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>>Syrie : les jihadistes au plus près de Kobané, la Turquie aux aguets
Carte de Kobané et des principales avancées des jihadistes du groupe de l'EI sur les forces kurdes. |
Cette ville stratégique kurde située à la frontière de la Turquie, est "sur le point de tomber", a averti le président turc Recep Tayyip Erdogan. "La terreur ne sera pas stoppée tant que nous ne coopérerons pas en vue d'une opération terrestre", a-t-il ajouté devant des réfugiés syriens dans un camp de Gaziantep (Sud).
La progression de l'EI dans le Nord de la Syrie a placé la Turquie en première ligne du conflit. Même si elle n'est pas encore intervenue, son armée a reçu la semaine dernière le feu vert du parlement pour s'engager en Syrie comme en Irak, alors que les États-Unis et les autres alliés de la coalition ont exclu de déployer des troupes au sol.
Trois semaines après avoir lancé leur offensive, les combattants jihadistes ont finalement réussi à entrer lundi 6 octobre dans Kobané (Aïn al-Arab en arabe) en prenant trois quartiers de l'est.
Ils ont ensuite étendu les combats au sud et à l'ouest face à des combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale milice kurde syrienne, bien moins nombreux et moins bien armés qu'eux.
Il s'agit désormais d'"une guérilla urbaine", a indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Son ONG a fait état de plus de 400 morts, en grande majorité des combattants des deux camps, depuis le début de l'offensive jihadiste le 16 septembre.
S'ils réussissaient à conquérir entièrement Kobané (Aïn el-Arab en arabe), la troisième ville kurde de Syrie, les jihadistes s'assureraient le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.
Jusqu'au dernier Kurde
La ville a été vidée ces dernières semaines de la majorité de ses habitants, qui craignent les représailles des jihadistes semant la terreur dans les vastes régions sous leur contrôle en Syrie et en Irak, où ils commettent viols, exécutions et persécutions.
De la fumée s'élève au-dessus de la ville syrienne de Kobané après des frappes aériennes, le 7 octobre. |
Les avions de la coalition dirigée par les États-Unis ont de nouveau bombardé mardi 7 octobre des positions tenues par l'EI dans le Sud-Ouest de Kobané, selon des journalistes de l'AFP à la frontière turque toute proche, qui entendaient le vacarme assourdissant des appareils survolant la ville.
Chacune de leurs frappes déclenche un "bang" puis une épaisse fumée noire. Elle est accueillie par les applaudissements et les cris de joie des quelques dizaines de civils kurdes rassemblés du côté turc pour suivre la progression des combats.
Mais pour le militant Mustafa Ebdi, ces frappes ont jusqu'à présent eu peu d'impact sur l'avancée des jihadistes, qui ont planté les drapeaux noirs de l'EI à une centaine de mètres à l'est et au sud-est de Kobané.
Néanmoins, a-t-il dit, "même s'ils ne possèdent que des armes légères, les combattants kurdes connaissent la géographie de Kobané par cœur. Ils défendront leur ville jusqu'au dernier d'entre eux". Les raids "sont insuffisants pour battre les terroristes au sol", a affirmé un responsable kurde local Idriss Nahsen, réclamant "armes et munitions".
L'exode continue
L'offensive de l'EI, qui a réussi à s'emparer de près de 70 villages sur le chemin de Kobané, a poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont plus de 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.
Pour attirer l'attention sur la bataille de Kobané, plusieurs dizaines de manifestants kurdes ont fait brièvement irruption au Parlement européen à Bruxelles où son président Martin Schulz les a assurés du soutien de l'institution aux " efforts internationaux" pour stopper l'EI.
En Irak, des avions F-16 néerlandais ont lancé leurs premières frappes contre le groupe EI pour venir en aide à des combattants kurdes dans le Nord. Plusieurs pays occidentaux participent à ces raids en Irak où l'armée américaine a utilisé pour la première fois des hélicoptères, ce qui marque une escalade dans la gestion du conflit et expose davantage au danger les soldats américains.
AFP/VNA/CVN