L’étude de l’OIT de 2014 souligne que près de 80% de ces petits commerces exercent sans licence. Elle préconise entre autres d’étendre la sécurité sociale à ces métiers, ou encore une simplification administrative pour les enregistrer légalement. |
L’Institut européen de coopération et de développement (IECD), le Centre de formation pour le développement social (SDTC) et le Centre LIN pour le développement communautaire ont co-organisé, le 12 mai, une conférence sur la question du développement durable des métiers ambulants et de rue à l’Université Tôn Duc Thang, à Hô Chi Minh-Ville.
Plus de 80 délégués étaient présents, dont des membres d’organisations à but non lucratif vietnamiennes et étrangères, des commerçants et les médias. Ce séminaire peut être considéré comme l’une des premières tables rondes organisées dans le but de relier les organisations sociales sur la question des moyens de subsistance des personnes travaillant dans la rue.
Son autre but visait la rédaction d’un rapport sur l’état des affaires commerciales de ces petits métiers à Hô Chi Minh-Ville. Il doit également établir une liste des organisations non gouvernementales (ONG), celles à but non lucratif et des organisations sociales œuvrant dans l’amélioration de la vie de ces petits commerçants, et regrouper leurs commentaires et recommandations. Ce rapport sera intégré dans les documents fondateurs d’un projet-pilote de planification des trottoirs prévu par le gouvernement.
Des initiatives qui portent déjà leurs fruits
De nombreuses organisations à but non lucratif ont indiqué qu’elles s’étaient activées pour développer des programmes en faveur des petits commerçants des rues. «5000 Xe» (ou 5.000 chariots en français) est un organisme qui fournit des chariots aux vendeurs de rue les plus pauvres, et leur apporte un soutien financier. Ils ont mis sur pied entre autres des fonds à destination des femmes en situation précaire, mais aussi un projet de formation à destination de ces commerçants au quotidien fragile.
Séminaire sur la question du développement durable des métiers ambulants et de rue à Hô Chi Minh-Ville, le 12 mai. |
Nguyên Thi Ngoc Bích, directrice du Centre de recherche et de conseils pour les affaires sociales et le développement communautaire, a déclaré : «En 25 ans d’activités à Hô Chi Minh-Ville, nous avons eu énormément de projets pour travailler directement avec les travailleurs informels, y compris dans les entreprises situées dans les zones industrielles et les vendeurs de rue». Et de préciser : «Actuellement, notre centre collabore avec cinq autres organisations à but non lucratif pour mener une enquête sur la contribution du secteur informel à l’économie vietnamienne, en comprenant bien évidemment les vendeurs sur le trottoir. Les résultats de cette enquête seront abondamment et largement partagés».
Étant l’un des organisateurs principaux du séminaire, l’IECD est un organisme français à but non lucratif soutenant la formation aux micro et petites entreprises, y compris les vendeurs mobiles. Pham Thi Khuê, vendeuse de fruits dans la mégalopole du Sud, a pu bénéficier des programmes mis en place par l’IECD. «Nous, les colporteurs, vivons au jour le jour car nos revenus sont trop faibles, seulement entre 3 à 5 millions de dôngs par mois. Et une grande partie d’entre nous ne sait pas gagner autrement leur vie, a-t-elle témoigné. J’ai eu la chance de pouvoir participer à un projet de formation commerciale grâce à l’IECD et à la société Bel (productrice entre autres du fromage La Vache qui rit, ndlr). Depuis, j’ai appris à épargner, et communiquer avec mes clients pour vendre plus efficacement».
Le secteur informel, pilier invisible de l’économie
Indéniablement, les commerces installés sur les trottoirs contribuent positivement à l’économie. Selon une étude de l’Organisation internationale du travail (OIT) publiée en 2014, l’économie informelle capte près d’un quart des emplois au Vietnam, faisant dès lors vivre de très nombreuses familles.
Cependant, la vente et la présence des colporteurs dans les rues affectent plus ou moins l’ordre et la sécurité notamment celle routière, et touchent à de nombreuses autres questions tout aussi sensibles. Jusqu’à présent, comment faire pour trouver un équilibre entre la gestion de l’ordre urbain et le maintien du commerce de rues ? Une question majeure pour de nombreuses villes.
Lors du séminaire, les représentants de la Chambre d’économie du 1er arrondissement ont fait savoir qu’ils menaient en ce moment des recherches, et qu’un projet-pilote de planification d’une «zone gastronomique» dédiée à la cuisine de rue était en cours d’élaboration. Dans sa première phase, ce dernier épaulera les habitants du quartier de Bên Nghé, de la rue Nguyên Van Chiêm et ceux autour du parc du quai de Bach Dang pour mettre en place 60 stands, ouverts quotidiennement de 06h00 à 08h00 et de 11h00 à 13h00. Il est annoncé que les conditions sur l’hygiène alimentaire et la sécurité seront strictes, les prix devront être affichés, et l’assainissement et l’ordre public garantis. Les vendeurs de rue participant à l’opération seront formés à la sécurité sanitaire des aliments, à la gestion des déchets et à diverses compétences de communication.
Une des solutions avancées pour améliorer le quotidien est l’implication de l’ensemble de l’écosystème gravitant autour des vendeurs de rue.
Selon Trân Công Bình, expert au service des programmes de coopération de l’UNICEF Vietnam, «pour mettre en œuvre des mesures efficaces, il faut l’implication de professionnels, et notamment de chercheurs, d’entreprises et de personnes impliquées dans le secteur des ventes. Ainsi, nous pourrons bien comprendre la situation et trouver des solutions appropriées».