 183 membres de l'organisation à conjurer les années de vaches maigres qui s'annoncent sur le front social en raison de l'explosion du chômage.

"Le monde peut avoir devant lui une crise de l'emploi et de la protection sociale d'une durée de 6 à 8 ans" avant de retrouver les niveaux d'emploi d'avant la crise, a averti M. Somavia en ouvrant à Genève la Conférence annuelle de l'Organisation internationale du travail (OIT). "Il y a de premiers signes bienvenus que la récession ralentit, que la chute libre freine", a reconnu M. Somavia pour qui, cependant, "les leaders politiques n'ont pas prêté suffisamment d'attention aux implications humaines et sociales du décalage" entre récupération économique et reprise du marché de l'emploi.

Pourtant, le monde aurait besoin de créer environ 300 millions de nouveaux emplois d'ici 2015 ne serait-ce que pour absorber l'arrivée sur le marché du travail de 45 millions de personnes supplémentaires chaque année, a relevé M. Somavia. "Le manque d'emploi et de protection sociale nourrit l'instabilité. Les ferments de la violence, de l'agitation sociale, de la tourmente politique prolifèrent", a mis en garde le directeur général de l'OIT en faisant appel à une "solidarité minimum avec les personnes les plus vulnérables". "Nous ne pouvons pas reprendre les affaires comme si rien de rien n'était", a averti M. Somavia. "Les sentiments d'injustice montent. L'économie mondiale a déraillé. Certains s'étaient endormis aux commandes, mais nous sommes tous accidentés", a-t-il commenté en demandant aux membres de l'OIT, réunis jusqu'au 19 juin à Genève, d'adopter un "Pacte mondial pour l'emploi".

Élaboré par le secrétariat de l'organisation, le Bureau international du travail (BIT), le projet préconise par exemple d'organiser des consultations tripartites (États, employeurs, syndicats) sur les politiques de reprise, de porter une attention soutenue au chômage des jeunes, à la protection des droits des travailleurs, d'investir dans l'économie verte, de privilégier le dialogue social lors des restructurations d'entreprises et de respecter les travailleurs migrants.

La crise sociale va donc être au cœur de tous les débats de la conférence, qui entendra notamment le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ainsi que le Polonais Lech Kaczynski ou encore l'Argentine Cristina Kirchner, parmi les invités du mini-sommet sur la crise du 15 au 17 juin.

AFP/VNA/CVN

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