Mexique : deux criminels ont avoué avoir tué 17 étudiants

Le doute sur le sort des 43 étudiants mexicains disparus le 29 septembre à Iguala s'est dramatiquement réduit dimanche 5 octobre : deux membres présumés d'un gang criminel, alliés à des policiers locaux, ont avoué avoir tué 17 d'entre eux, a annoncé un procureur régional.

Iñaky Blanco, procureur de l'État du Guerrero, a également annoncé lors d'une conférence de presse que 28 corps avaient été retrouvés jusqu'à présent dans des fosses communes près de la ville d'Iguala. Mais il faudra au moins deux semaines pour établir avec certitude qu'il y a parmi ces cadavres certains des étudiants disparus, a-t-il dit.

"Tout cela est un mensonge (...) Les jeunes sont vivants, nous, en tant que parents, nous en sommes conscients, nous le sentons", a déclaré Maria Castrejon, tante d'un disparu.

Des policiers mexicains patrouillent dans une rue d'Iguala, dans l'État de Guerrero, le 6 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les 43 jeunes portés disparus depuis 10 jours sont des élèves de l'école normale d'Atzoyinapa, proche de Chilpancingo, capitale de l'État de Guerrero, connue pour être un foyer de contestation.

Ces étudiants étaient venus le 26 septembre avec des dizaines d'autres du même établissement à Iguala, à 100 km environ de leur école, pour, selon leurs dires, récolter des fonds et manifester. Ils s'étaient ensuite emparés de trois autobus des transports publics locaux pour rentrer chez eux.

Des policiers municipaux et des hommes armés non identifiés avaient tiré sur ces autobus, faisant trois morts, et d'autres fusillades dans la soirée avaient fait trois autres morts. Puis on est resté sans nouvelles de 43 étudiants.

Des témoins ont assuré avoir vu des dizaines d'étudiants être emmenés peu après dans des voitures de police vers une destination inconnue.

Le procureur Blanco a annoncé que deux présumés criminels du groupe Guerreros Unidos - sur la trentaine de personnes arrêtées dans cette affaire - "ont indiqué avoir participé directement au meurtre d'étudiants".

Les tueurs ont fait descendre les étudiants d'un autobus, "se sont emparés de 17 d'entre eux pour les transférer vers les hauteurs d'une colline de Pueblo Viejo (commune d'Iguala) où ils ont des fosses clandestines et où ils disent les avoir abattus", a déclaré le procureur.

Maire et directeur de la police en fuite

Les deux détenus ont assuré que l'ordre de se rendre sur les lieux où se trouvaient les étudiants avait été donné par le directeur de la sécurité publique d'Iguala. L'ordre de les capturer et de les assassiner aurait été donné par un des dirigeants des Guerreros Unidos, surnommé "El Chucky".

Le directeur de la sécurité publique comme le maire d'Iguala, Jose Luis Albarca, ont pris la fuite après les fusillades. Ils sont actuellement recherchés par la justice.

Dans ces fosses découvertes samedi 4 octobre, les autorités ont exhumé jusqu'à présent "28 corps au total, certains complets, d'autres fragmentés et présentant des signes de calcination", a aussi dit le procureur.

"Dans les fosses localisées à Pueblo Viejo, ont été mis en place une couche de branches et des troncs sur lesquels ont été placés les corps des victimes, qu'ils ont arrosé d'une substance inflammable, du diesel, de l'essence ou du pétrole", a-t-il détaillé.

Des spécialistes argentins, dirigés par l'anthropologue et légiste Mercedes Loreti, vont participer aux travaux d'identification des cadavres. Des représentants des étudiants de l'école normale ont accepté d'y participer.

Dans la journée de dimanche un avocat des familles, Vidulfo Rosales, avait indiqué que 35 parents des victimes avaient déjà fourni des échantillons d'ADN.

Mais ce travail risque de durer : "Les spécialistes en la matière considèrent que le processus pour déterminer l'identité des restes va osciller entre 15 jours et deux mois", a souligné le procureur.

Tandis que les familles attendaient des nouvelles dans l'angoisse, des centaines de collègues des élèves-enseignants ont bloqué l'autoroute menant de Chilpancingo à Acapulco, exprimant leur colère à l'intention des autorités.

Le gouverneur de Guerrero, Angel Aguirre, a lancé un appel au calme et à "éviter la violence".

S'il se confirmait que les corps trouvés sont ceux des étudiants disparus, il s'agirait de l'un des pires massacres au Mexique depuis le début de la guerre lancée en 2006 contre les narcotrafiquants et qui a fait plus de 80.000 morts.

AFP/VNA/CVN

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