>>Le Danemark suspend le vaccin AstraZeneca
Des flacons du vaccin anti-COVID AstraZeneca. |
Le gouvernement néerlandais a décidé cette suspension par précaution, jusqu'au 28 mars inclus, après que des "effets secondaires possibles" ont été rapportés au Danemark et en Norvège avec le vaccin AstraZeneca, sans lien avéré à ce stade, selon le ministère de la Santé.
Plus tôt dans la journée, l'Irlande avait pris la même décision après le signalement en Norvège de quatre nouveaux cas graves de caillots sanguins chez des adultes vaccinés.
La Norvège, qui a signalé samedi 13 mars également des hémorragies cutanées chez des jeunes vaccinés, avait suspendu le vaccin la semaine dernière, comme le Danemark, l'Islande et la Bulgarie. La Thaïlande comme la République du Congo ont pour leur part reporté leurs campagnes de vaccination.
Après une brève suspension dimanche 14 mars des vaccinations AstraZeneca, suite au décès d'un enseignant vacciné la veille, la région italienne du Piémont (Nord-Ouest) a décidé de les reprendre, excluant toutefois par précaution un lot de vaccins du laboratoire anglo-suédois.
Le président de l'Agence italienne des médicaments (Aifa), Giorgio Palu, a assuré que le vaccin AstraZeneca ne présentait "aucun risque", estimant que "les bénéfices dépassent largement les risques encourus" et appelant à dépasser "l'émotivité" et se fonder sur "des données scientifiques".
Dans un communiqué dimanche, AstraZeneca a indiqué qu'après "examen attentif de toutes les données de sécurité disponibles sur plus de 17 millions de personnes vaccinées dans l'Union européenne et au Royaume-Uni" avec son vaccin "n'a apporté aucune preuve d'un risque accru d'embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde (TVP) ou de thrombocytopénie dans aucun groupe d'âge, de genre, de lot ou de pays particulier".
Dans l'UE et au Royaume-Uni des TVP et des embolies pulmonaires ont certes été rapportés chez les personnes vaccinées, mais "beaucoup moins que cela ne surviendrait naturellement dans une population générale de cette taille et similaire", a souligné le laboratoire.
Vendredi 12 mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait assuré qu'il n'y avait "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin.
L'Agence européenne des médicaments (AEM) a toutefois estimé qu'un lien de causalité était "probable" dans au moins certains des "41 rapports d'anaphylaxie possible observés parmi environ 5 millions de vaccinations au Royaume-Uni".
Elle fait valoir que des allergies sévères devraient être ajoutées à la liste des effets secondaires possibles du vaccin mais que celui-ci restait sûr.
Pour AstraZeneca, ces déconvenues s'ajoutent à la nouvelle baisse de ses livraisons à l'Union européenne d'ici juin que le laboratoire a été contraint d'annoncer en invoquant des problèmes d'exportations.
Responsabilité "engagée"
Le groupe voit sa responsabilité "engagée", avec "seulement 25% des doses livrées" à la fin du premier trimestre, a estimé dimanche 14 mars la ministre française déléguée chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
Le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a jugé l'annonce d'AstraZeneca "inacceptable (...), ou en tout cas incompréhensible".
Expliquant que l'UE prévoit l'entrée en service avant juin d'un certificat sanitaire ("passeport vert") pour faciliter les voyages en son sein, M. Breton s'est toutefois voulu rassurant sur le programme de vaccination européen : "ce n'est pas parce qu'on a du retard sur AstraZeneca qu'on sera en retard sur notre programme de vaccination du premier trimestre".
L'UE reste à la traîne des États-Unis, d'Israël et du Royaume-Uni pour les vaccinations. La Commission, qui a négocié les contrats de vaccins au nom de ses 27 de l'UE, table sur une montée en puissance au deuxième trimestre et vise 70% d'Européens vaccinés d'ici la fin de l'été.
Aux États-Unis, pays le plus touché par la pandémie de coronavirus avec 534.315 décès, 68,9 millions de personnes ont reçu au moins une dose, et 36,9 millions étaient entièrement vaccinées, soit 11,1% de la population du pays, selon les données publiées samedi par les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays).
Du mieux au printemps
Dans plusieurs pays, les autorités sanitaires s'inquiètent de l'arrivée d'une troisième vague, comme en Italie qui vient de dépasser les 100.000 morts et sera aux trois quarts confinée à partir de lundi 15 mars, jusqu'au 6 avril y compris les fêtes de Pâques. Le pays table sur une amélioration "dans la seconde moitié du printemps", selon son ministre de la Santé Roberto Speranza.
En France, qui a passé vendredi 12 mars la barre des 90.000 morts, le gouvernement prévoit une centaine d'évacuations sanitaires de patients du COVID-19 la semaine prochaine depuis la région de Paris où les services de réanimation sont presque saturés.
Au Danemark, les restrictions anti-COVID continuent de susciter des oppositions, avec deux interpellations en marge d'une manifestation rassemblant quelque 500 personnes samedi soir à Copenhague, organisée par le groupe "Men in Black Denmark" qui orchestre des protestations depuis fin 2020 contre la "coercition" et la "dictature" du semi-confinement en place dans le pays.
En Jordanie, au lendemain de la mort de sept malades du COVID-19 en réanimation suite à une panne d'alimentation en oxygène, le directeur et quatre responsables de l'hôpital public d'Al-Salt près d'Amman ont été placés en garde à vue. Ces décès suscitent une vive émotion dans le pays, en plein regain de l'épidémie.
AFP/VNA/CVN