Phan Nhi et Nguyên Thi Ngoc Dào sont agriculteurs dans le bourg d’Ai Nghia, district de Dai Lôc, province de Quang Nam. Le couple a cinq sào de rizières (1 sào = 360 m²) et cinq enfants. Les quatre premiers sont des filles. Hiêu est le benjamin et l’unique garçon. Comme d’autres enfants de familles paysannes, après l’école, Hiêu aide ses parents à garder les cinq buffles du foyer.
Phan Trong Hiêu, un petit handicapé plein d’énergie. |
Un jour de fin novembre 2013, Hiêu et deux autres garçons conduisent les buffles sur une colline près de chez eux. Ils tombent sur un engin explosif datant de la guerre et, inconscients du danger, essaient de l’ouvrir. Une explosion survient, laissant les trois garçons blessés. Hiêu est le plus gravement touché. Il doit être amputé des deux mains et ses jambes sont paralysées. Une longue rééducation commence.
Après un an de traitement, le petit demande à ses parents de retourner à l’école. L’idée d’une de ses sœurs de poser sur son moignon un tube de plastique percé d’un trou pour y installer un stylo s’avère efficace.
Après plus d’un mois d’exercice, il commence à écrire. «Avec le tube, je peux écrire et même dessiner», raconte Hiêu. En septembre 2014, il retrouve sa classe au Collège Nguyên Trai.
Un élève studieux et motivé
Chaque jour, le matin, le père de Hiêu le conduit à l’école à moto, puis le porte dans ses bras ou sur son dos pour entrer dans la classe. L’après-midi, il le ramène à la maison. «Hiêu adore apprendre. Aux changements de saisons, ses blessures lui font mal. Malgré tout, il me demande de l’emmener à l’école». Et d’ajouter, un brin dépité : «Lorsque je serais très âgé, je crains de ne plus pouvoir le conduire à l’école». Nguyên Ba, directeur du Collège Nguyên Trai, ne cache pas son admiration pour le gamin : «Hiêu met les bouchées doubles pour rattraper le retard qu’il a pris sur ses copains. Notre école l’encourage beaucoup».
Hiêu rêve de devenir peintre. «J’aime dessiner mais pour un peintre, la chose la plus importante est d’avoir des mains habiles. Malheureusement, je n’en ai plus», dit-il avec tristesse. Mais Hiêu ne manque pas d’énergie. Après les cours, il fait des exercices de rééducation avec l’aide de ses proches et dessine, avec l’espoir de concrétiser son rêve.
Quê Anh/CVN