Syrie : les Kurdes repoussent un nouvel assaut de l'EI pour isoler Kobané

Les forces kurdes ont repoussé samedi 18 octobre à Kobané un nouvel assaut du groupe État islamique (EI) visant à couper la ville syrienne de la frontière turque, alors que l'armée en Irak voisin tentait de gagner du terrain face aux jihadistes.

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La coalition internationale dirigée par les États-Unis a mené 25 raids en 48 heures contre ce groupe sunnite responsable d'atrocités en Syrie et en Irak, visant notamment ses positions près de Kobané et des infrastructures pétrolières sous son contrôle.

Des blindés de l'armée turque prennent position face à la ville syrienne de Kobané le 18 octobre.

Tout en parlant de signes "encourageants" à Kobané, où la progression des jihadistes a été freinée, Washington a souligné que les raids pourraient ne pas empêcher sa chute et répété que "la priorité des États-Unis" était l'Irak où l'armée est toujours à la peine face aux jihadistes surtout dans l'Ouest.

Plusieurs obus de mortier ont visé le poste-frontière syrien tout près du côté nord de Kobané, unique route d'approvisionnement pour les combattants kurdes et seule voie de sortie pour les civils, a indiqué le responsable kurde, Idris Nassen.

Trois obus ont touché le territoire turc, l'un d'eux à côté d'une colline où est stationnée l'armée d'Ankara à environ un km du front de Kobané, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Au total, 26 obus tirés par l'EI sont tombés sur les quartiers nord de Kobané et à proximité de la frontière, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Malgré ce bombardement, la principale milice kurde syrienne des YPG (Unités de protection du peuple) a réussi à repousser l'assaut jihadiste lancé depuis l'est pour atteindre le poste-frontière, a déclaré M. Nassen. L'EI "veut progresser pour (le) contrôler, mais les YPG ripostent".

Devenue le symbole de la résistance face à l'EI, la ville de Kobané, dans le Nord syrien, est assiégée par les jihadistes au Sud, à l'Est et à l'Ouest.

Infrastructures pétrolières visées

Face à la résistance acharnée des forces kurdes et aux frappes de la coalition -plus de 100 depuis fin septembre-, l'EI, qui a subi de lourdes pertes, a envoyé des renforts à Kobané "en hommes, munitions et équipements" depuis les provinces d'Alep et de Raqa (nord), son bastion en Syrie, selon l'OSDH.

Des membres présumés du groupe de l'État islamique sur une colline à l'ouest de Kobané, en Syrie le 18 octobre.

Depuis le 16 septembre, "la bataille de Kobané", a provoqué environ 700 morts selon l'OSDH et poussé à la fuite plus de 300.000 personnes, dont plus de 200.000 en Turquie et des milliers en Irak.

Les frappes ont en outre visé des infrastructures pétrolières contrôlées par l'EI en Syrie, afin de "dérégler ses sources de financement", selon l'armée américaine.

La contrebande de pétrole est l'une des principales sources de financement des jihadistes qui, selon des experts, pourraient amasser entre un à trois millions de dollars par jour grâce à sa revente à des intermédiaires.

L'EI, dont la montée en puissance a été favorisée par la guerre civile qui ravage la Syrie depuis mars 2011, combat sur d'autres fronts, notamment à Deir Ezzor (est) et près d'Alep contre les forces du régime, ainsi que contre les Kurdes à Hassaka (Nord-Est).

Gouvernement irakien au complet

En Irak, où l'EI contrôle de vastes territoires, les frappes ont visé des positions jihadistes près de Baïji (au nord de Bagdad), où se trouve la principale raffinerie de pétrole et autour du barrage stratégique de Mossoul (Nord).

Alors que l'armée peine à repousser les jihadistes, le Parlement a approuvé les nominations du député sunnite Khaled al-Obaidi à la Défense, et de Mohammed al-Ghabbane, du bloc chiite Badr, à l'Intérieur.

Ces nominations, qui permettent au pays d'avoir enfin un gouvernement au complet, ont été saluées par le secrétaire d'État américain John Kerry qui a salué "un pas en avant très positif". "Il s'agissait de postes cruciaux à attribuer dans le cadre des efforts contre l'EI", a-t-il dit.

Tentant de gagner du terrain, les forces irakiennes ont lancé vendredi plusieurs offensives, dans la région de Tikrit au nord de Bagdad, et dans trois secteurs de Ramadi, partiellement contrôlé par l'EI, dans la province occidentale d'Al-Anbar.

L'Espagne apportera son soutien en Irak où elle enverra 300 militaires à la fin de l'année pour former des troupes irakiennes aux opérations spéciales, au déminage et au maniement d'explosif, a annoncé samedi le ministre espagnol de la Défense, Pedro Morenes, à Washington où il a rencontré vendredi 17 octobre son homologue américain Chuck Hagel.

Les forces américaines pourront également utiliser les bases de Moron et Rota dans le sud de l'Espagne pour le déploiement de ses opérations dans le Nord de l'Irak.

Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI qui compte des dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers y compris occidentaux, est responsable de terribles exactions -viols, rapts, exécutions, décapitations- dans le "califat" qu'il a proclamé sur les vastes régions sous son contrôle en Irak et en Syrie.

Pour lutter contre ce groupe, qualifié de "cancer" par le président Barack Obama, les États-Unis ont exclu l'envoi de troupes au sol, mais cherchent à renforcer l'armée et les forces kurdes en Irak, ainsi que la rébellion et les Kurdes en Syrie.

AFP/VNA/CVN

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