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La cathérale de Dunblane (Écosse), où est commémorée la pire tuerie de masse du Royaume-Uni dans une école en 1996, le 12 mars 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le 13 mars 1996, 16 enfants âgés de cinq et six ans et leur institutrice avaient été abattus dans une école primaire de cette bourgade de 10.000 habitants du centre de l'Écosse. Le tueur, Thomas Hamilton, un déséquilibré de 43 ans, s'était introduit dans le gymnase de l'établissement avec quatre armes légalement acquises avant de faire feu. Il s'était ensuite suicidé.
Un quart de siècle plus tard, un hommage sera rendu aux victimes dimanche 14 mars lors d'une cérémonie à la cathédrale de Dunblane, retransmise en ligne en raison du confinement en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a adressé sur Twitter ses pensées aux victimes, qui "sont pour toujours dans nos coeurs". Cette journée tragique est restée gravée dans la mémoire des habitants.
"Quand je me suis rendu en voiture à Dunblane cette nuit-là, je ne pouvais croire combien c'était horriblement calme", se souvient un homme, qui n'a pas souhaité être identifié, interrogé par l'AFP pendant qu'il promenait son chien tout près de l'école. "C'était horrible", ajoute-t-il, tandis qu'un enseignant conduit des enfants vers un terrain de sport sous un ciel gris menaçant. Il estime que l'auteur du massacre "n'aurait jamais dû être autorisé à posséder une arme".
Législation très sévère
Un mémorial portant les noms des victimes de la fusillade en 1996 au cimetière de Dunblane, le 13 mars 2021. |
Le massacre, le pire qu'ait connu le Royaume-Uni à ce jour, a aussi fait 15 blessés, essentiellement des enfants. Il a conduit le pays, horrifié, à mettre en place une législation très sévère sur les armes à feu.
"Cela a déclenché toute une réflexion sur ce qui devait être entrepris pour protéger la société contre les armes à feu", explique à l'AFP Peter Squires, professeur de criminologie à l'université de Brighton, et membre du Gun Control Network qui avait été fondé après la fusillade. En quelques mois à peine, plus de 700.000 personnes signent la pétition lancée par les familles des victimes pour un contrôle accru des armes.
Leur campagne paie rapidement: malgré la vive opposition de lobbys des armes, de nouvelles lois interdisant la possession d'armes de poing sont adoptées dès 1997, érigées en exemple dans le monde, souligne Peter Squires. Des milliers d'armes à feu sont rendues par la population lors d'une période d'amnistie.
Selon la presse, l'actuel Premier ministre conservateur Boris Johnson, qui était alors journaliste au Telegraph, s'était opposé dans un article à ces mesures, les estimant "vaines". Résultat un quart de siècle plus tard: selon des chiffres officiels, 33 décès causés par des armes à feu ont été recensés en Angleterre et au Pays de Galles durant l'année s'achevant en mars 2019. Il y en a eu un seul en Écosse en 2019-2020.
En juin 2010, un chauffeur de taxi détenant une arme légalement avait cependant tué 12 personnes dans la région touristique des Lacs (nord-ouest de l'Angleterre).
De Dunblane aux États-Unis
Une femme se tient devant la tombe de Gwen Mayor, une enseignante tuée lors d'une fusillade à Dunblane (Royaume-Uni) en 1996, le 12 mars 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Parmi ceux qui se sont sortis indemnes du drame de Dunblane figure l'ancien numéro un mondial du tennis Andy Murray, alors âgé de huit ans. Il s'était caché avec son frère aîné sous une table dans le bureau du directeur.
"Vous commencez à vous rendre compte en grandissant" de l'ampleur de l'événement, a-t-il confié en 2013 à la BBC. "La chose qui est bien maintenant, c'est que toute la ville s'en est si bien remise".
Jack Crozier et sa soeur Ellie Crozier, qui ont perdu leur soeur Emma, 5 ans, dans la fusillade, ont mis un point d'honneur à honorer sa mémoire en soutenant les militants anti-armes, surtout aux États-Unis, où elles ont provoqué la mort de 19.000 personnes en 2020, selon le Gun Violence Archive.
"Les yeux seront rivés sur Dunblane, et ils ne doivent plus être rivés sur Dunblane", a insisté Jack Crozier sur la chaîne écossaise STV avant le 25e anniversaire de la fusillade.
AFP/VNA/CVN