>>Évaluation des impacts environnementaux dans le delta du Mékong
>>Le delta du Mékong, futur désastre ou terre d’opportunités ?
Dans le Parc national de Mui Cà Mau. |
Un lieu qui se prête à tous les superlatifs. Le delta du Mékong, le plus grand en Asie-Pacifique avec une superficie de quelque 40.000 km2, ravit aussi le titre du plus grand grenier à riz du pays. Une région qui se décline en une infinité de nuances vertes, étreinte par un réseau sans fin de rivières, canaux et autres cours d’eau, méritant bien son surnom de «Monde aquatique».
Selon l’Association du tourisme de la région, près de 25 millions de touristes se sont rendus dans le delta du Mékong en 2015, contre 13 millions en 2011, ce qui correspond à une augmentation annuelle de visiteurs de près de 12%. L’Association affirme que le chiffre d’affaires du tourisme connaît une croissance annuelle avoisinant les 16%.
Un écosystème riche et unique
Les voyageurs se sont ainsi laissés tenter par les excursions en bateau sur les arroyos ou par les marchés flottants et animés dès les premières heures de l’aube. Connu pour sa diversité, l’écosystème local reste l’argument numéro un pour attirer les visiteurs, offrant des ressources idéales pour le développement de l’écotourisme. Les nombreux parcs naturels, réserves ornithologiques et forêts marécageuses comblent les passionnés de la nature. Pour n’en citer que quelques-uns, il y a ceux de Mui Cà Mau, U Minh Thuong, ou encore de Tràm Chim (Parc des oiseaux). De plus, la zone compte quatre sites Ramsar sur les huit que compte le Vietnam, une appellation qui certifie l’importance écologique, botanique, zoologique ou hydrologique de la zone humide et qui nécessite sa préservation.
Aujourd’hui, le delta ne compte plus uniquement sur la beauté naturelle de ses sites. L’Association du tourisme du delta du Mékong a noté une amélioration sensible des infrastructures depuis les cinq dernières années, ce grâce au programme de liaison pour le développement touristique. Pour accueillir les visiteurs de plus en plus nombreux, des centres de villégiatures et des hôtels ont été construits récemment dans la région, à l’image du complexe de loisir Vinpearl Phu Quôc dans la province de Kiên Giang, la zone écotouristique internationale de Cà Mau ou encore l’imposant hôtel de luxe Muong Thanh dans la ville de Cân Tho.
Et ce ne serait qu’un début. Selon les autorités en charge du tourisme, des programmes de coopération sont en passe d’être aménagés, à l’image de celui entre les provinces de Cân Tho, An Giang, Kiên Giang, Cà Mau et Bac Liêu ou encore celui entre Long An, Tiên Giang, Bên Tre, Vinh Long et Trà Vinh. Hô Chi Minh-Ville n’étant pas très loin, il subsiste un nouveau potentiel pour créer un grand pôle touristique dans toute la région méridionale du pays.
Des investissements trop disparates
Des touristes sur l’ile de Phu Quôc, province de Kiên Giang. |
Photo : Thanh Vu/VNA |
Le vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, Vuong Duy Biên, a reconnu que le tourisme enregistrait un fort essor ces dernières années, mais que ce dernier n’a pas encore atteint tout son potentiel, entravé par plusieurs obstacles.
Il cite en premier lieu le manque d’attractivité des politiques d’investissement, plombées par des formalités complexes pour l’approbation des projets. Et c’est sans compter sur les possibi-lités plutôt limitées pour les aména-gements liés au tourisme vert.
Pour le vice-ministre du Plan et de l’Investissement, Nguyên Van Hiêu, les statistiques parlent d’elles-mêmes. À la fin de 2015, la région a enregistré 1.000 projets d’investissement direct étranger (IDE), soit un budget de 12 milliards de dollars, représentant 2,2% des fonds allouables au niveau national. Cependant, seuls 30 de ces projets sont liés au tourisme, pour un total de 200 millions de dollars.
Pour la période 2010-2015, le delta a attiré spécialement quatre projets bénéficiaires de l’aide publique pour le développement (APD), pour un montant total de 80,4 millions de dollars. Le vice-ministre regrette égale-ment le manque d’un projet général et commun pour toute la région. En effet, à l’heure actuelle, seules quelques provinces disparates ont pu bénéficier de nouvelles installations et aménagements.
Dans l’optique d’un développement durable du tourisme dans l’ensemble du delta du Mékong, Nguyên Van Hiêu préconise une augmentation des budgets liés aux infrastructures, ainsi que des fonds d’APD dédiés aux projets intégrant la question des changements climatiques. Il souhaite enfin une plus grande implication des organisations et des individus au développement touristique de la région.
Kiên Giang, capitale du tourisme en 2016 |