>>Le plus jeune menuisier du pays raconte la construction du mausolée de l’Oncle Hô
La jeune menuisière Nguyên Thi Hao. |
Née dans le district de Dan Phuong en banlieue de Hanoï, Nguyên Thi Hao a d’abord été gestionnaire de projets de construction d’un grand groupe du centre-ville de la capitale. Ce poste ambitieux ne lui convenait toutefois pas et après 5 ans d’exercice, elle a décidé de quitter ce métier de rêve afin de retourner à la campagne pour poursuivre le métier de sa famille : la menuiserie.
"C’était une décision difficile, parce que j’ai des enfants à élever. Mais j’ai pensé plutôt à la santé et au travail de mon père. C’est pourquoi, je voulais près de lui pour l’aider en cas de besoin", exprime-t-elle.
Renouer avec l’enfance
Lorsqu’elle était petite, Nguyên Thi Hao aimait passer du temps avec ses jouets fabriqués en bois par les mains habiles de son père - un menuisier de renom à Dan Phuong. La vie était, certes, difficile mais la jeune fille pouvait toujours retrouver du réconfort dans ses jouets et l’amour de ses parents.
Alors qu’elle avait 12 ans, un évènement dramatique est venu tout perturber : son père a subi un accident vasculaire cérébral. S’il a survécu à cet accident mortel, il exerce, depuis, de moins en moins la menuiserie bien que ses travaux soient restés réputés.
À l’intérieur de l’atelier de Nguyên Thi Hao, dans le district de Dan Phuong, en banlieue de Hanoï. |
"La majorité des lits et des armoires dans ce village sont fabriqués par mon père, se rappelle Nguyên Thi Hao. Il adore écouter les sons des scies et du ponçage du bois. Je veux en fait revire son amour pour ce métier de menuisier".
Et la crise sanitaire est le moment clé pour qu’elle y investisse davantage : monter sa propre start-up d’ébénisterie. "Ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête : j’en rêve depuis mes années à l’université. Comme tous les autres étudiants, je voulais créer et vendre des objets à bas prix et écoresponsables", précise la jeune menuisière.
Un projet qui reste à monter
Nguyên Thi Hao a converti un coin du jardin familial en un petit atelier de fabrication. Son père lui a aussi donné un coup de main. "Il est très heureux et il m’a d’ailleurs aidé à faire le plancher", sourit-elle. La jeune entrepreneuse souhaite tout d’abord créer des jouets pour les enfants. Pour cela, elle assemble désormais de petits morceaux de bois avec minutie et prudence. Sa production artisanale prend beaucoup de temps et elle a conscience qu’elle ne peut pour l’instant pas fournir une production de masse pour sa start-up.
Les jouets en bois fabriqués par Nguyên Thi Hao. |
"Mon père ne sait utiliser que des outils assez rudimentaires, traditionnels. Il n’a jamais rien appris sur la production industrielle, avec des machines, souligne-t-elle. Je dois faire des recherches sur Internet et demander dans les groupes en ligne des conseils aux professionnels. Ensuite, j’achèterai les premières machines, et je pratiquerai tous les jours".
Nguyên Thi Hao profite des déchets en bois autour de chez elle pour les recycler en jouet pour les enfants. Cependant, pour elle, la plus grande difficulté est l’aptitude physique : souvent, elle n’arrive pas à déplacer les grandes barres ou planches de bois.
Les jouets lui demandent également une créativité sans fin. C’est pourquoi elle cherche souvent de grandes sources d’inspiration. Heureusement, les connaissances qu’elle a accumulées dans la construction lui permettent de mieux comprendre les matériaux, ainsi que les bases de la décoration intérieure.
Via les réseaux en ligne et les marchés d’e-commerce, les jouets en bois peuvent lui rapporter jusqu’à 600.000 dôngs par pièce. Dans un avenir proche, Nguyên Thi Hao voudrait élargir la taille de ses productions afin d’attirer davantage de jeunes producteurs chez elle. Elle connaît en tout cas, aujourd’hui, un début fort prometteur.