Une représentation de Suboi aux États-Unis |
Photo: Wall Street Journal/CVN |
«Le fait que le hip-hop soit un phénomène mondial au XXIe siècle n’est pas surprenant. Ce style domine la musique mondiale depuis sa création dans les années 1970, dans le Bronx, à New York», peut-on lire dans le Wall Street Journal. Pourtant, ce genre peut encore surprendre spectateurs et médias américains. Suboi, une rappeuse de Hô Chi Minh-Ville, a réussi à le faire. Le quotidien américain l’a surnommé la «Reine du hip-hop vietnamien».
Suboi, 25 ans, a donné deux concerts lors du festival de musique South by Southwest, qui s’est déroulé mi-mars à Austin, au Texas. Elle s’est aussi produite dans le bar Baby’s All Right, à Brooklyn, a rapporté le Wall Street Journal. «Suboi est la première artiste vietnamienne à participer au festival de musique South by Southwest. Son concert a permis de faire connaître la manifestation auprès du public d’Asie du Sud-Est », commente James Minor, directeur exécutif du festival South by Southwest.
«La première fois que je suis montée sur scène au Texas, c’était dans un bar décoré dans un style cow-boy. C’était bizarre pour moi d’y chanter du hip-hop, mais les spectateurs étaient super», partage Suboi. La deuxième représentation était aussi très réussie, malgré que le concert n’ait été annoncé que sur le site web indie rock Brooklyn Vegan et qu’il se soit déroulé à 13h un samedi, sous la pluie, et devant un public clairsemé.
La rappeuse vietnamienne a malgré tout réussi à toucher les spectateurs. «Sa musique est excellente. Et son histoire encore plus fascinante. Suboi s’est fait de nouveaux fans. J’ai vu des gens prendre des photos et des notes», a déclaré Dave, fondateur du site Brooklyn Vegan.
Suboi a présenté au public américain des chansons en vietnamien et en anglais, aux sons puissants. Quand elle est sur scène, on peut la comparer à Queen Latifah ou Lauryn Hill.
Plus d’un million de fans sur Facebook
Suboi, de son vrai nom Hàng Lâm Trang Anh, a grandi dans une famille de classe moyenne. Elle compose des poèmes et aime la pop américaine. Elle a appris l’anglais via les chansons de Britney Spears, des Backstreet Boys et d’Eminem.
«Quand j’avais 17 ans, je cherchais une idole. Un de mes amis m’a fait écouté la chanson Without Me (Sans moi) d’Eminem, un rappeur américain. Après l’avoir écouté, je l’ai traduit dans un café Internet. J’ai adoré les paroles. Mon anglais n’était pas très châtié car je m’inspirais d’Eminem», a partagé Suboi lors d’une interview réalisée dans une chambre d’hôtel à Brooklyn par le Wall Street Journal.
Suboi s’est alors intéressée au hip-hop. Elle était chanteuse d’un groupe de néo-métal au Vietnam, qui avait pour modèle le groupe américain Linkin Park. Parfois, Suboi donnait aussi des concerts seule. Sa page Facebook compte actuellement 1,1 millions de fans. Ses vidéos sur YouTube attirent régulièrement plus de 100.000 vues.
À la conquête du public américain
Son premier cd «Walk » est sorti en 2010 et le deuxième «Run » en 2014. Tous les deux peuvent être téléchargés sur iTunes. Suboi prépare actuellement un nouvel album et cherche des producteurs de musique internationaux.
Suboi est peut-être de plus en plus connue aux États-Unis, mais elle a déclaré au Wall Street Journal que le hip-hop n’était pas un type de musique très répandu au Vietnam. «Les Vietnamiens ne comprennent pas le vrai sens du hip-hop. La pop de Corée du Sud est actuellement reine sur le marché. Pourtant, nous, les Vietnamiens avons tellement de dire».
Tùng Chi/CVN