Dieselgate
Ouverture du premier procès d'un patron automobile en Allemagne

Rupert Stadler, l'ancien PDG du constructeur Audi, filiale de Volkswagen, devient mercredi 30 septembre le premier patron automobile allemand à être jugé pour fraude dans son pays, cinq ans après la révélation du vaste scandale des moteurs diesel truqués.

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Le tribunal de Munich où doit se dérouler le procès de Rupert Stadler et de trois coprévenus, le 9 septembre
Photo : AFP/VNA/CVN

M. Stadler, 57 ans, devra répondre de "fraude", "émission de faux certificats" et "publicité mensongère", selon les chefs d'accusation du parquet de Munich. Il comparaît aux côtés d'un ancien directeur d'Audi et de Porsche Wolfgang Hatz, et deux ingénieurs de la marque aux quatre anneaux. Ils risquent jusqu'à dix ans de prison à l'issue de ce procès complexe devant durer jusqu'à la fin décembre 2022, le premier en Allemagne dans cette affaire planétaire qui a éclaté en 2015.

Le géant d’automobile Volkswagen avait reconnu avoir installé dans 11 millions de véhicules dans le monde des dispositifs les faisant apparaître moins polluants lors des tests en laboratoire qu'ils ne le sont en réalité. L'intérêt médiatique pour la comparution de M. Stadler est immense. Le procès se tiendra dans l'une des annexes du tribunal de Munich, dans le quartier de Stadelheim, mais le nombre de places n'en sera pas moins limité en raison de restrictions liées à la pandémie de COVID-19.

Au moins 90 pages d'accusation

L'enquête allemande s'était rapidement concentrée sur Audi, chargé au sein du groupe Volkswagen d'une partie de la recherche et du développement de moteurs. Entré chez la marque aux anneaux en 1990 et PDG à partir de 2007, M. Stadler avait déjà été en juin 2018 le premier dirigeant de l'automobile placé en détention provisoire dans ce dossier - car soupçonné par la justice de chercher à influencer des témoins ou d'autres suspects - avant d'être remis en liberté.

Le parquet l'accuse d'avoir été au courant des manipulations vers la fin du mois de septembre 2015 "au plus tard", sans avoir pour autant empêché la vente de centaines de milliers de véhicules dotés du logiciel tricheur. Ses trois co-prévenus sont eux accusés d'avoir développé les moteurs diesel équipés de ce système, installé dans des véhicules depuis 2009.

Les accusations portent sur un total de 434.420 véhicules des marques Volkswagen, Audi et Porsche commercialisés principalement en Europe et aux États-Unis. M. Stadler a toujours rejeté les accusations, de même que M. Hatz, dont l'avocat a indiqué qu'il s'exprimerait "en détail". Le chef d'accusation, qui sera lu en intégralité lors de la première audience, compte plus de 90 pages.

Trente milliards d'euros

M. Stadler pourrait ne pas rester longtemps le seul patron à devoir s'expliquer devant les juges. L'ancien patron du groupe Volkswagen, Martin Winterkorn, attend un procès, dont la date n'a pas encore été fixée, pour fraude en bande organisée, fraude fiscale aggravée et manipulation du cours de Bourse. De son côté, cinq ans après les révélations aux États-Unis, Volkswagen a tiré un trait sous une grande partie du scandale pour une facture dépassant les 30 milliards d'euros.

Le plus gros a été payé aux États-Unis. En Allemagne, le constructeur, qui mise désormais tout sur la voiture électrique, a déboursé quelque 750 millions d'euros pour indemniser 240.000 clients. Et il essaie, après une décision défavorable de la plus haute juridiction du pays, de proposer des accords à l'amiable pour solder une grande partie des 60.000 requêtes restantes.

L'actuel PDG du groupe, Herbert Diess, et le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, ont l'an passé évité un procès, moyennant une transaction financière de 9 millions d'euros, en vertu d'un accord avec la justice. Volkswagen et des marques du groupe ont également payé trois amendes d'un total de 2,3 milliards d'euros pour tirer un trait sur les enquêtes.

Au civil, le dernier grand procès reste celui d'investisseurs demandant une indemnisation pour la dégringolade du cours de l'action après les révélations, ouvert en septembre 2018 et toujours en cours.


AFP/VNA/CVN

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