Syrie : les jihadistes avancent dans Kobané, les raids jugés insuffisants

Les combattants jihadistes ont avancé mercredi 8 octobre dans Kobané et reçu des renforts en hommes et en équipements, malgré les frappes de la coalition internationale jugées insuffisantes par le Pentagone pour sauver cette ville kurde syrienne.

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"Les frappes aériennes à elles seules ne vont pas y arriver, ne vont pas apporter une solution et sauver Kobané", a dit le porte-parole du Pentagone. "Il faudrait des troupes compétentes, des rebelles syriens ou des forces gouvernementales irakiennes, pour parvenir à vaincre" le groupe État islamique (EI).

De la fumée s'élève du centre de Kobané lors de violents combats entre jihadistes et forces kurdes, le 7 octobre en Syrie

La bataille de Kobané, ville à la frontière turque défendue par des forces kurdes moins nombreuses et bien moins armées, a provoqué des émeutes meurtrières dans des provinces à majorité kurdes de Turquie et s'est même exportée en Allemagne avec des violences impliquant des Kurdes.

Malgré les raids des avions de la coalition dirigée par les États-Unis, "les jihadistes ont avancé à partir de l'est en direction du centre de la ville", a indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Ils ont en outre reçu des renforts en hommes et en véhicules blindés Humvees, arrivés aux abords de Kobané qu'ils assiègent, en provenance de la province de Raqa (Nord de la Syrie) sous contrôle de l'EI, a-t-il ajouté.

En soirée, les combats avaient baissé d'intensité, a dit M. Abdel Rahmane, après avoir fait état d'une "intensification des raids de la coalition dans et autour de Kobané" (Aïn al-Arab en arabe), dans la journée. Selon l'armée américaine, six frappes ont visé l'EI.

Craintes "d'horribles atrocités"

Les forces des YPG (Unités de protection du peuple kurde) avaient réussi, à la faveur des frappes, à repousser dans un premier temps les jihadistes entrés lundi 6 octobre à Kobané, selon un responsable local.

Mais ces raids n'ont pas empêché l'EI de lancer une nouvelle offensive dans l'Est pour "reprendre les zones qu'il a perdues", a indiqué l'OSDH, en faisant état d'un attentat suicide au camion piégé de l'EI dans l'est de la ville.

Des chars turcs patrouillent le long de la frontière avec la Syrie, le 8 octobre à Suruc, près de la ville de Kobané

Selon le général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, pour tenter d'éviter les frappes, les jihadistes "deviennent plus adroits dans l'utilisation des appareils électroniques", "ne plantent plus de drapeaux, ne se déplacent plus dans de longs convois et n'établissent pas de QG visibles et identifiables".

Les militants kurdes ont eux aussi estimé que les frappes n'étaient pas suffisantes pour aider leurs forces à repousser les jihadistes.

Ils ont en outre dit craindre des représailles des jihadistes responsables de terribles exactions -viols, exécutions, décapitations et persécutions-dans les vastes régions sous leur contrôle en Syrie et en Irak.

Mustafa Ebdi, militant et journaliste de Kobané, qui a fait état de "plein de cadavres" jihadistes jonchant les rues d'un quartier, a affirmé que des centaines de civils, manquant d'eau et de nourriture, étaient encore dans la ville.

Pour le général Dempsey, "il ne fait aucun doute" que l'EI se livrera "à d'horribles atrocités s'il en a l'occasion".

S'ils réussissaient à conquérir Kobané, les jihadistes s'assureraient le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

Depuis le début de l'offensive jihadiste pour prendre Kobané le 16 septembre, plus de 400 personnes en majorité des combattants ont péri selon l'OSDH, alors que quelque 300.000 habitants de la région ont pris la fuite, dont plus de 200.000 en Turquie.

Zone tampon pas à l'étude

Après le soutien de la France à l'idée turque d'une création d'une "zone tampon" entre la Syrie et la Turquie pour accueillir et protéger les personnes déplacées par le conflit, la Maison Blanche a affirmé que cette question n'était "pas à l'étude pour le moment".

Le président américain Barack Obama devait rencontrer les commandants en chef des forces armées et faire le point sur les frappes en Syrie et en Irak.

Après une visite en Jordanie, le coordonnateur de la coalition internationale, le général américain à la retraite John Allen, et son adjoint Brett McGurk doivent se rendre jeudi  et vendredi les 9 et 10 octobre en Turquie.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a plaidé pour une opération militaire terrestre contre l'EI, mais le scepticisme demeure sur la possibilité de voir ses troupes franchir la frontière alors que les États-Unis ont exclu des troupes au sol.

AFP/VNA/CVN

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