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Des casques de chantier disposés au sol par des manifestants contre l'offre de Veolia sur Suez, le 29 septembre dans le quartier de La Défense à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le conseil d'administration du géant de l'énergie, prévu de longue date, doit se réunir dans l'après-midi, une étape cruciale dans un feuilleton qui agite la place de Paris depuis un mois. Mercredi 30 septembre correspond en effet aussi à la date limite qui avait été fixée par Veolia fin août, lorsque le spécialiste de l'eau et des déchets avait présenté une offre de 2,9 milliards d'euros pour 29,9% de son concurrent Suez détenus par Engie. Veolia compte ensuite lancer une OPA pour créer un géant mondial du secteur.
Le PDG de Veolia Antoine Frérot avait promis d'améliorer financièrement son offre avant le conseil d'Engie mais sans donner de détail. Du côté d'Engie, le président du conseil Jean-Pierre Clamadieu a exprimé son souhait d'avancer vite dans ce dossier. Il souhaite en effet dégager des capacités financières pour se développer dans les domaines jugés stratégiques, les énergies renouvelables et les infrastructures.
"Si cette offre expire, nous n'en avons plus. Alors me suggérez-vous de faire le pari qu'il y en aura peut-être une autre ? C'est une décision extrêmement difficile pour le conseil d'administration. Nous lâchons la proie pour l'ombre", a-t-il fait valoir mardi 29 septembre devant des députés qui l'auditionnaient. En effet, Suez a été jusqu'à présent incapable de monter une offre alternative afin de conserver son indépendance. Le groupe estime avoir encore besoin de plusieurs semaines pour s'organiser et convaincre des investisseurs de participer à une contre-offre.
"Ma déception c'est qu'au fil de ces quatre dernières semaines nous n'avons pas vu de seconde offre se constituer", a regretté M. Clamadieu : "Malheureusement rien de concret n'est arrivé". Une rencontre de dernière minute entre les dirigeants de Veolia et Suez sous l'égide de Bercy a eu lieu mardi soir, mais sans résultat, selon les deux entreprises.
Activités stratégiques
L'État, qui est par ailleurs actionnaire d'Engie à hauteur de 23,6%, souhaite temporiser. "Je souhaite qu'on prenne le temps nécessaire", a répété mardi 29 septembre le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire : "l'État ne cédera à aucune pression. On n'est pas à une semaine, 15 jours ou trois semaines près".
Or sans être majoritaire, l'État est bien présent au conseil d'Engie, qui compte au total 13 membres, avec un administrateur le représentant directement nommé par arrêté et deux autres désignés par l'assemblée générale des actionnaires sur sa proposition. S'y ajoute un commissaire du gouvernement - un haut fonctionnaire - qui dispose d'une voix consultative.
Les enjeux sont élevés, alors que les activités concernées s'avèrent stratégiques et que Suez estime que près de 5.000 emplois pourraient être supprimés en France si l'opération allait à son terme. Veolia promet pour sa part des garanties notamment sur la question sociale. Malgré les déclarations du gouvernement, le conseil d'administration de mercredi sera-t-il décisif ? "À moins d'un +deus ex machina+, je ne vois pas ce qui peut faire dérailler le train", juge un proche de l'un des protagonistes.
Mais même dans ce cas, la saga ne serait pas terminée pour autant. Veolia, qui ne s'assurerait qu'une part minoritaire de son concurrent, devrait ensuite réussir une OPA pour en posséder le contrôle effectif. Resterait aussi la question de la "pilule empoisonnée" concoctée par Suez, qui veut placer son activité Eau France sous le chapeau d'une fondation aux Pays-Bas destinée à la rendre incessible, un obstacle que M. Frérot assure pouvoir "contourner".
AFP/VNA/CVN