Suspensions en cascade du vaccin AstraZeneca, l'OMS se réunit

Sept États européens ont suspendu lundi 15 mars la vaccination avec AstraZeneca, allongeant la liste des pays ayant pris cette mesure par crainte d'effets secondaires, ce qui porte un coup à la campagne mondiale d'immunisation malgré les assurances de l'OMS quant à la sûreté de ce vaccin.

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Des flacons de vaccin AstraZeneca contre le COVID-19 et une seringue, à Paris, le 11 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'arrivée d'une troisième vague de COVID-19 a contraint l'Italie à se reconfiner lundi 15 mars et suscite des inquiétudes en Allemagne et en France, laissant planer le spectre de nouvelles restrictions.

Malgré cette situation tendue, l'Allemagne, la France, l'Italie, la Slovénie, l'Espagne, le Portugal et la Lettonie ont suspendu lundi 15 mars par précaution l'administration du vaccin du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca, en attendant un avis de l'Agence européenne des médicaments (EMA).

Ils emboîtent ainsi le pas à plusieurs autres pays, inquiets de possibles effets secondaires comme des difficultés à coaguler ou la formation de caillots sanguins (thrombose).

Suite à ces décisions, l'EMA a annoncé qu'elle tiendrait une "réunion extraordinaire" jeudi 18 mars sur ce vaccin, ajoutant que ses avantages l'emportent toujours sur les risques.

D'autant que l'Europe, continent le plus touché par la pandémie, a dépassé lundi 15 mars le seuil des 40 millions de cas et le nombre de nouvelles contaminations y est en hausse.

L'Organisation mondiale de la Santé va quant à elle réunir mardi 16 son groupe d'experts pour étudier la sécurité de ce vaccin, mais d'ores et déjà, sa cheffe scientifique a recommandé de poursuivre son utilisation. "Nous ne voulons pas que les gens paniquent", a déclaré Soumya Swaminathan à Genève, ajoutant que "jusqu'à présent, nous n'avons pas trouvé d'association entre ces événements et le vaccin".

Les Pays-Bas avaient suspendu dimanche 15 mars la vaccination avec AstraZeneca, tout comme l'Irlande, après le signalement en Norvège de quatre nouveaux cas graves de caillots sanguins chez des adultes vaccinés.

La Norvège en avait fait de même la semaine dernière, comme le Danemark, l'Islande et la Bulgarie.

Informations essentielles concernant le vaccin AstraZeneca.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'Indonésie a annoncé lundi 15 mars le report du lancement de sa campagne de vaccination avec AstraZeneca, dans l'attente d'un avis de l'OMS. À l'inverse, la Géorgie ou encore la Sierra Leone ont lancé leur campagne avec ce même vaccin, balayant les craintes d'effets secondaires.

Le laboratoire de son côté se défend. Il y a "des preuves très rassurantes qu'il n'y a pas d'augmentation du phénomène de caillot sanguin ici au Royaume-Uni", a affirmé lundi le professeur Andrew Pollard, directeur du Oxford Vaccine Group qui a développé le vaccin avec AstraZeneca.

Pâques confinée en Italie

Le Portugal, lui, très durement frappé en début d'année par le COVID-19, a commencé à alléger lundi 15 mars ses restrictions, après deux mois d'un confinement généralisé.

Crèches, écoles primaires et certains commerces non essentiels (salons de coiffure, librairies...) y ont rouvert, première étape d'un plan de déconfinement étalé jusqu'à début mai.

Mais en Italie, où les 100.000 morts du COVID-19 ont été dépassés, les trois quarts de la péninsule sont classés depuis lundi 15 mars en "zone rouge" jusqu'au 6 avril, période englobant les fêtes de Pâques. Les écoles y sont fermées, tout comme les bars et restaurants, ainsi que la plupart des commerces non essentiels.

"Je ne m'y attendais pas. Nous vivons au jour le jour", commente Ana Cedeno, serveuse dans le quartier de Trastevere à Rome, se disant "très triste" face à ce nouveau confinement.

La France, qui a passé vendredi 12 mars la barre des 90.000 morts, prévoit quant à elle une centaine d'évacuations sanitaires de patients COVID cette semaine depuis la région parisienne, où les services de réanimation sont sous tension.

Le président Emmanuel Macron a annoncé qu'il y aurait "dans les jours qui viennent sans doute de nouvelles décisions" pour lutter contre l'épidémie. Interrogé sur un possible reconfinement de Paris et sa région, il a appelé à regarder "la réalité de l'épidémie, ville par ville, territoire par territoire".

Lundi soir 15 mars, les autorités sanitaires françaises ont annoncé la détection d'un nouveau variant en Bretagne (Ouest), précisant que des investigations étaient en cours pour en évaluer la transmissibilité et la sévérité.

Reconfinement au Chili

En Allemagne, où les autorités viennent d'assouplir les mesures, des inquiétudes pointent également : l'association des médecins de soins intensifs a demandé lundi 15 mars un retour immédiat à des restrictions sévères "pour simplement empêcher une forte troisième vague".

Du personnel médical transporte un malade du COVID-19 évacué d'un autre hôpital à Angers, en France, le 15 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour AstraZeneca, ces déconvenues s'ajoutent à une nouvelle baisse de ses livraisons à l'Union européenne d'ici juin, que le laboratoire a été contraint d'annoncer en invoquant des problèmes d'exportations.

La Russie a de son côté annoncé avoir trouvé des accords de production pour son vaccin Spoutnik V "avec des sociétés d'Italie, d'Espagne, de France et d'Allemagne", dans l'attente de son homologation dans l'UE.

Le 9 mars, un premier accord de production avait été annoncé en Italie.

L'Allemagne a, elle, salué la conclusion d'un accord entre le groupe américain Johnson & Johnson et le laboratoire IDT Biologika pour produire des doses de vaccins en Allemagne.

Au Chili, pourtant le pays d'Amérique latine le plus avancé dans la vaccination, un tiers des habitants du pays sera reconfiné à partir de jeudi 18 mars. "Nous sommes très préoccupés par l'avancée et le comportement du virus", a déclaré lundi le ministre de la Santé, Enrique Paris.

Au Brésil, où la campagne de vaccination est elle trop lente, les autorités ont annoncé lundi 15 mars avoir commandé 100 millions de doses de vaccin de Pfizer-BioNTech et 38 millions de doses du vaccin Janssen (Johnson & Johnson).

Le même jour, le président Jair Bolsonaro a indiqué qu'il allait nommer son quatrième ministre de la Santé depuis le début de la pandémie, avec Marcelo Queiroga à la place d'Eduardo Pazuello.

La maladie a fait au moins 2,65 millions de morts dans le monde, selon un bilan établi lundi 15 mars par l'AFP.

AFP/VNA/CVN

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