>>Fusion avec Suez : Veolia dévoile une offre améliorée, Engie doit se prononcer
>>Rachat de Suez : Veolia optimiste, Suez prédit une "situation ingérable"
Combo des logos de Suez et Veolia, le 14 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À l'issue d'un long conseil d'administration mercredi 30 septembre, et à moins de trois heures de l'expiration d'une offre de Veolia, l'énergéticien a dit accueillir "favorablement" les termes améliorés de celle-ci pour les 29,9% du capital de Suez qu'il détient.
Pour Engie, "cette nouvelle offre répond à ses attentes en termes de prix et de garanties sociales", mais le groupe "a décidé de demander à Veolia d'étendre la validité de sa nouvelle offre jusqu'au 5 octobre 2020 afin que Veolia formalise son engagement inconditionnel de ne pas lancer d'offre publique d'achat qui ne soit pas amicale", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Quelques minutes plus tard, Veolia a accédé à cette demande, disant dans un communiqué l'"accueillir favorablement". Ce délai de cinq jours doit permettre de graver dans le marbre les engagements de Veolia pour formaliser "son engagement inconditionnel de ne pas lancer d'offre publique d'achat qui ne soit pas amicale", avait expliqué Engie.
Veolia avait présenté fin août une offre de 2,9 milliards d'euros pour 29,9% de son concurrent Suez détenus par Engie. Veolia a comme promis amélioré mercredi matin 30 septembre cette offre, qui atteint désormais près de 3,4 milliards d'euros.
Plus tôt mercredi 30 septembre, Veolia avait une nouvelle fois tendu la main sans succès à Suez, énième développement dans un feuilleton qui agite la place de Paris depuis un mois. Il avait proposé à Suez une période de discussions de six mois "pour rechercher les bases communes d'un accord" et s'était engagé pendant cette période à ne déposer "une offre publique portant sur 70,1% du capital de Suez qu'à la condition qu'elle soit amicale".
En contrepartie, Veolia avait demandé à son concurrent de désactiver la fondation de droit néerlandais qui devait abriter son activité Eau France, une "pilule empoisonnée" destinée à faire capoter un rachat. Mais Engie a souhaité que cette condition soit levée. "Soit ils se mettent d'accord et la fondation est désactivée, soit ils ne se mettent pas d'accord et Veolia ne pose plus cette condition", a résumé le président de l'énergéticien, Jean-Pierre Clamadieu.
"Offre amicale"
Des casques de chantier disposés au sol par des manifestants contre l'offre de Veolia sur Suez, le 29 septembre 2020 dans le quartier de La Défense à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il faut qu'on arrive à une offre qui soit clairement et sans aucune ambiguïté une offre amicale", a dit M. Clamadieu à des journalistes mercredi soir 30 septembre.
Suez avait auparavant sans surprise repoussé les nouvelles avances de Veolia et pressé Engie de se donner du temps.
Suez, qui s'est opposé avec force à la manœuvre de son concurrent direct, n'a pas réagi dans l'immédiat mercredi soir 30 septembre. Le groupe a été jusqu'à présent incapable de monter une offre alternative avec des investisseurs afin de conserver son indépendance.
Il a toutefois présenté un document au conseil d'Engie à la dernière minute, selon M. Clamadieu. Mais c'était selon lui "une vague marque d'intérêt qui ne contenait ni le prix, ni le consortium d'investisseurs au nom duquel il était fait, ni les conditions d'exécution..."
Avant les annonces de mercredi soir 30 septembre, l'État, par ailleurs actionnaire d'Engie à hauteur de 23,6%, avait manifesté à plusieurs reprises son souhait de temporiser.
"L'État ne cédera à aucune pression. On n'est pas à une semaine, 15 jours ou trois semaines près", avait répété mardi 29 septembre le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
Les enjeux sont élevés: Suez estime que près de 5.000 emplois pourraient être supprimés en France si l'opération allait à son terme, ce que dément fermement Veolia. Ce dernier a ainsi réitéré son engagement de "maintenir l'ensemble de l'emploi des salariés en France".
L'intersyndicale CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT et FO de Suez a dénoncé mercredi 30 septembre une opération "sans aucune transparence, confidentielle, voire pré-orchestrée".
Elle "étudie la possibilité de solliciter le procureur du Parquet national financier de Paris pour demander l'ouverture d'une enquête sur les conditions, qui (lui) paraissent contestables voire délictueuses, de la tentative de démantèlement du groupe Suez".