Tirs intenses à Abidjan, massacres dans l'Ouest de la Côte d’Ivoire

La bataille d'Abidjan s'est poursuivie le 2 avril avec d'intenses tirs à l'arme lourde près des derniers bastions du président sortant Laurent Gbagbo, dont les forces ainsi que celles de son rival Alassane Ouattara sont accusées par l'ONU de massacres dans l'Ouest.

Selon la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI), 330 personnes ont été tuées en début de semaine à Duékoué, dans l'Ouest du pays, "la plupart" par des éléments des forces pro-Ouattara.

Parmi ces 330 victimes, plus de 100 ont été tuées par des mercenaires de M. Gbagbo avant que la ville ne tombe le 29 mars entre les mains des Forces républicaines de M. Ouattara, qui contrôlent la quasi-totalité du pays, à l'exception de certains secteurs d'Abidjan, après leur offensive du 28 mars.

Ces tueries comptent parmi les plus graves depuis une décennie de crise politico-militaire.

La France, avec Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, en a appelé "solennellement aux parties ivoiriennes pour qu'elles s'astreignent à la plus grande retenue et s'abstiennent strictement de toute violence à l'encontre des civils".

À Abidjan, des tirs nourris d'armes lourdes, notamment de mortiers, ont été entendus le 2 avril à partir de la mi-journée dans le quartier du Plateau, où se trouve le palais présidentiel. En soirée, la situation était redevenue calme. Les combats de la journée n'ont, semble-t-il, guère fait bouger les lignes.

Le palais est l'un des derniers bastions des forces pro-Gbagbo dans la capitale économique.

Quatre Casques bleus de l'ONUCI ont été "grièvement blessés" le 2 avril "dans les environs" du Plateau par des militaires de Laurent Gbagbo, selon la mission onusienne.

D'intenses tirs à l'arme lourde ont retenti aussi près du camp militaire d'Agban, dans le quartier d'Adjamé (Nord), selon un journaliste de l'AFP.

Le camp Gbagbo avait affirmé le 1er avril repoussé une première offensive des forces de son rival sur le palais présidentiel et la résidence de M. Gbagbo, précisant avoir également repris le contrôle de la télévision d'État RTI.

Le signal a été rétabli dès les 1er et 2 avril des militaires fidèles au président sortant ont appelé à l'antenne à la mobilisation des troupes pour la "protection des institutions de la République".

Quant au président sortant, son entourage assure qu'il se trouve avec sa famille dans sa résidence de Cocody (Nord) et qu'il n'a nullement l'intention d' "abdiquer". Les appels pour son départ se multiplient pourtant.

L'ONU accuse les deux camps de massacres

Dans de nombreux quartiers de la métropole, les pillages se poursuivaient et la panique s'emparait d'habitants. Plus de 1.500 étrangers, dont 700 Français, étaient regroupés le 2 avril dans le camp militaire français de Port-Bouët à Abidjan, selon l'armée française.

Le gouvernement Ouattara a prolongé le couvre-feu imposé depuis le 31 mars, 12h00 (locales et GMT) à 06h00 du 4 avril. Si Abidjan était toujours le 2 avril une zone de guerre, la situation dans l'Ouest du pays en début de semaine était terrible.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a affirmé qu' "au moins 800 personnes" avaient été tuées le 29 mars lors de "violences intercommunautaires" à Duékoué.

Le CICR n'a pas désigné les auteurs de ces tueries, pas plus que l'ONG catholique Caritas, qui a fait état de son côté d' "un millier de personnes tuées ou portées disparues".

L'ONUCI a annoncé un bilan très provisoire nettement moindre, et accusé les camps Ouattara et Gbagbo. "Il y a eu 330 personnes tuées à Duékoué du 28 au 30 mars", soit juste avant et juste après la prise le 29 mars de la ville par les forces pro-Ouattara, a déclaré Guillaume N'Gefa, chef adjoint de la Division des droits de l'homme de l'ONUCI, citant des "rapports préliminaires".

La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) affirme pour sa part que "plus de 800 personnes ont été exécutées" à Duékoué, non en un seul jour comme le dit le CICR, mais depuis le second tour de la présidentielle le 28 novembre 2010, acte de naissance de cette crise.

AFP/VNA/CVN

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