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Lê Xuân Giang concentré sur son travail. |
La petite maison de Lê Xuân Giang est nichée dans la rue Van Kiêp, arrondissement de Binh Thanh, à Hô Chi Minh-Ville. Elle regorge d’objets, d’outils et d’armes miniatures destinés à ses maquettes où les combats historiques du pays sont comme "gelés". Les secrets des batailles s’exposent aux yeux des visiteurs, dévoilent l’histoire du Vietnam.
Dans la caverne d’Alibaba que constitue sa maison, des centaines de tanks, d’artilleries, de grenades surprennent tous ceux qui s’y aventurent pour la première fois.
Sur les planches de bois, les maisons anciennes, la mère nouant un foulard autour du cou de son fils avant qu’il ne parte en guerre, les soldats l’arme à la main attendent tous de trouver leur place dans les compositions du maquettiste… Ces pièces, fruits de l’imagination, de la patience et de l’acharnement de Lê Xuân Giang, constituent ensemble un véritable musée de modèles historiques miniatures sur la vie et l’homme vietnamiens.
Dix années de labeur
Tout a commencé au début de l’année 2010. Alors que Lê Xuân Giang visite une librairie, il découvre, parmi une manne d’objets hétéroclites, une figurine militaire exposée dans l’un des rayons. Une idée lui vient en tête : pourquoi ne pas faire des maquettes comme œuvres d’art ? Précisons qu’en 2009, Xuân Giang termine à peine ses études à l’Université des beaux-arts de Hô Chi Minh-Ville, mais les feuilles blanches ennuyeuses et les simples coups de pinceau ne lui suffisent pas à exprimer complètement son immense créativité.
"Ça a été une révélation, comme la lumière au bout du tunnel pour mes idées. J’ai acheté un modèle miniature de tank et j’ai passé de nombreuses heures à le contempler et l’étudier. Petit à petit, je suis tombé amoureux des figurines", confie Giang sur les débuts de sa passion. Parmi les nombreuses maquettes d’architecture, de circulation routière et de guerre qu’il a réalisées, les batailles de l’armée vietnamienne sont le sujet qui passionne le plus cet homme talentueux. Il y consacre tous ses efforts et sa ferveur pour en faire de véritables œuvres d’art.
Œuvre "Jour du retour". |
Quand Giang a commencé à s’adonner à sa passion, il lui a semblé se perdre dans un nouveau monde vivant et coloré. "Pour qu’une figurine ait l’apparence la plus réelle possible, une attention toute particulière doit être prêtée à chaque détail, même le plus petit". C’est ainsi que le jeune homme résume son travail après dix ans de confection de maquettes. Hormis les connaissances qu’il a acquises dans les beaux-arts, l’architecture, l’espace, la mécanique, il a fallu que l’artiste connaisse chaque époque historique avec précision afin de créer des modèles réalistes.
Chaque figurine de soldat compte cinq étapes de production. La première consiste à former le squelette à partir d’un fil de cuivre, cette étape va permettre au modèle d’être solide. Puis Giang recouvre le squelette d’argile pour former le corps, les jambes, les mains et le visage… Puisque la taille du modèle est très petite, le peintre met en œuvre toute sa patience et sa minutie afin d’insuffler son âme à chaque personnage. Dernière étape et non des moindres, la coloration, également très importante car si Giang choisit la mauvaise couleur, il devra utiliser un détergent pour nettoyer et repeindre ensuite.
"En fonction de l’époque historique et de la bataille, la figurine a une couleur particulière, qu’elle soit sombre ou claire, foncée ou pâle" explique Giang, "donc si le mélange des couleurs est mal fait, cela se ressentira sur toute la maquette", ajoute-t-il. En outre, il immortalise en ce moment les maisons en bambou et marchés flottants des fleuves du delta du Mekong, grâce à ses souvenirs d’enfance dans la province de Vinh Long.
Paracels et la fierté du Vietnam
Giang adore s’immerger dans le monde des maquettes et partager sa passion avec d’autres férus de figurines. Pour cela, il a créé un groupe en ligne, intitulé "Paracels", qui rassemblait au départ les amateurs de miniatures. Peu à peu, le groupe a gagné en notoriété et de nombreuses compagnies l’ont contacté du Japon, d’Espagne, d’Allemagne pour passer commande. C’est ainsi que Lê Xuân Giang a commencé à exporter ses produits.
"La conception de maquettes est un savoir-faire unique que peu de personnes maîtrisent. En vendant mes produits à l’étranger, je souhaite également diffuser mon regard sur l’histoire et le peuple vietnamiens. Le nom +Paracels+ ("Hoàng Sa" en vietnamien) me permet d’exprimer ma fierté envers mon pays et les produits +made in Vietnam+", conclut-il.
Photos : Thông Hai/VNA/CVN
Le rêve d’exposer
"De la montagne aux plaines" illustre la marche des soldats vietnamiens vers "l’offensive du Têt" en 1975. Avec cette maquette, Giang répond avec brio à la commande d’une compagnie japonaise. Son installation "Le marché flottant du Vietnam" a, quant à elle, remporté la médaille d’argent lors du concours de maquettes à Taïwan (Chine). "L’aigle atterrissant" ou "Les maisons flottantes des rivières" ont également reçu des prix prestigieux en Malaisie.
Si beaucoup lui demandent d’acheter ses œuvres, Giang refuse systématiquement de les vendre. Il nourrit le rêve d’organiser un jour une exposition afin de présenter au public ses œuvres d’art pour lesquelles il a travaillé si dur.